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La production théâtrale Blackout revisite l’incident du centre informatique, 50 ans plus tard

DU 30 JANVIER AU 10 FÉVRIER 2019, des diplômés de Concordia transposeront à la scène cette manifestation déterminante
29 janvier 2019
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Mathieu Murphy-Perron : « Un moment crucial de l’histoire qui mérite d’être entendu, rappelé à la mémoire et honoré. » | Photos : Jaclyn Turner
Mathieu Murphy-Perron : « Un moment crucial de l’histoire qui mérite d’être entendu, rappelé à la mémoire et honoré. » | Photos : Jaclyn Turner

Pour la toute première fois, des diplômés de Concordia ont entrepris de transposer à la scène un grand tournant de l’histoire de l’Université dans le cadre d’une nouvelle production théâtrale. Blackout: the Concordia Computer Riots (« black-out : les émeutes du centre informatique de Concordia ») fait le récit d’un des moments les plus déterminants en matière de relations raciales au Canada – et la pièce sera présentée dans l’édifice même où la manifestation a eu lieu à l’origine, il y a 50 ans.

« Même si j’ai étudié à Concordia, j’en savais très peu sur ces événements », admet Michelle Rambharose (B. Bx-arts 2016), collaboratrice à la rédaction et comédienne faisant partie de la distribution.

« Plus j’en apprenais sur le sujet, plus je ressentais au fond de moi un lien qui m’unissait au récit. Les thèmes abordés dans la pièce font partie intégrante de ma personne – je suis Montréalaise, Canadienne de première génération, d’origine antillaise et anglophone. »

L’incident s’est produit à la Sir George Williams University – l’un des établissements fondateurs de Concordia – à l’hiver 1969, à la suite d’accusations de racisme portées par six étudiants d’origine antillaise contre leur professeur.

Des étudiants ont occupé les laboratoires d’informatique situés au neuvième étage du pavillon Henry‑F.‑Hall pour dénoncer les pratiques discriminatoires de l’Université et l’incapacité de l’établissement à faire face à la situation. Ce qui avait commencé par une manifestation sur le tas a culminé en un incendie criminel entraînant des dommages de l’ordre de deux millions de dollars et 97 arrestations.

Une des plus importantes manifestations étudiantes de l’histoire canadienne à l’époque, l’incident a créé, en matière de militantisme étudiant à l’Université, un précédent qui vaudra pour les années subséquentes.

Un récit ancré dans l’espace

La pièce Blackout est mise en scène et produite par Mathieu Murphy-Perron, diplômé en théâtre (B. Bx-arts 2008).

« Durant mes études à Concordia, j’étais très impliqué dans les affaires étudiantes. L’héritage de la manifestation du centre informatique s’est imprégné très tôt dans mes gènes », se souvient-il.

Il y a quatorze ans, Mathieu Murphy-Perron a cofondé la compagnie de théâtre montréalaise Tableau d’Hôte, qui assure la mise en scène de Blackout. Il a vu, dans le 50e anniversaire de l’incident, une occasion formidable de transposer à la scène ce moment historique.

« Nous avons décidé d’axer notre pratique du théâtre sur des récits qui reposent sur des gens, des lieux et des moments ancrés dans l’histoire des nations qui forment ce que nous appelons le Canada », explique Mathieu Murphy-Perron. Ce dernier a abordé Michelle Rambharose et d’autres artistes en décembre 2017. L’idée de la pièce a pris forme au fil d’une série d’ateliers d’écriture auxquels a participé un groupe élargi de créateurs.

Membre de la distribution de Blackout, la comédienne Sophie-Thérèse Stone-Richards (B. Bx‑arts 2018) nourrit également un attachement au projet. Cette jeune diplômée, porte‑parole de la cohorte de 2018 de Concordia, a eu l’impression d’un grand cercle qui se boucle : « le fait que cette pièce marque le 50e anniversaire de l’incident, que je suis diplômée de Concordia, que je suis moi-même d’origine antillaise... Pouvoir faire partie de cette histoire est un grand privilège. »

Dans son œuvre, Mathieu Murphy-Perron reconnaît la signification des lieux de plus d’une manière. Six membres de la distribution et de l’équipe de production sont des diplômés ou des étudiants actuels de Concordia.

« C’était très important pour moi que des étudiants et de récents diplômés de l’Université fassent partie de l’aventure, précise-t-il. Je tenais à avoir une diversité d’expérience sur scène. »

Un processus qui reflète le produit

Sa démarche de création collaborative permet à tous les membres de la distribution et de la production d’explorer leur relation à l’espace et au récit dans un environnement réceptif.

« J’en suis venu à reconnaître que, s’il y a des idées sur la table, je suis prêt à les entendre et à ce qu’on remette les miennes en question pour en arriver ensemble à un consensus et aller de l’avant », indique Mathieu Murphy-Perron.

Il est rare de voir une collaboration de cette nature dans le courant dominant du théâtre, fait remarquer Michelle Rambharose.

« En fait, c’était essentiel pour qu’un tel projet – axé sur le récit et la collaboration – puisse se réaliser. Ce qui est remarquable dans ce processus, c’est qu’on tente de refléter le produit, d’une certaine façon. »

Pour Mathieu Murphy-Perron, le théâtre est l’environnement parfait pour renouer avec l’histoire de cette manifestation.

« Cela ne s’est jamais vu sur une scène montréalaise. Nous revisitons un moment crucial de l’histoire qui mérite d’être entendu, rappelé à la mémoire et honoré. »


La première de
Blackout: the Concordia Computer Riots aura lieu le 30 janvier 2019, au théâtre D.‑B.‑Clarke (1455, boulevard De Maisonneuve Ouest), sur le campus Sir-George-Williams de l’Université Concordia. La pièce est présentée jusqu’au 10 février 2019.

 



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