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Chris Salter de l’Université Concordia refaçonne la culture du centre Barbican de Londres

Le directeur d’Hexagram-Concordia présentera sa nouvelle installation dans le cadre d’une exposition interdisciplinaire sur l’IA
14 mai 2019
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« Comment autonomiser divers services ou départements voués à l’art sans toutefois occulter le contexte élargi? », se demande Chris Salter.
« Comment autonomiser divers services ou départements voués à l’art sans toutefois occulter le contexte élargi? », se demande Chris Salter.

Concepteur-conseil, chercheur, artiste et membre de la communauté de Concordia, Chris Salter entretient une longue et fructueuse collaboration avec le centre culturel Barbican de Londres, au Royaume-Uni. Cette association franchira une nouvelle étape le 15 mai, quand la toute dernière œuvre – Totem – de M. Salter sera dévoilée dans le cadre de l’exposition AI: More than Human (« intelligence artificielle : au-delà de l’être humain ») tenue au Barbican.

S’étalant sur 14 mètres, l’installation lumineuse intègre des capteurs qui balaient les alentours et transmettent des données sensorielles. Celles-ci sont alors introduites dans des équations mathématiques modélisant le biocomportement des neurones.

« Une entité artificielle peut-elle accéder à l’autonomie et s’éveiller à la conscience? C’est la question que pose Totem », explique Chris Salter, professeur d’arts numériques et titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia sur les nouveaux médias, la technologie et les sens.

« En perpétuelle mutation, les connexions et les comportements neuronaux influencent –sans toutefois la fixer – la configuration de l’installation, poursuit-il. Le sommeil, l’hallucination ou la colère, par exemple, s’expriment par des variations dynamiques et hypnotiques de la rythmique et de l’intensité lumineuses. »

Le Pr Salter a conçu Totem en collaboration avec Sofian Audry (Ph. D. 2010), le spécialiste de la vie artificielle Takashi Ikegami, le doctorant Alexandre Saunier et l’architecte berlinois Thomas Spier. Commande du centre culturel Barbican, l’œuvre a pu être réalisée grâce à une subvention du programme Appui à la recherche-création du Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

L’exposition AI: More than Human s’inscrit dans la thématique 2019 du centre culturel Barbican : Life Rewired (« la vie rebranchée »). Cet ambitieux projet explore la notion d’humanité dans un monde où la technologie influence nos moindres actes.

Un vaste mouvement culturel vers l’interdisciplinarité

Directeur du Centre Hexagram-Concordia de recherche-création en arts et technologies médiatiques, Chris Salter collabore avec le centre Barbican depuis 2016.

Son travail de concepteur-conseil dans le cadre de Life Rewired a servi de catalyseur de l’élaboration d’une initiative d’envergure au plus important complexe artistique d’Europe. En effet, cette coopération a généré un important changement de culture au sein de l’établissement, favorisant dès lors la promotion de la collaboration interdisciplinaire.

« L’invitation à participer au projet qui m’a été adressée découle notamment des réalisations accomplies au Centre Hexagram-Concordia de recherche-création en arts et technologies médiatiques ainsi qu’à l’institut Milieux pour les arts, la culture et la technologie, affirme M. Salter. Les membres de ces deux entités de l’Université font preuve d’une parfaite compréhension du travail et de l’environnement interdisciplinaires. »

Il rappelle que le centre culturel Barbican compte cinq divisions : cinéma, théâtre, arts visuels, éducation et musique classique contemporaine. Or, l’architecture des lieux et la culture organisationnelle incitent au travail en vase clos. À preuve, depuis l’ouverture du centre il y a 37 ans, bien peu de projets d’envergure ont profité d’une collaboration à l’interne. Mais l’arrivée de Chris Salter a chamboulé tout cela!

Photos : Agustina Isidori Photos : Agustina Isidori

Comment composer avec les bouleversements qui secouent la société du savoir?

En 2016, M. Salter s’est associé à Sidd Khajuria, producteur principal au centre culturel Barbican, et à Chris Sharp, programmateur de musique contemporaine et responsable des projets spéciaux au sein du même établissement, afin d’élaborer un projet coopératif interdisciplinaire.

D’entrée de jeu, il a présenté un rapport de recherche d’une cinquantaine de pages aux dirigeants des divisions artistiques et des services du marketing et des communications.

« Je leur ai fait découvrir les réalisations exécutées, au cours des cinq dernières décennies, par des établissements de même envergure s’efforçant de réagir à l’esprit du temps, raconte-t-il. J’ai effectué de nombreuses recherches sur des projets abordant des changements survenus dans une société du savoir. »

Son but? Susciter, au sein de chaque unité, une réflexion sur la manière de développer un thème programmatique plus général et sur les convergences qui pourraient s’en dégager.

« Les établissements culturels et universitaires sont souvent confrontés à cette question incontournable : comment autonomiser divers services ou départements voués à l’art sans toutefois occulter le contexte élargi? », signale M. Salter.

Dans la foulée, il précise qu’une institution comme le Barbican ne se transforme pas du jour au lendemain.

« Nous ne voulions pas imposer quoi que ce soit aux divisions artistiques, insiste-t-il. Privilégiant un processus itératif, nous avons simplement suggéré différents thèmes. »

Les trois collaborateurs ont encouragé la modification subtile des habitudes de travail au centre Barbican. L’exercice a eu d’importantes retombées institutionnelles, qui ont profité à toutes les unités de l’établissement. Dans le cadre de processus pondérés, descendants ou ascendants, leurs membres ont expérimenté de nouvelles méthodes qui leur ont permis non seulement de se concentrer sur une programmation divisionnaire, mais aussi de s’organiser autour d’un thème saisonnier commun.

Retenir l’attention de 1 500 000 personnes

Par ailleurs, Chris Salter a participé à la création du carrefour Life Rewired. Rappelant le lieu d’innovation ESPACE 4 de Concordia, cette nouvelle plateforme multidisciplinaire se trouve au rez-de-chaussée du centre culturel Barbican. Pour ainsi dire, elle sert de passerelle vers chaque composante des manifestations thématiques qui s’y déroulent.

Chaque année, quelque 1 500 000 personnes parcourent les zones publiques du Barbican. Selon M. Salter, elles se dirigent généralement vers un endroit spécifique, sans se douter qu’il existe un dénominateur commun.

Sidd Khajuria est à la tête d’une division – l’Incubator (« incubateur ») – qui a pour principal mandat de réinventer les espaces publics du centre culturel. La création du carrefour Life Rewired lui fournit donc un lieu concret favorisant l’établissement de rapports étroits entre les unités.

« J’ai expliqué à mes deux partenaires qu’il fallait trouver un genre d’adhésif afin de relier les événements divisionnaires à un thème plus vaste », indique Chris Salter.

« Les espaces publics forment en quelque sorte une zone neutre où se côtoient des personnes aux intérêts variés, poursuit-il. Selon nous, des tas de choses peuvent se produire dans de tels endroits. »

M. Salter participe à la programmation du carrefour Life Rewired. Divers événements – causeries, performances et ateliers – se tiennent dans cet espace public, que fréquentent également des artistes en résidence. Enfin, on y trouve une sélection de livres portant sur le thème de la saison en cours.

« J’ai hâte de voir le carrefour s’animer, avoue-t-il. À mon avis, il a certainement favorisé l’évolution des schèmes de pensée organisationnels au Barbican. »

Après avoir travaillé près de trois ans en étroite collaboration avec les membres du personnel du centre culturel, Chris Salter se réjouit du résultat de leur coopération… et croit qu’il en va de même pour eux.

« Le processus s’est révélé long, mais je pense vraiment que la culture organisationnelle du Barbican a évolué, affirme-t-il. Une autre saison thématique est prévue, et j’espère bien que nous aurons de nouveau l’occasion de faire œuvre commune. »

 

Consultez la programmation de Life Rewired, un projet du centre culturel Barbican.

Apprenez-en davantage sur le Département de design et d’arts numériques de l’Université Concordia.



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