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Les jeux de hasard et d’argent en ligne ont attiré un nombre record de joueurs pendant la pandémie selon une nouvelle étude

D’après Sylvia Kairouz, cette industrie peu réglementée a profité de l’ennui, de l’isolement et de la solitude des joueurs pendant la première année de la pandémie de COVID-19
15 mars 2023
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Homme heureux jouant en ligne
Credit: Wpadington/iStock Getty Images

Au Québec, les jeux de hasard et d’argent en ligne ont explosé pendant la première année de la pandémie, alors que le nombre de personnes ayant visité un site de jeu en ligne a triplé entre 2018 et 2020-2021 selon un nouveau rapport de deux chercheuses Sylvia Kairouz de l’Université Concordia et Annie-Claude Savard de l’Université Laval

Les résultats de l’étude, révèlent l’essor qu’ont connu les jeux de hasard et d’argent en ligne depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Les conclusions des chercheuses se fondent sur une enquête téléphonique et un sondage auprès d’un panel web menés auprès de 4 500 Québécoises et Québécois en 2021 afin de connaître leurs comportements de jeu des douze mois précédents, c’est-à-dire durant la première année de la pandémie.

Les résultats indiquent non seulement une forte hausse du jeu en ligne dans l’ensemble, mais également une augmentation de la fréquence du jeu ainsi que du temps et de l’argent investis par les joueurs sur les sites de jeu en ligne. Cette hausse s’est accompagnée d’un bond marqué des comportements à risque déclarés par les répondants, affirme Sylvia Kairouz, professeure au Département de sociologie et d’anthropologie et titulaire de la chaire de recherche sur l’étude du jeu.

« Nous constatons que les joueurs en ligne sont douze fois plus nombreux à déclarer des problèmes de jeu que les joueurs en général dans la population adulte du Canada », signale-t-elle. 

Portrait de Sylvia Kairouz « Nous constatons que les joueurs en ligne sont douze fois plus nombreux à déclarer des problèmes de jeu que les joueurs en général dans la population adulte du Canada », signale Sylvia Kairouz.

Combler le vide

Selon l’activité, entre 10 % et 30 % des répondants ont attribué à la pandémie la hausse de leurs habitudes de jeu en ligne. Les joueurs hors ligne se sont également tournés vers les jeux de hasard en ligne lorsque la pandémie a obligé la fermeture des espaces de jeux traditionnels, comme les casinos et les bars.

Si plus de la moitié des joueurs réguliers ont déclaré n’avoir que peu ou pas du tout changé leurs habitudes pendant la première année de la pandémie, près du tiers ont signalé qu’ils jouaient plus, et à peine 13 %, qu’ils jouaient moins. Ceux qui jouaient plus ont affirmé que c’était parce qu’ils avaient plus de temps libre, se sentaient seuls ou isolés, ne pouvaient pas acheter de billets de loterie en personne ou parce que le jeu les aidait à se détendre. Un peu plus de 20 % ont affirmé jouer davantage parce qu’ils avaient besoin d’argent.

La Pre Kairouz est particulièrement inquiète du taux accru des paris sur les machines à sous en ligne signalé par les répondants et précise que ces formes de jeu sont parmi les plus problématiques. Les utilisateurs ont consacré plus de temps aux machines à sous, au boursicotage et aux paris sur les jeux de table qu’aux autres formes de jeu. Quatre répondants sur dix utilisent ces plateformes au moins une fois par semaine, et trois sur dix les utilisent plusieurs fois par semaine.

Obtenir de l’aide

Les chercheuses constatent également la sous-utilisation des services offerts aux joueurs qui éprouvent des problèmes, même si environ 40 % d’entre eux en ont connaissance. À peine 2,4 % des joueurs en ligne ont déclaré avoir demandé de l’aide, et les joueurs de longue date étaient presque deux fois plus susceptibles de le faire que les nouveaux joueurs.

Parmi les types d’aide, les joueurs qui éprouvent des problèmes étaient le plus susceptibles de chercher du soutien auprès d’un ami ou d’un proche, puis de consulter des professionnels de la santé ou d’avoir recours aux services de clavardage.

Enfin, l’équipe s’est penchée sur l’essor rapide de la publicité pour le jeu en ligne et conclut dans son rapport que la réglementation de l’industrie doit être resserrée pour en limiter la portée. L’industrie naissante des paris sportifs occupe une place croissante dans l’espace publicitaire autrefois réservé au poker en ligne.

« Les exploitants et fournisseurs de jeux de hasard et d’argent mettent de l’avant les paris sportifs, car la réglementation a changé au Canada, précise Sylvia Kairouz. Les joueurs peuvent désormais parier sur un plus grand nombre d’enjeux et non plus seulement sur l’issue d’une partie, ce qui ouvre de nouveaux marchés en créant des besoins et en multipliant les occasions de parier. »

Les chercheuses recommandent au gouvernement provincial de créer un système de permis pour les opérateurs pour pouvoir assurer un encadrement et une plus grande sécurité de l’offre.

« Ces exploitants ont la volonté et les moyens de respecter les conditions qui leur sont imposées notamment celle de la protection des joueurs », soutient la Pre Kairouz.

Découvrez le rapport cité



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