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Une diplômée donne à Concordia afin d’exercer un impact sur sa communauté de Kahnawake

« J’ai toujours attaché la plus grande importance à ma communauté », témoigne Melissa Montour
8 juin 2023
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Par Ian Harrison, B. Comm. 2001


Portrait d'une femme aux cheveux longs qui porte un top à imprimé animal Melissa Montour (B.A. 2016), donatrice de la Campagne pour Concordia

Si la dépouille d’un prêtre catholique a été exhumée l’été dernier du terrain d’une église de Kahnawake, au Québec – plus de deux décennies après que le présumé agresseur sexuel d’enfants y a été enterré sans le consentement de la communauté Mohawk –, c’est grâce au militantisme de personnes comme Melissa Montour, B.A. 2016.

La diplômée, donatrice de la Campagne pour Concordia et résidente de Kahnawake agit depuis longtemps comme personne-ressource et organisatrice juridique. Convaincue que la gouvernance de la réserve autochtone – située de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, sur la rive sud de Montréal – devrait se fonder sur les savoirs autochtones et les principes de la confédération iroquoise, Melissa Montour décrit sa formation universitaire comme un tremplin vers la crédibilité.

« J’ai toujours attaché la plus grande importance à ma communauté, témoigne-t-elle. Et je me suis toujours intéressée à la politique, car elle a une incidence sur tout. »

« Quand j’ai décidé de m’inscrire à Concordia, c’était parce que même si j’avais travaillé des années dans la communauté, j’avais besoin d’un diplôme. J’avais besoin de ce bout de papier qui prouve que j’ai ma place dans certaines sphères. »

« Chaque petit geste aide quand on étudie. »

En tant qu’étudiante de premier cycle et mère monoparentale d’un préadolescent, Melissa Montour a trouvé une seconde maison dans ce qu’on appelle maintenant le Centre étudiant Otsenhákta. Cette ressource est offerte sur le campus aux étudiantes et étudiants des Premières Nations, inuits et métis.

« Il y avait un conseiller aîné, Morning Star, qui était là quand on avait besoin de décharger sa colère, se souvient-elle. Juste une personne à qui parler et qui comprend les enjeux auxquels se heurtent souvent les Autochtones dans leurs programmes d’études quand il est question de notre histoire et de nos pratiques. »

Le soutien financier – elle a reçu la bourse de subsistance commémorative Laura-Tilson – lui a aussi été des plus bénéfiques.

Créée par un membre du personnel de longue date de Concordia, Cameron Tilson, B. Sc. 1982, et sa femme, Wendy Morse-Tilson, en hommage au deuxième enfant du couple qui est décédé en 1994, la bourse de subsistance s’est avérée un précieux encouragement, souligne Mme Montour.

« J’avais ma propre maison et je devais prendre soin de mon fils. Chaque petit geste aide quand on étudie et qu’on doit payer ses factures et nourrir son enfant. »

Les sacrifices que Melissa Montour a faits durant ses études à Concordia l’ont récemment motivée à redonner et à établir sa propre bourse de subsistance pour les étudiantes et étudiants autochtones monoparentaux. Par un heureux hasard, le premier boursier, également de Kahnawake, était le jeune frère de sa meilleure amie d’enfance.

À l’instar de sa bienfaitrice, Lawrence Montour (sans lien familial) espère utiliser sa formation pour servir sa communauté. Avec ses deux filles à la maison, âgées de 11 et 17 ans, il était reconnaissant de recevoir ce soutien supplémentaire.

« Ce n’est pas facile de suivre des cours en tant qu’étudiant adulte tout en cherchant du travail et en étant un bon père », témoigne l’étudiant de première année inscrit à une majeure en relations humaines et à une mineure en études sur les peuples autochtones. « Alors j’étais vraiment heureux de recevoir la bourse de subsistance – cela a changé ma vie. »

Lawrence Montour a également aimé l’éventail de services offerts au Centre étudiant Otsenhákta, où il a pu rencontrer d’autres Autochtones, ainsi que le programme d’éducation autochtone axé sur le territoire proposé par l’Université.

L’un de ses objectifs à long terme est d’ouvrir un centre de soutien familial à Kahnawake.

« Il y a beaucoup de traumatismes intergénérationnels dans notre communauté, et de nombreux problèmes économiques et sociaux à aborder, explique-t-il. Il serait bon aussi d’avoir de nouvelles installations sportives pour nos jeunes. J’aimerais dans un sens contribuer à tout cela. »

« Je suis fière de la façon dont nous nous sommes serré les coudes »

Inscrite actuellement à la maîtrise en sécurité publique avec une spécialisation en sécurité nationale à l’Université Wilfrid-Laurier, Melissa Montour dit maintenant puiser dans les compétences qu’elle a aiguisées à Concordia.

« Nous avions d’excellents professeurs qui nous ont montré comment réfléchir de façon critique et bâtir des contre-argumentaires solides, se rappelle-t-elle. Ce sont des compétences que j’ai aujourd’hui pleinement maîtrisées. »

« Le programme de l’Université Wilfrid-Laurier aborde assez souvent la sécurité nationale. Il existe des enjeux précis de sécurité publique quand on parle des communautés autochtones, et je tombe souvent sur des textes offensants. Je fais donc mon possible pour donner mon opinion en m’appuyant sur des sources valables, qui donnent un contexte approprié et expliquent les actes de résistance autochtone. »

Melissa Montour espère qu’un diplôme de deuxième cycle spécialisé lui permettra de légitimiser encore plus et de renforcer sa capacité à apporter des changements positifs à Kahnawake.

La douloureuse saga du père Léon Lajoie, prêtre susmentionné, la galvanise encore.

« Je suis fière de la façon dont nous nous sommes unis et serré les coudes. Ce n’était pas facile. Les victimes qui ont eu le courage de parler se sont fait culpabiliser publiquement. Des personnes ont transformé sa tombe en une sorte de lieu saint, ce qui était traumatisant. Quand nous avons gagné le plébiscite qui a décidé du sort de sa dépouille, il m’a fallu un peu de temps pour prendre la pleine mesure du résultat. Le processus avait été tellement long et difficile. Mais avec le recul, cela a été une immense victoire pour les victimes et un énorme pas en avant pour la guérison de notre communauté. »

« Lorsqu’est venu le moment d’aborder cette question avec les Jésuites du Canada, nous avons fait les choses selon nos enseignements traditionnels. Je tiens par ailleurs à reconnaître nos peuples qui vivent en accord avec Kaianerekowa – la constitution iroquoise – ainsi que la force et la résilience dont nos femmes ont fait preuve en ce qui concerne leurs responsabilités à l’égard de la terre. L’unité est la force et la clé de la liberté. »



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