Nichola Dyer contribue au changement durable à l’échelle mondiale grâce à un usage novateur des algues

Nichola Dyer, B.A. 1985, a acquis une vision globale en matière de durabilité et de développement économique, forgée au fil de décennies de travail à fort impact dans le monde entier.
Née en Angleterre et élevée sur la Rive-Sud de Montréal après avoir immigré au Canada à l’âge de six ans, Nichola Dyer a fait partie de la première cohorte étudiante du programme coop en économie de Concordia.
Titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de l’Illinois Urbana-Champaign, elle est fondatrice et chef de la direction de la société NJDyer Global Advisory et conseillère principale auprès de la Global Seaweed Coalition – deux rôles qui reflètent son engagement en faveur d’un progrès inclusif et durable.
Résidente de Washington, D.C., Nichola Dyer a passé 26 ans à la Banque mondiale, où elle a dirigé des projets portant sur le développement économique, l’équité et l’éthique. Elle a notamment géré le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, doté d’un budget de 1,5 milliard de dollars, a été à l’origine du premier engagement opérationnel de la Banque en matière d’intégration des personnes en situation de handicap dans les Balkans occidentaux, a mis en place un mécanisme interne de conseil sur les conflits d’intérêts au sein de l’institution et a établi le bureau de la Banque mondiale au Gabon.
Son travail continue d’avoir des retombées majeures. Elle préside un programme de bourses d’études pour les femmes des pays du Sud, siège au conseil d’administration d’une compagnie théâtrale et, en tant que membre du conseil d’administration de l’Association des diplômés de l’Université Concordia, a mis sur pied une équipe chargée d’appliquer le principe d’équité, diversité et inclusion.
Nichola Dyer a également apporté un généreux soutien aux étudiantes et étudiants de Concordia, notamment en faisant un don de 25 000 $ en 2024 pour rehausser la bourse d’études qu’elle avait préalablement créée pour les étudiants du programme coop du Département des sciences économiques, ce qui a porté le total de sa contribution à 64 000 $.
En juillet dernier, elle a animé des activités de haut niveau à la Conférence des Nations Unies sur l’océan qui s’est tenue à Nice, en France – dont une dans la zone bleue, où se réunissent les États membres des Nations Unies – afin de mobiliser les pays et les aider à exploiter le potentiel des algues, en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable.
En 2026, elle participera à une expédition scientifique en Antarctique composée uniquement de femmes, dans le cadre de laquelle elle contribuera à l’élaboration des politiques, jouera un rôle de leadership et prendra part aux communications, dans le but de faire le lien entre la recherche sur le terrain et les politiques environnementales à l’échelle mondiale.
« Trop souvent, dans le domaine du développement mondial, nous nous appuyons sur notre jargon ou acceptons des solutions imposées, observe Nichola Dyer. J’ai appris à écouter d’abord, à communiquer clairement et à me concentrer sur les domaines où nous pouvons apporter les changements les plus déterminants, en particulier dans les marges, où même un soutien modeste peut avoir d’importantes répercussions. »
Pourquoi les algues sont-elles importantes pour l’avenir de nos océans et de la planète?
Nichola Dyer : Les algues sont largement sous-estimées en dépit de leurs nombreux avantages. Sur le plan nutritionnel, elles sont riches en protéines, en minéraux, en vitamines – dont la B12, importante pour les personnes végétaliennes – ainsi qu’en oméga-3. Pourtant, elles sont méconnues dans la plupart des pays occidentaux.
Elles ont également une valeur sur le plan de l’action climatique. Lorsqu’elles sont ajoutées de manière appropriée à l’alimentation du bétail, elles peuvent contribuer à la réduction des émissions de méthane, ce qui est essentiel puisque l’agriculture est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. En tant que biostimulant ou additif aux engrais, elles peuvent également améliorer la santé des sols.
Dans les océans, les algues absorbent le dioxyde de carbone, désacidifient et réoxygènent l’eau et restaurent la biodiversité. Elles constituent également une matière première dans la fabrication de plastiques biodégradables, de textiles durables et de produits pharmaceutiques. Tout cela en fait un allié puissant – quoique méconnu – pour favoriser la santé du climat et des océans.
Qu’est-ce qui vous a attirée vers le développement international et la Banque mondiale? Qu’est-ce qui vous a plu dans ce travail?
ND : Au départ, je n’avais pas de formation en développement international. C’est ma vie personnelle qui m’a conduite vers ce domaine : j’ai épousé une personne originaire d’Afrique. Après mes études supérieures, je me suis jointe au groupe d’économie politique de KPMG, mais j’ai réalisé que je voulais faire quelque chose qui serait moins axé sur le profit. Mon mari de l’époque m’a encouragée à poser ma candidature à la Banque mondiale.
J’ai commencé à travailler dans le cadre du programme des jeunes professionnels de la banque. Mon premier poste permanent a été celui d’économiste régionale pour le Gabon. Après deux visites dans ce pays, j’ai recommandé qu’une présence permanente y soit assurée. La haute direction a accepté, et ce qui devait être une courte affectation s’est prolongé pendant plus de quatre ans.
Le Gabon était suffisamment petit pour que je puisse constater les résultats de mon travail. Cette expérience m’a confortée dans l’idée qu’un véritable développement ne se produit que lorsque les pays prennent leurs propres décisions.
Comment vos études à Concordia ont-elles façonné votre parcours?
ND : Concordia m’a ouvert des portes et encouragée. Le programme coop m’a permis d’acquérir une précieuse expérience professionnelle. J’ai également occupé des emplois à temps partiel consistant à taper des travaux universitaires et animé une émission de radio sur le campus. Ces deux activités m’ont aidée financièrement et ont stimulé ma créativité. Un professeur qui était mon conseiller pédagogique et qui est devenu par la suite un mentor proche, m’a vivement encouragée à envisager des études supérieures. Ce tournant a changé ma vie.
Qu’est-ce qui vous a inspirée à redonner à Concordia en faisant un don?
ND : Lorsque j’ai commencé mes études supérieures à l’Université de l’Illinois, en 1985, j’ai constaté un contraste frappant entre le financement de cette université et celui de Concordia qui, à l’époque, faisait une collecte de fonds pour sa bibliothèque. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de redonner à Concordia dès que je le pourrais. Au début des années 2000, j’ai contribué à un fonds de dotation que mon ancien conseiller pédagogique avait établi avant son décès. Plus tard, j’ai créé mon propre fonds pour soutenir les étudiants du programme coop en économie – qui, comme moi, obtenaient de bons résultats scolaires mais devaient cumuler plusieurs emplois pour poursuivre leurs études.
J’ai toujours trouvé important de donner en retour, surtout lorsque cela permet d’aider les populations qui vivent dans les marges. Au moment où que je me préparais à prendre ma retraite de la Banque mondiale, j’ai commencé à collaborer avec le corps professoral de Concordia, d’abord surtout avec le Département des sciences économiques, puis j’ai élargi mon engagement aux biologistes de Concordia qui s’intéressaient aux algues. Pendant la pandémie, je me suis également impliquée dans l’Association des diplômés de l’Université Concordia. Je crois qu’il me faut poursuivre mon implication auprès de mon alma mater dans des domaines où je peux apporter des changements positifs.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaiteraient suivre vos traces?
ND : Assurez-vous d’acquérir de solides compétences en matière d’analyse et de réflexion critique – elles sont essentielles. Apprenez à écrire clairement. Si vous n’êtes pas sûr de vous, suivez un cours. Les textes vagues ou peu clairs font perdre un temps immense.
Obtenez une précieuse expérience de travail grâce à des stages coopératifs. Ces stages aident à comprendre quel type de travail vous convient le mieux, et vous permettent d’accroître vos compétences en communication et votre professionnalisme.
Soyez également honnête avec vous-même sur ce qui vous motive. Certaines personnes adorent la recherche, tandis que d’autres, comme moi, s’épanouissent dans la politique et les récits. Apprenez à connaître vos points forts, et exploitez-les.
Enfin, intégrez les arts à votre travail. La pensée créative aide à remettre en question les idées reçues. C’est une aptitude inestimable, en particulier dans des domaines comme l’économie et le développement.