RECHERCHE : Une nouvelle étude menée par l’Université Concordia élabore les premiers tableaux d’analyse de la composition corporelle par imagerie propres aux enfants afin d’évaluer le risque d’obésité
Une équipe de recherche dirigée par l’Université Concordia a conçu l’un des premiers tableaux de référence montrant comment les niveaux de masse adipeuse (graisse) et musculaire des enfants évoluent en fonction de l’âge et du sexe – une avancée majeure qui pourrait aider à dépister les jeunes sujets à des maladies cardiaques et métaboliques.
Contrairement à l’indice de masse corporelle bien connu, qui ne fait pas la distinction entre la graisse et les muscles, l’étude examinait à la fois les données relatives à la masse grasse et à la masse musculaire issues d’analyses par absorptiométrie biphotonique à rayons X réalisées sur plus de 6 000 enfants américains. L’équipe a ensuite élaboré de nouvelles courbes de croissance pour la graisse et les muscles, et les a appliquées à un groupe d’enfants québécois suivis entre l’âge de 8 et 17 ans.
À partir de ces données, l’équipe a défini quatre types de composition corporelle : faible masse grasse et forte masse musculaire, forte masse grasse et forte masse musculaire, faible masse grasse et faible masse musculaire, et forte masse grasse et faible masse musculaire.
Le dernier groupe (forte masse grasse et faible masse musculaire) a été identifié comme étant le plus à risque d’une obésité sarcopénique, affection qui rend plus difficile le fait de bouger, de demeurer actif ou de rester en bonne santé à mesure que l’on vieillit. Les enfants ayant une masse grasse élevée, quel que soit leur niveau de masse musculaire, avaient tendance à présenter un faible taux de « bon » cholestérol, un taux élevé de triglycérides et une grande résistance à l’insuline, autant de signes avant-coureurs de maladies cardiovasculaires.
Cette étude est la première à établir des tableaux de référence propres à l’âge et au sexe pour la masse grasse et la masse musculaire chez les jeunes, comblant ainsi une lacune importante entre les évaluations des enfants et celles des adultes. En allant au-delà de l’indice de masse corporelle, cette approche offre une image plus claire de la santé et du développement des enfants.
L’équipe de recherche espère que ces résultats permettront de créer de meilleurs outils de dépistage, afin que les médecins puissent détecter plus tôt les enfants à risque et adapter leurs interventions de manière plus précise pour aider à prévenir les maladies chroniques avant qu’elles ne prennent racine.
L’étude est parue dans la revue Pediatric Obesity.
Stephanie Saputra (M. Sc. 2023) et Lisa Kakinami, professeure agrégée au Département de mathématiques et de statistique, ont dirigé l’étude. Parmi les autres coauteures et coauteurs figurent Simone Brugiapaglia, professeur agrégé au Département de mathématiques et de statistique, Claudia Faustini (M. Sc. 2023), Andraea Van Hulst, de l’Université McGill, et Mélanie Henderson, de l’Université de Montréal.
Lisez l’article cité : "Development and Application of Children’s Sex- and Age-Specific Fat-Mass and Muscle-Mass Reference Curves From Dual-Energy X-Ray Absorptiometry Data for Predicting Cardiometabolic Risk”