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Mallory Lowe Mpoka, étudiante en photographie à Concordia, expose ses œuvres au Musée des beaux-arts de l’Ontario

L’artiste combine récits diasporiques et histoires personnelles dans l’exposition Re-Mixing African Photography présentée au Musée des beaux-arts de l’Ontario.
19 octobre 2023
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Photos : "Self-Portrait Project" (2020) et "The Matriarch (Alter-Egos)," par Mallory Lowe Mpoka, 2023. | © Mallory Lowe Mpoka.
Photos : "Self-Portrait Project" (2020) et "The Matriarch (Alter-Egos)," par Mallory Lowe Mpoka, 2023. | © Mallory Lowe Mpoka.

Mallory Lowe Mpoka, artiste pluridisciplinaire et étudiante au baccalauréat ès beaux-arts en photographie à l’Université Concordia, s’illustre lors d’une nouvelle exposition présentée au Musée des beaux-arts de l’Ontario (MBAO).

L’exposition intitulée Re-Mixing African Photography met en vedette les œuvres photographiques visionnaires de trois artistes africains contemporains : Kelani Abass, Abraham Oghobase et Mallory Lowe Mpoka. Ces artistes réimaginent la pratique de l’autoportrait en Afrique centrale et de l’Ouest, chacun imprégnant la tradition de son style distinctif.

Une perspective unique sur les identités multiples

Artiste queer originaire de Montréal, Mallory Lowe Mpoka a des racines camerounaises et belges. Travaillant tant dans la métropole québécoise qu’à Douala au Cameroun, elle fait le lien entre récits diasporiques et histoires personnelles par l’autoportrait. Ses photographies effacent les frontières géographiques et culturelles et mettent en lumière les facettes complexes de son identité.

Dans ses œuvres, l’artiste adopte une approche introspective et expérimentale qui suscite la réflexion. À l’aide de photographies familiales, de documents d’archives et de créations multimédias, elle invite le public à méditer sur l’identité, l’appartenance et la représentation.

« Je suis née à Montréal, mais j’ai beaucoup voyagé dans mon enfance : au Cameroun, où mon père a vu le jour, et en Belgique, d’où vient ma mère, indique-t-elle. Les albums de famille ont donc été très importants pour me forger une identité depuis que je suis toute petite. »

Mallory Lowe Mpoka s’est familiarisée avec la puissance des supports visuels et de la photographie dès sa tendre jeunesse, et a travaillé dans une chambre noire pour la première fois à l’âge de 15 ans. Elle mentionne que son exposition précoce aux albums de famille est à l’origine des liens étroits qu’elle entretient avec la photographie.

Plus tard, elle a commencé à explorer la signification des objets photographiques au sein des diasporas, le rôle que joue l’autoportrait dans le façonnement de l’identité ainsi que les cartes postales de l’époque coloniale.

« Au début de la pandémie, mon père m’a donné deux photographies de lui datant des années 1960, explique l’artiste. Cette époque était marquée par un vif désir de remodelage et de réappropriation de la représentation visuelle de l’Afrique, celle-ci ayant été fortement influencée par le colonialisme. »

« En 1960, 17 nations africaines avaient acquis leur indépendance, ajoute-t-elle. Dans les années qui ont suivi, on a vu naître partout sur le continent des studios de photo qui brossaient le portrait de cette liberté nouvellement acquise. Un grand nombre de photographes et pionniers comme Felicia Ansah Abban, Samuel Fosso, Malick Sidibé et Mama Casset ont immortalisé la vie et les gens qui les entouraient durant cette période de créativité et de développement rapide. »

« Les photographies en noir et blanc de l’époque montrent des arrière-plans théâtraux et d’autres éléments de mise en scène comme des personnes jouant avec des costumes et en quelque sorte avec l’identité. »

Les images de l’artiste n’invitent pas seulement à réfléchir sur son identité, mais aussi sur l’identité en général. Son travail comprend aussi bien des représentations présentes et passées que des représentations queers.

Elle note également l’absence de traces du travail des femmes dans les archives des œuvres des pionniers de la photographie africaine. C’est cette omission qui l’a amenée à tourner l’objectif vers elle-même, alors qu’elle était confinée dans sa chambre, pendant la pandémie.

Lorsque Julie Crooks, conservatrice du MBAO pour les arts de l’Afrique mondiale et de la diaspora, a pris contact avec elle, Mallory Lowe Mpoka a eu l'impression que tout tombait en place. Elle a appris qu’elle participerait à une exposition aux côtés de l’un des artistes qui représentent pour elle une source d’inspiration, à savoir son contemporain Abraham Onoriode Oghobase. Oghobase est un artiste visuel nigérian vivant à Toronto, dont elle avait déjà pu admirer le travail au Mali en 2022, lors de la Biennale africaine de la photographie (ou Rencontres de Bamako) à laquelle ils avaient tous deux participé.

Mallory Lowe Mpoka affirme être heureuse et honorée de faire partie d’un trio dont les œuvres « dialogueront les unes avec les autres » au musée. 

Explorer différents médiums et degrés de profondeur

Bien que son travail soit multidimensionnel et interdisciplinaire, l’artiste insiste sur le fait que la photographie donne l’impulsion initiale à chaque nouveau projet. Au fil des trois dernières années, elle a exploré une variété de techniques et supports, s’aventurant par exemple à teindre des tissus avec des pigments naturels et à expérimenter avec l’argile et la sérigraphie. L’artiste a notamment travaillé avec les textiles dans un cours donné par le professeur associé Aaron McIntosh du Département des arts plastiques.

« D’une certaine façon, cette expérimentation reflète la complexité de mon héritage. En utilisant de multiples couches de textures et de matériaux, je peux atteindre différents niveaux de profondeur », confie Mpoka.

Elle travaille en ce moment à une exposition solo, Unravelled Threads and Indigo Tales, où seront présentées des œuvres faisant appel aux textiles, au tissage traditionnel, à l’argile et à la photographie. Sa recherche se concentrera sur les relations historiques entre les tissus traditionnels d’Afrique teints à l’indigo et l’extraction et l’usage massifs de teintures à base d’indigo en Europe et en Amérique du 17e siècle au 19e siècle.

L’artiste se prépare aussi à une exposition de groupe organisée par Sarah Edo, laquelle comprendra une série d’œuvres en argile rouge explorant le thème des espaces liminaux et des forêts de mangrove d’un point de vue sociopolitique et écologique. L’exposition doit se tenir au Musée Gardiner, à Toronto, de janvier à mai 2024.

« Je suis très reconnaissante à Julie Crooks, Emilie Croning, conservatrice adjointe au service des arts de l’Afrique mondiale et de la diaspora au MBAO, ainsi qu’à toute l’équipe du MBAO pour la confiance qu’elles m’ont accordée et l’aide qu’elles m’ont apportée, déclare Mallory Lowe Mpoka. J’aimerais aussi remercier Farnosh Talee, fondatrice de la galerie The Next Contemporary. Ce sont elles qui ont rendu tout cela possible. »

Re-Mixing African Photography invite le public à faire un voyage immersif d’exploration de l’identité, de la culture et de l’histoire telles que perçues par trois artistes uniques. L’exposition se poursuit jusqu’au 7 janvier 2024 au Musée des beaux-arts de l’Ontario.


Apprenez-en plus sur le travail de Mallory Lowe Mpoka.

 



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