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Grande Concordienne : Kahente Horn-Miller, érudite et chercheuse œuvrant à la préservation des systèmes de savoirs autochtones

« Concordia m’a donné l’occasion d’étudier ma communauté et ma culture »
10 juin 2025
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Par Ian Harrison, B.Comm. 2001


Kahente a de longs cheveux noirs et porte des boucles d'oreilles en billes, une écharpe blanche et un blazer foncé. « Concordia est située sur le territoire de Kanien'kehá:ka, et il est important que les étudiants acquièrent une connaissance des peuples qui ont pris soin de cette terre bien avant nous. »

Kahente Horn-Miller, B.A. 1999, M.A. 2003, Ph. D. 2009, a consacré sa carrière à la promotion des savoirs, de la gouvernance et de l’éducation des populations autochtones.

Lauréate 2023 du Prix national 3M d’excellence en enseignement, elle occupe le poste de vice-rectrice adjointe à l’enseignement, à l’apprentissage et à la recherche liés aux peuples autochtones à l’Université Carleton. Dans le cadre de ses fonctions, elle dirige des projets visant à favoriser une meilleure compréhension de la philosophie haudenosaunee au sein des établissements d’enseignement, pour faire en sorte que les voix autochtones façonnent l’avenir de l’éducation.

Fière Kanien’kehá:ka (Mohawk) descendante de l’Akskare:wake (clan de l’ours) de Kahnawà:ke, Horn-Miller exerce un leadership qui s’appuie sur la prise de décision fondée sur le consensus, habileté qu’elle a pu perfectionner dans le cadre de son poste de coordonnatrice de la Commission de coordination législative de Kahnawà:ke. Son travail de gouvernance et ses recherches communautaires portent sur l’interprétation des traditions haudenosaunee dans des contextes contemporains, et visent à insuffler une nouvelle vie à ces pratiques ancestrales.

Horn-Miller est une chercheuse accomplie dont les travaux abordent les méthodologies, la gouvernance et l’identité autochtones. Elle est l’auteure d’ouvrages importants sur la démocratie participative, la citoyenneté autochtone et la revitalisation des systèmes de savoirs Haudenosaunee.

Sa performance We Are Her and She Is Us, qui est ensuite devenue un élément central de sa thèse de doctorat à l’Université Concordia, réinvente le mythe de Sky Woman (« la femme tombée du ciel ») sur la création du monde, selon une optique visant à renforcer le pouvoir de l’oralité autochtone dans les pratiques éducationnelles et militantes.

À l’Université Carleton, Horn-Miller a coprésidé le comité des initiatives stratégiques autochtones, auteur du rapport Kinàmàgawin qui énonce la nouvelle stratégie de l’Université relativement aux cultures autochtones.

« Mon rôle est de veiller à ce que l’Université respecte les 41 appels à l’action figurant dans le rapport, indique-t-elle. J’accorde une grande importance au soutien des membres du corps professoral autochtone et à l’élaboration de stratégies de recrutement et de rétention permettant l’établissement d’un environnement propice à leur épanouissement. »

Dans le sillage du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, Horn-Miller a conçu des capsules d’apprentissage autochtone collaboratif, un projet primé ayant pour but d’intégrer les savoirs autochtones dans toutes les disciplines.

« Plus de 50 000 étudiantes et étudiants de l’Université Carleton ont bénéficié du projet, souligne-t-elle. Et nous préparons actuellement de nouveaux modules d’apprentissage pour les programmes de génie et de sciences. »

Les compétences qu’elle a acquises à Concordia continuent d’orienter son travail de création d’outils pédagogiques. Elle prévoit notamment mettre au point une série d’expériences de réalité virtuelle qui permettra aux étudiantes et étudiants d’acquérir une compréhension pratique des savoirs autochtones par l’exploration de divers environnements tels qu’une maison longue ou une forêt, afin de découvrir les pratiques culturelles et les usages traditionnels des plantes.

La passion de Horn-Miller pour l’éducation s’est également portée sur les arts. En 2018, elle a présenté une exposition intitulée My Mom, Kahntinetha Horn, the Military Mohawk Princess” à la Galerie d’art de l’Université Carleton, à Ottawa.

En 2014, la Grande Concordienne a reçu le prix de la diplômée de l’année en reconnaissance de l’excellence de ses travaux et de sa détermination dans l’étude de la philosophie haudenosaunee des sept générations. Cette philosophie consiste à prendre des décisions en fonction du bien-être des générations futures.

Lors d’un entretien réalisé en 2020, Horn-Miller faisait part de ses réflexions à ce sujet : « Je garde constamment à l’esprit la philosophie des sept générations, en pensant toujours à ce qui est bon pour l’avenir, pour les visages de l’avenir. Dans un établissement comme [Carleton], la philosophie haudenosaunee m’a donné un élan et m’a aidée à m’assurer que tout ce que j’entreprend bénéficiera à celles et ceux qui nous suivront. »

Qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit quand vous repensez à vos études à Concordia?

Kahente Horn-Miller : En plus d’être étudiante, j’étais mère. J’ai eu un enfant pour chaque diplôme, et Concordia m’a apporté un énorme soutien en tant que mère au travail.

Je me souviens d’avoir emmené mes enfants en classe, en particulier ma deuxième, qui n’avait que deux semaines à l’époque. Les étudiantes et étudiants étaient très accueillants et enchantés de sa présence. Concordia m’a donné le sentiment d’être acceptée, ce qui m’a permis de concilier mes rôles de parent, d’étudiante et de professionnelle. Je me suis sentie soutenue dans tous les aspects de ma vie.

Pouvez-vous énumérer certains des facteurs qui ont contribué à votre réussite?

KHM : L’un des principaux facteurs de ma réussite a été mon engagement à rester proche de ma communauté. Lorsque j’ai décidé de revenir à Concordia, il était important pour moi d’élever mes enfants en bénéficiant du soutien de ma famille.

Ma formation en anthropologie a également joué un rôle important. Ayant grandi loin de Kahnawake, je ne comprenais pas pleinement ce que signifiait être Mohawk avant la crise d’Oka. Cet événement m’a incitée à approfondir mon héritage, et les programmes de Concordia m’ont donné l’occasion d’étudier ma communauté et ma culture. J’ai appliqué mon éducation à mon propre peuple.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaiteraient suivre vos traces?

KHM : Faites preuve d’ouverture d’esprit et soyez conscient de l’histoire du territoire où vous poursuivez vos études. Concordia est située sur le territoire de Kanien'kehá:ka, et il est important que les étudiants acquièrent une connaissance des peuples qui ont pris soin de cette terre bien avant nous.

J’encourage également les étudiants à valoriser leur identité culturelle et leur façon de voir le monde. Durant mes années d’études, il y avait peu d’enseignants autochtones, et j’ai dû apprendre à mes conseillers et à mes professeurs à tenir compte de mon point de vue sur ma communauté. Le paysage a changé depuis, et il y a maintenant plus d’universitaires autochtones. Mon message aux étudiants est d’entreprendre leurs études en étant fiers de ce qu’ils sont et en reconnaissant la valeur de leur point de vue particulier.

Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommée Grande Concordienne?

KHM : Je suis immensément fière, d’autant plus que je pourrais être l’une des premières femmes kanien'kéhá:ka à obtenir un doctorat.

Mon nom signifie « elle marche devant » ou « elle les guide », et j’ai toujours pensé que mon rôle consistait en partie à tracer la voie pour les autres. En tant que femmes Haudenosaunee, et en particulier en tant que mères de clan, notre rôle est de montrer la voie, et je pense que c’est ce que j’ai fait au cours de mon parcours dans le système d’éducation. J’ai conservé mon identité de femme mohawk et je me suis efforcée de faire connaître les savoirs de ma communauté ainsi que ma culture dans le monde universitaire. Cette distinction vient confirmer que je suis sur la bonne voie.

Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !



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