RECHERCHE: Les microbes pourraient être la clé d’une capture du carbone plus verte et moins coûteuse

Une nouvelle étude menée par des chercheuses de l’Université Concordia et de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) explore comment de minuscules microbes pourraient contribuer à résoudre l’un des plus grands problèmes de la planète : l’excès de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
L’article examine un processus naturel appelé carbonatation minérale, qui consiste à transformer le dioxyde de carbone (CO₂) en cristaux solides. La nouveauté réside dans l’utilisation de micro-organismes, tels que les bactéries et les algues, pour accélérer ce processus de manière peu coûteuse et durable.
« Nous savons déjà que certains microbes peuvent aider à réparer le béton ou à nettoyer les eaux usées », explique Catherine Mulligan, co-auteure et professeure au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental. « Aujourd’hui, nous montrons qu’ils peuvent également capturer le carbone de l’air et le stocker durant de longues périodes. »
L’équipe distingue deux approches clés : l’une où les microbes encouragent passivement la formation de carbonate, et l’autre où ils convertissent activement le CO₂ en minéraux solides à l’aide d’enzymes. Ces méthodes pourraient être appliquées dans des endroits tels que :
- les anciennes mines ou carrières, où des bactéries pourraient être ajoutées aux roches restantes pour les aider à transformer le CO₂ en cristaux de carbonate;
- les sols et les ciments, où des matériaux traités pourraient éliminer le carbone inorganique tout en améliorant la résistance et en réduisant l’érosion;
- les zones humides côtières ou les lacs salés, où certaines bactéries et algues produisent déjà naturellement des minéraux qui piègent le carbone.
Comparativement aux technologies industrielles de capture du carbone qui nécessitent des machines complexes et beaucoup d’énergie, les solutions microbiennes s’avèrent relativement simples, adaptables à de nombreux environnements, et pourraient même offrir des avantages supplémentaires, comme une eau plus propre ou des sols plus sains.
« La nature nous a déjà donné les outils nécessaires, explique la Pre Mulligan. Il s’agit maintenant de trouver des moyens intelligents de les mettre en œuvre. »
Les chercheuses appellent à davantage d’essais sur le terrain et à une collaboration avec l’industrie afin de faire passer cette technologie prometteuse du laboratoire au monde réel.
Samantha M. Wilcox, doctorante à Concordia, est l’auteure principale de l’étude. Carmen Mihaela Neculita, de l’UQAT, a contribué à la recherche en tant que cosuperviseure aux côtés de Catherine Mulligan.
L’étude est parue dans l’International Journal of Molecular Sciences.