Gregory Lavers (1974-2025) : « Il s’est pris de passion pour la philosophie pendant ses études de premier cycle à l’Université Concordia et excellait dans cette discipline. »

Gregory Lavers (B.A. 1998), professeur de philosophie à l’Université Concordia, est décédé à Montréal le 10 mai dernier à la suite d’un cancer. Il avait 50 ans.
Très admiré et aimé de ses étudiantes et étudiants, le Pr Lavers s’est forgé une réputation unique en raison de sa curiosité intellectuelle hors du commun et de son goût pour l’absurde et l’inattendu.
Le Pr Lavers a fait ses études de premier cycle en philosophie à Concordia avant de poursuivre ses études supérieures à l’Université Western Ontario (aujourd’hui appelée Université Western), où il a obtenu une maîtrise et un doctorat en philosophie. En 2005, il revient à Concordia à titre de professeur au Département de philosophie, qu’il chapeautera à deux reprises à titre de directeur intérimaire.
Membre actif du corps professoral, le Pr Lavers centrait son enseignement et ses recherches sur des questions situées à la croisée de l’histoire de la philosophie analytique, de la philosophie du langage et de la philosophie des mathématiques.
Ses plus récents travaux, qui portaient sur la relation entre l’analyse philosophique et la définition des axiomes mathématiques, visaient à mieux comprendre la place particulière qu’occupent les mathématiques dans le monde des sciences. Une grande partie de ses recherches sur le sujet était consacrée aux philosophes Gottlob Frege et Rudolf Carnap.
Dans son récent ouvrage intitulé Mathematics Is (mostly) Analytic (2025), publié dans le cadre de la série Cambridge Elements in Philosophy of Mathematics, le Pr Lavers défend ardemment le point de vue de Carnap contre celui de Willard Van Orman Quine.
Le chercheur a contribué à de nombreux autres articles, chapitres de livres et articles encyclopédiques. Stewart Shapiro, coéditeur du livre de la série Cambridge Elements, a écrit que sa disparition représentait « une grande perte pour le monde universitaire ».
Le Pr Lavers était membre du Groupe de recherche interuniversitaire de Montréal en histoire et en philosophie de la logique et des mathématiques, financé par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), et bénéficiait d’une subvention du FRQSC pour son propre projet de recherche.
Un monocycliste unique en son genre
« Le Pr Lavers était un chercheur et un enseignant très estimé, connu pour sa générosité discrète envers ses étudiants et ses collègues », se souvient le professeur David Morris, directeur du Département de philosophie.
« Il s’est pris de passion pour la philosophie pendant ses études de premier cycle à Concordia, et excellait dans cette discipline, remportant la médaille W.-R.-Fraser en philosophie en 1998, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat à l’Université Western Ontario, ajoute le Pr Morris. Il s’est spécialisé dans l’histoire de la philosophie analytique et était réputé pour sa rigueur historique. Il est notamment connu pour avoir sorti un livre de Gottlob Frege – en allemand – de son sac lors d’une conférence afin de corriger une affirmation erronée. »
Il souligne d’ailleurs que les étudiantes et étudiants du Pr Lavers appréciaient son dévouement à l’enseignement, et plus particulièrement une petite excentricité qui lui était propre. « Les étudiants se souviennent de lui comme d’un enseignant passionné de logique formelle, un sujet complexe qu’il rendait accessible en insistant sur l’importance de la pratique. Pour illustrer cette idée, il donnait ses cours tout en pédalant avec aisance sur son monocycle », relate le Pr Morris.
« Son amour de la logique l’a également amené à mettre sur pied le cours en ligne PHIL 210 – Critical Thinking (« pensée critique »), auquel participent environ un millier d’étudiants chaque année. Il aimait aussi faire du vélo, cuisiner et faire grande impression dans ses costumes faits sur mesure. »
Le Pr Morris raconte qu’après ses études à l’Université Western, le Pr Lavers se réjouissait à l’idée de revenir à Concordia, dont l’année de fondation coïncide d’ailleurs avec son année de naissance. « Le Pr Lavers était ravi de renouer avec sa ville natale et son alma mater en 2005 », se souvient-il.
« Lors des célébrations du 50e anniversaire de Concordia, il a fièrement souligné qu’il avait aussi 50 ans », ajoute le Pr Morris.
« Nous ressentons une profonde tristesse, mais aussi une immense gratitude pour sa contribution au département, et ses collègues continueront d’honorer sa mémoire au-delà de son 50e anniversaire. »