Skip to main content

Un professeur de Concordia réagit au confinement en créant des presses à gravure portables pour les étudiants et les artistes

Mitch Mitchell a également lancé un programme d’apprentissage et espère offrir un nouveau cours d’un an pour partager ses connaissances
14 juin 2021
|
Par Mitch Mitchell


Mitch Mitchell : « Je voulais découvrir s’il existait une façon plus efficace et économique de produire des presses à gravure de table pour nos étudiants pendant que l’Université était en confinement. »

Mitch Mitchell est artiste interdisciplinaire et professeur agrégé en médias d’impression au Département des arts plastiques.

Au début de la pandémie de COVID-19 l’an dernier, lorsque les universités sont entrées en confinement, j’ai commencé à fabriquer à la main des presses à gravure à l’intention des artistes de Concordia et d’ailleurs.

Pourquoi? En tant qu’éducateurs, nous étions incapables d’enseigner efficacement les pratiques de gravure. Les étudiants ont été catapultés dans un monde où ils devraient procéder à des impressions à la maison, dans leur cuisine, leur salle de bain ou leur chambre à coucher, avec pour seuls outils leurs mains et leurs pieds pour transférer des images sur le papier.

La lithographie et la gravure en creux sont les plus difficiles à réaliser sans presse, tandis que le relief et la sérigraphie sont les techniques qui s’adaptent le mieux à l’impression à domicile. À la fin du trimestre d’hiver 2020, les étudiants et les enseignants étaient épuisés – et le sont toujours –, mais nous avons continué.

Plus économique, petite et efficace

L’idée a germé lorsque je me suis joint par courriel aux enseignants d’autres établissements pour créer un groupe de recherche que nous avons simplement appelé GraphicThinkTank. Nous nous sommes demandé quel était l’avenir de la gravure sans un espace communautaire partagé. Mises à part les considérations artistiques, il est ressorti de ces conversations que le problème principal résidait dans l’impossibilité d’accéder à des presses, aux notions fondamentales et à la connaissance physique de l’outil de base dans les ateliers d’impression.

Par curiosité, et un peu par crainte de l’année qui nous attendait avec l’apprentissage par Zoom, j’ai suggéré de fabriquer de petites presses portables à l’intention des étudiantes et étudiants. Malgré les difficultés pratiques causées par le manque d’outils ainsi que mon absence de préparation préalable, de connaissances en ingénierie, en usinage technique et des fonctions, j’ai décidé d’essayer.

À ce moment-là, je n’étais pas entièrement concentré sur mes propres travaux, en sachant ce qui se passait ailleurs dans le monde. Les membres du corps professoral et les étudiants m’envoyaient par courriel des questions sur la possibilité de faire de l’imprimerie ailleurs quand dans un atelier local. J’ai orienté mes recherches et puisé dans mes connaissances historiques de la gravure, de l’impression et du génie mécanique ainsi que dans mon expérience en usinage manuel et dans le travail du bois pour concevoir un modèle de presse qui résoudrait les trois principaux problèmes des presses modernes : elles sont grosses, lourdes et chères à expédier, leur fabrication est exigeante et elles sont extrêmement coûteuses.

J’en entrepris de repenser entièrement le modèle de la presse dans mon studio, avec la tour à métaux de mon grand-père que j’ai fait venir de Chicago. Le résultat est une presse beaucoup plus économique, petite, légère, efficace et facile à construire que les modèles commerciaux. C’est également la seule au Canada à posséder ces caractéristiques.

Maddi Berger et Alex Chu.

« J’ai été stupéfait du niveau d’intérêt »

J’ai lancé le projet pour réorienter mon travail en studio et essayer d’oublier le monde irréel dans lequel nous vivions à ce moment-là. Je voulais découvrir s’il existait une façon plus efficace et économique de produire des presses à gravure de table pour nos étudiants pendant que l’Université était en confinement.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, et grâce à nos efforts, les choses ont vraiment changé dans la communauté artistique canadienne. Ce qui a commencé par quelques publications à propos du projet sur Instagram a suscité un fort niveau d’intérêt. Honnêtement, j’ai été stupéfait par l’enthousiasme pour mes presses au Canada et ailleurs dans le monde ainsi que par les ventes réalisées.

C’est pourquoi j’ai élargi la portée du projet et décidé de donner une presse à une communauté créative dans le besoin pour chaque 10 presses vendues. Je suis heureux de dire que je suis déjà en train de fabriquer quatre presses pour des dons futurs.

J’ai aussi conçu une autre presse qui peut être « imprimée » par chaîne de courriels par tout établissement possédant une tour et une machine à commande numérique par ordinateur. Ainsi, n’importe quelle université ou communauté d’impression pourra lancer sa production immédiatement à une fraction du prix.

Et ensuite?

Plus récemment, j’ai mis sur pied un programme d’apprentissage rémunéré à l’intention des étudiantes et étudiants en médias d’impression qui ont perdu leur emploi pendant la pandémie. En plus de leur offrir un emploi durable jusqu’à ce que d’autres occasions se présentent, cette initiative leur enseigne le processus de fabrication d’une presse à l’aide de procédés d’outillage, des connaissances que j’ai acquises pendant mon adolescence et que j’utilise chaque jour dans mon studio et dans le cadre de mon enseignement.

Jusqu’à présent, les étudiants sont ravis d’apprendre la planification, les techniques et l’histoire des procédés d’usinage manuel. Ce programme d’apprentissage est ouvert à tous, quels que soient leurs antécédents techniques, leur niveau de connaissances et leurs compétences. Je suis très heureux d’accueillir Maddi Berger, étudiante au baccalauréat ès beaux-arts en gravure, et Alex Chu, finissant du même programme, comme deux premiers stagiaires.

Grâce à la publication des vidéos sur les procédés sur Instagram, les étudiants ont très vite souhaité en apprendre plus. Depuis longtemps, je voulais créer un cours d’un an de six crédits en collaboration avec le programme en médias d’impression et l’atelier de fabrication du métal du pavillon EV. Je rêve qu’au premier trimestre, les étudiants fabriquent tous les outils et leur propre presse à gravure et qu’au deuxième trimestre, ils utilisent uniquement ce matériel pour créer leur art. Plus de 30 étudiantes et étudiants aimeraient s’inscrire à cette classe de projets spéciaux si nous pouvons l’intégrer au programme et le faire approuver.

En résumé, il s’agit d’un processus extrêmement enthousiasmant et épuisant qui est né pendant une période surréaliste.


Suivez
Mitchell Press Works sur Instagram et apprenez-en plus sur le Département des arts plastiques de Concordia.

 



Retour en haut de page

© Université Concordia