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Étudiant en beaux-arts à Concordia, Jason Sikoak rend hommage aux survivantes et survivants des pensionnats en concevant une médaille pour la vérité et la réconciliation

Cette pièce commémorative est le résultat d’une collaboration entre artistes métis, inuits, et des Premières Nations
30 septembre 2022
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Un homme barbu debout à côté de la représentation sculpturale d'une pièce d'argent Jason Sikoak, debout à côté de la Médaille-souvenir pour la vérité et la réconciliation qu’il a aidé à concevoir.

Pour un artiste, c’est une réalisation majeure de voir son travail représenté sur une pièce de monnaie canadienne, ne serait-ce qu’une seule fois au cours de sa carrière… Mais deux fois? C’est l’exploit qu’a réussi Jason Sikoak, étudiant de quatrième année en histoire de l’art et en arts plastiques à l’Université Concordia.

Jason Sikoak (Inuk) est originaire de la communauté inuite de Rigolet, établie à Nunatsiavut, au Labrador. Il était à Winnipeg, la semaine dernière, afin d’assister à la cérémonie de dévoilement officielle de la médaille-souvenir en compagnie de Leticia Spence (Premières Nations) et de JD Hawk (Métis), qui ont collaboré avec lui à la conception de la pièce.

La médaille a été créée en hommage aux personnes survivantes et aux victimes des pensionnats autochtones. Elle vise à s’assurer que la population canadienne n’oublie jamais les quelque 150 000 enfants inuits, métis et des Premières Nations qui ont été arrachés de leur famille et emmenés de force dans des externats et des pensionnats partout au pays.

« C’est pour moi un grand honneur de faire partie de cette initiative », affirme M. Sikoak. « De pouvoir tenir cette médaille dans mes mains après de si longues heures de travail en collaboration avec autant de gens, cela me semble presque irréel! »

L’une des faces de la médaille contient la déclaration « Chaque enfant compte », en français et en anglais. Au centre de la médaille, des empreintes de mains orange se déploient comme un soleil, source vitale de lumière et de chaleur. À gauche et à droite du motif central, des traces de pas représentent les ancêtres marchant aux côtés des jeunes générations.

À l’avant-plan : la préservation du patrimoine cultureln

Au revers, les droits, la culture et les enseignements des Premières Nations sont représentés par une fleur d’épilobe à feuilles étroites et des symboles d’eau. À gauche, un motif triangulaire rappelle les ornements d’un parflèche (sac en cuir brut).

La Nation métisse est représentée par l’écharpe métisse, une fleur perlée et le bison. À gauche, le symbole de l’infini représente l’alliance de deux cultures, celles des Premières Nations et des Européens.

Le point de vue des Inuits est représenté par un tatouage linéaire traditionnel, un ulu (couperet incurvé traditionnel) et une aurore boréale. Au premier plan, un frère et une sœur – représentant les enfants envoyés dans les externats et les pensionnats – bravent les défis devant eux.

Lors d’une entrevue à APTN (Aboriginal Peoples Television Network), M. Sikoak a fait cette remarque à propos de son travail sur le motif des deux enfants : « J’ai choisi de les représenter sans visage afin que tout Inuit qui regarde la médaille puisse s’imaginer les traits de membres de sa famille. »

C’est un dur rappel des marques laissées par le système des pensionnats, non seulement des blessures du passé, mais de la douleur qu’éprouvent encore aujourd’hui beaucoup de membres des communautés autochtones.

« Un récit très important »

Le travail qu’a effectué Jason Sijoak sur une première pièce de monnaie il y a environ un an évoquait des thèmes similaires de préservation du patrimoine culturel. La pièce en question représente une déesse de la mer dont le nom – dans ce cas-ci Nuliajuk – varie selon les quatre régions inuites du Canada. Des représentants de la Monnaie royale canadienne avaient invité M. Sijoak à participer à un concours de conception d’une pièce en argent – et c’est sa proposition qui a été retenue. Dans une entrevue accordée à l’époque au journal Nunatsiaq du Nunavut et du Nunavik, l’artiste parle de ses motivations :

« La légende de Nuliajuk occupe une place très importante dans ma démarche visant à me réapproprier mon patrimoine culturel. »

Au nombre de ses projets, M. Sikoak souhaite ouvrir un studio destiné aux jeunes artistes qui ne se sont pas encore bâti un portfolio. Compte tenu de la reconnaissance qu’il a acquise en une si courte période, il y a fort à parier que de jeunes talents émergents pourraient grandement profiter des conseils d’un mentor aussi estimé.


Il est possible de faire l’achat de la Médaille-souvenir pour la vérité et la réconciliation par l’entremise de la Monnaie royale canadienne. La totalité du profit des ventes de la médaille sera versée au Fonds de soutien communautaire Na-mi-quai-ni-mak. Établi par le Centre national pour la vérité et la réconciliation, ce fonds aide les personnes survivantes et leur communauté à mener des activités de guérison et de commémoration.

 



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