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Une chercheuse postdoctorale de l’Université Concordia lance un documentaire traitant de la misogynie sur Internet

« La cyberviolence visant les femmes engendre une peur qui les incite à se tenir à l’écart de l’espace public, » affirme Léa Clermont-Dion.
20 octobre 2022
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« Lorsqu’il anime une démarche d’éducation et de sensibilisation, l’espoir peut être d’une grande puissance », soutient Léa Clermont-Dion.
« Lorsqu’il anime une démarche d’éducation et de sensibilisation, l’espoir peut être d’une grande puissance », soutient Léa Clermont-Dion.

AVERTISSEMENT : Le présent article contient des références à la violence sexuelle.

« Envoyons des violeurs au domicile de Boldrini… pour qu’elle puisse ainsi retrouver le sourire. »

Cette déclaration est un exemple des dizaines de milliers de cybermenaces qu’a subies la politicienne Laura Boldrini, qui a occupé la fonction de présidente de la Chambre des députés d’Italie.

Mme Boldrini figure parmi les femmes en vue interviewées dans Je vous salue salope : La misogynie au temps du numérique, le nouveau documentaire de Léa Clermont-Dion, chercheuse postdoctorale à l’Université Concordia. Réalisé et coscénarisé par Guylaine Maroist, Je vous salue salope examine sobrement l’omniprésence de la misogynie et de la haine sur Internet – un phénomène qui touche les femmes aux quatre coins du monde.

Pour Léa Clermont-Dion, la genèse de Je vous salue salope a des racines liées à sa personne, à sa profession et à ses études.

Défenseure de la diversité corporelle, auteure, animatrice radio, baladodiffuseuse et cinéaste de renom, elle a fait l’objet de nombreuses cybermenaces violentes dans la dernière décennie. C’est d’ailleurs ce qui l’a conduite à explorer plus avant la cyberviolence dans le cadre de son doctorat en science politique à l’Université Laval.

« Les effets cumulatifs de la cyberviolence visant les femmes engendrent une peur qui les incite à se tenir à l’écart de l’espace public, affirme Léa Clermont-Dion. Le nombre considérable de propos misogynes tenus sur Internet banalise le discours haineux et impose sa propre forme de censure. »

« Alors que j’achevais ma thèse doctorale et la production de Je vous salue salope, je ne pouvais que constater la grande noirceur qui entoure cette question », indique-t-elle.

Apercevoir la lumière au bout du noir tunnel de la haine

De bien des façons, c’est ce désespoir intime provoqué par l’expérience et l’étude de la cyberviolence qui a conduit Léa Clermont-Dumont à l’Université Concordia.

Elle connaissait déjà Vivek Venkatesh, professeur en pratiques inclusives en arts visuels au Département d’éducation artistique de la Faculté des beaux-arts et cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. De plus, elle aimait l’initiative Paysage de l’espoir mise en œuvre par le Pr Venkatesh. Axée sur les arts numériques et menée par des jeunes, celle-ci autonomise ces derniers en les dotant des outils nécessaires à la conception de performances multimédias décrivant leurs expériences de la haine, de la discrimination et de l’intimidation en ligne.

« J’ai rencontré le Pr Venkatesh il y a plusieurs années, explique-t-elle. J’ai toujours admiré la nature préventive, sans pareille, de son travail. Lorsqu’il anime une démarche d’éducation et de sensibilisation, l’espoir être d’une grande puissance et fournir des solutions potentielles aux problèmes que vivent tellement de gens aujourd’hui. »

Dans le cadre de ses études postdoctorales, Léa Clermont-Dion travaille à un balado intitulé Je t’écoute qui s’appuie sur ses recherches antérieures sur la cyberhaine et son impact sur les femmes. Il aborde aussi l’enjeu que représentent les réseaux sociaux en tant qu’espace d’autonomisation des jeunes.

« L’expertise de Léa Clermont-Dion en matière de violence genrée a fourni à l’équipe du projet Paysage de l’espoir une occasion unique de s’instruire auprès d’elle et du vaste réseau qu’elle mobilise non seulement au Canada, mais dans le monde entier, souligne le Pr Venkatesh. Nous sommes très fiers de lui apporter notre soutien en contribuant à son matériel révolutionnaire sur le plan de l’engagement social. »

« Nous voulons susciter une empathie qui se transformera en actes concrets. »

L’éducation est aussi un élément clé de la mise en marché du documentaire.

« L’un des objectifs de Je vous salue salope est de montrer au public la peur réelle qu’inspire aux femmes la cyberviolence, déclare Léa Clermont-Dion. Nous voulons susciter une empathie qui se transformera en actes concrets. »

Au Québec, Je vous salue salope sera présenté dans les écoles secondaires. Un guide pédagogique connexe propose une série de questions sensibles conçues à l’intention du personnel enseignant et propices à l’amorce d’importantes discussions sur cet enjeu de même que des capsules vidéo informatives destinées aux élèves. Par exemple, les jeunes pourront s’informer sur des mesures concrètes de prévention de la cyberhaine ou encore sur les possibilités offertes aux victimes de ce type de crime.

Léa Clermont-Dion espère que cette approche éducative touchera également les membres de la classe politique et des forces policières, de sorte que des lois et des mesures soient adoptées afin de mieux protéger les gens. « Il est impossible de s’attaquer individuellement à ce type de comportement haineux, estime-t-elle. Il nous faut des lois plus strictes. »

Pour cette mère de deux jeunes enfants, la construction d’un cyberavenir plus sécuritaire revêt un aspect personnel.

« Je sais qu’au cours de leur vie, mes enfants seront témoins de manifestations de haine et de violence plus ou moins intenses... mais je sais aussi que nous pouvons faire mieux », conclut-elle.


Apprenez-en plus sur le
Centre d’études sur l’apprentissage et la performance de l’Université Concordia.

Renseigner sur Je vous salue salope : La misogynie au temps du numérique, ou pour savoir où voir le film.

 



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