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Une artiste en résidence apporte la magie du cirque à une production théâtrale

Shana Carroll met en scène des étudiantes et étudiants de Concordia dans Till Human Voices Wake Us.
17 novembre 2023
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Shana Carroll, artiste en résidence au sein du Département de théâtre de l’Université Concordia, endosse le rôle de metteuse en scène pour la pièce Till Human Voices Wake Us, dont la première est prévue pour le 22 novembre. La pièce est tirée du poème The Love Song of J. Alfred Prufrock de T.S. Eliot.

En tant que directrice artistique et cofondatrice de la compagnie artistique Les 7 Doigts de la main, une compagnie dynamique basée à Montréal mêlant cirque contemporain, danse et théâtre, Shana Carroll est metteuse en scène, adaptatrice et chorégraphe dans le cadre de la production, en collaboration avec les étudiantes et étudiants en théâtre de Concordia.

Originaire de Berkeley, en Californie, Shana Carroll a poursuivi une carrière de 20 ans en tant qu’artiste trapéziste et soliste au Cirque du Soleil. Ayant mis en scène, écrit et chorégraphié de nombreux spectacles de tournée et en résidence, dont Passagers, Mon Île Mon Cœur, Cuisine & Confessions, Séquence 8 et Traces, elle s’est vu décerner le titre de Compagne des Arts et des Lettres du Québec plus tôt cette année.

En ce moment, Shana Carroll travaille en tant que chorégraphe et conceptrice de cirque pour la comédie musicale Water for Elephants qui sera présentée à Broadway à partir du mois de février. Elle collabore sur ce projet avec Noah Drew, directeur du Département de théâtre et professeur agrégé à l’Université Concordia. 

Au cours de cette entrevue, elle nous offre un aperçu des coulisses de ces prochaines productions.

« J’opte rarement pour la narration linéaire et conventionnelle. »

Comment avez-vous relevé le défi de traduire le langage poétique et abstrait de T.S. Eliot en une expérience visuelle et physique dans Till Human Voices Wake Us?  

Shana Carroll: À bien des égards, la poésie et le langage abstrait se révèlent être le type de matériel source idéal pour le genre de travail que j’aime réaliser. Souvent, mes spectacles relèvent d’une sorte de cubisme conceptuel : un visage avec la bouche en haut à gauche et un œil en bas. Au début, vous ne distinguerez peut-être même pas le visage, mais cela vous évoquera un visage. Puis finalement, en prenant du recul et en absorbant le matériau composite, vous pourrez le reconstruire...

Comment avez-vous intégré des éléments acrobatiques dans la pièce? Selon vous, qu’est-ce que la dimension verticale apporte à l’expérience théâtrale dans son ensemble?

SC: Certaines idées et images semblaient destinées aux éléments acrobatiques ou aériens, donc, dès lors que j’ai commencé à écrire, j’ai tout de suite su quels moments seraient exprimés de cette manière. 

Certaines idées et images semblaient destinées aux éléments acrobatiques ou aériens, donc, dès lors que j’ai commencé à écrire, j’ai tout de suite su quels moments seraient exprimés de cette manière. 

Par exemple, dans la première scène, qui se déroule dans une salle d’opération, il y a (comme le poème le mentionne) « un patient éthérisé sur une table » et un acrobate aérien flotte au-dessus de ce patient sur la table. S’agit-il d’une expérience hors du corps? D’un ange de la mort? D’une combinaison des deux? Ce moment a été imaginé en juxtaposant un personnage immobile sur un lit et un autre se déplaçant librement et légèrement dans l’air au-dessus; c’était l’essence de l’image. 

Je devais également prendre en compte les compétences des cinq artistes de cirque prenant part au projet. Vitor pratique un art appelé Boleadoras. Il s’agit d’une danse rythmique argentine avec de petites balles attachées à des cordes. C’est en le voyant que j’ai eu l’idée de l’utiliser dans la scène sur le thème du temps, en mettant en parallèle le rythme entraînant et incessant de la danse avec le tic-tac de différents types d’horloges.

Naturellement, l’improvisation a également fait partie du processus. Cela n’est pas si différent de la création à partir d’improvisations plus traditionnellement basées sur la danse, mais le vocabulaire est simplement plus riche, plus malléable et plus bouleversant.

Quelle a été votre approche d’intégration d’éléments de cirque à la production et qu’espérez-vous que les étudiantes et étudiants retireront de cette expérience? 

SC: La première étape, avant d’intégrer réellement des éléments acrobatiques majeurs en tant que tels, était de travailler avec les étudiantes et étudiants en théâtre en mettant l’accent sur leur expression corporelle. Ce n’est pas nouveau pour eux; bon nombre d’entre eux ont de l’expérience en danse. Cependant, même lors de simples exercices de contrepoids et de narration physique, nous avons progressivement adopté un mode de travail s’apparentant bien plus à notre approche de création dans le monde du cirque
Lorsque nous avons commencé à intégrer les équipements aériens, nous avons organisé des « leçons » approfondies à propos des conditions, des règles et des considérations relatives au travail à haut risque.  

Les aspects techniques y étaient principalement abordés, mais je pense que l’élément de risque contribue à créer une équipe plus compatissante et empathique, car chacun veille sur les autres et prend soin des autres. Dans le monde du cirque, c’est instinctif, car nos vies en dépendent. Toutefois, chaque processus créatif, chaque équipe, chaque famille bénéficie de ce genre de confiance, d’empathie et de bienveillance, que des personnes se trouvent dans les airs à 6 mètres du sol ou non. J’espère qu’ils conserveront cette mentalité d’interdépendance qui émane d’un groupe de cirque. 

Bien souvent, l’approche théâtrale consiste à d’abord traiter les informations à l’aide du cerveau, par l’analyse, puis d’incarner le sens après avoir compris le sens. Le travail de cirque est tellement plus viscéral et instinctif, et peut incarner une approche (beauté, métaphore et drame) qui contourne l’analyse consciente. 

Comment pensez-vous que le cirque puisse influer sur la vision artistique des étudiantes et étudiants en théâtre? 

SC: Avec les étudiantes et étudiants, nous avons longuement abordé la fonction du langage abstrait, qui caractérise le cirque, et la manière dont il se compare à l’analyse d’un rêve. Lorsque vous rêvez, certains recoins de votre esprit subconscient comprennent quelque chose, essayent de vous dire quelque chose, qui doit ensuite être déchiffré par votre esprit conscient, après coup.  

J’espère que cette petite incursion dans le monde du cirque a aidé les étudiantes et étudiants en théâtre à affiner ce sixième sens qui cherche à donner une signification à ce que notre instinct nous dit.  

J’espère qu’ils commenceront à l’intégrer dans leur pensée imaginative, comme un langage supplémentaire dans lequel ils peuvent rêver! En tant que créateurs, nous utilisons la voix qui convient le mieux au matériau, et plus nous avons de voix à notre disposition, mieux nos pensées s’articulent. 

Pouvez-vous nous en dire plus à propos de l’atelier que vous préparez avec Noah Drew, en lien avec la production Water for Elephants qui sera présentée à Broadway?

SC: Oui! C’était génial que Noah se joigne à nous dans le cadre de ce projet! J’ai adoré le voir à l’œuvre au-delà des murs de l’Université. La production Water For Elephants sera présentée à Broadway à partir du mois de février. J’endosse les rôles de cochorégraphe et de conceptrice de cirque pour la production.  

Nous l’avons présentée à Atlanta cet été. C’était formidable et très instructif! Nous sommes retournés au travail après cela et avons fait ce qui s’appelle la « préproduction », c’est-à-dire que nous avons testé quelques modifications et ajustements pour gagner du temps quand la compagnie dans son ensemble se retrouvera en salle de répétition.  

Ces ateliers en particulier portaient principalement sur des détails pratiques, comme la gestion de la synchronisation et des espacements, ainsi que des retouches mineures à l’intrigue... Je ne sais pas si ces ateliers ont plu à tous, mais ils nous ont été d’une aide précieuse pour nous permettre de nous mettre au travail dès le mois de janvier!  

La pièce Till Human Voices Wake Us sera présentée au pavillon Henry-F.-Hall, du mercredi 22 novembre au samedi 25 novembre.  

Apprenez-en davantage sur le Département de théâtre de l’Université Concordia

Till Human Voices Wake Us will be playing at Henry F. Hall from Wednesday, November 22, to Saturday, November 25.  

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