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Une occasion de prendre les devants sur le front climatique avec Mark Carney et le roi Charles

4 juin 2025
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Par Sarah Farahdel

Source: Media Relations

Cet articlé a été publié dans Le Devoir.

Le Canada doit affronter une réalité difficile : nous ne sommes pas prêts pour l’économie climatique qui transforme déjà le monde. Les feux de forêt sont devenus une saison régulière, et les inondations « centennales » surviennent tous les quelques ans. Pendant ce temps, les États-Unis et la Chine avancent rapidement dans la production d’énergies propres, la stratégie sur les minerais critiques et des plans industriels verts majeurs. Sans action rapide, le Canada risque de prendre du retard, non seulement écologiquement, mais aussi économiquement et géopolitiquement.

Même s’il s’est montré ouvert à la construction d’oléoducs pétroliers, le premier ministre Mark Carney a, le 2 juin, fait une annonce qui tombe à point, l’objectif étant d’accélérer les projets d’énergie propre et d’infrastructure. Réduire les délais d’approbation de plus de dix ans à seulement deux est un changement radical. En ajoutant les ajustements carbone aux frontières, de nouvelles incitations industrielles et la création de dix parcs nationaux, on commence à voir une vraie stratégie industrielle climatique.

Mais ce plan doit aller au-delà des réformes réglementaires et des gains économiques. Il doit être fondé sur la justice environnementale, sur le partenariat autochtone, et sur la coopération internationale. Carney pourrait trouver un allié puissant et inattendu : le roi Charles III.

Les droits autochtones au cœur du projet

Des communautés autochtones et des dirigeants provinciaux ont exprimé des inquiétudes légitimes sur l’accélération des projets. Le Canada a déjà négligé les droits autochtones sous prétexte de progrès — une erreur qu’il ne faut pas répéter.

Les Premières Nations, les Inuits et les Métis ne sont pas que des parties prenantes : ils sont détenteurs de droits. Leur autorité juridique et leur savoir écologique sont essentiels pour des solutions climatiques justes et efficaces. Avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, inscrite dans la loi canadienne, un vrai partenariat est obligatoire. Cela signifie cogouvernance, conservation autochtone, et investissements directs dans des projets communautaires d’énergie propre, pas une simple consultation après coup.

Un allié climatique de poids : le roi Charles III

Alors que le Canada bâtit sa stratégie climatique, le roi Charles III est un allié international de premier plan. Depuis longtemps engagé pour l’environnement, il canalise, par l’entremise de l’organisation Sustainable Markets Initiative (SMI) et la charte Terra Carta, des milliards vers la biodiversité, l’agriculture régénératrice et les technologies propres. Son message : la finance doit être alignée sur la nature et le bien-être durable.

Jennifer Jordan-Saifi, p.-d. g. de la SMI, mobilise plus de 250 dirigeants mondiaux pour pousser à la réforme systémique de la durabilité.

Carney, le roi Charles et Jordan-Saifi se connaissent bien, notamment grâce au Forum sur la mobilisation des financements climatiques à Windsor. Leurs histoires et leurs valeurs communes ouvrent la porte à une collaboration renforcée. Le Canada pourrait proposer un groupe de travail Canada–Royaume-Uni sur la finance durable, intégrer les principes Terra Carta dans ses partenariats, ou cofinancer l’innovation climatique autochtone. Ce sont des leviers stratégiques pour attirer visibilité, valeurs et capitaux dans la transition verte canadienne.

Les États-Unis n’attendent pas, et nous non plus

L’urgence est claire dans la relation changeante avec les États-Unis. Cette année, le président Donald Trump a réintroduit de larges tarifs sur les importations canadiennes, perturbant des chaînes d’approvisionnement vitales et faisant monter les coûts de matériaux clés comme l’acier, l’aluminium, les panneaux solaires et les éoliennes, indispensables pour l’avenir énergétique du Canada.

Par ailleurs, l’Inflation Reduction Act de Biden continue de remodeler le secteur des technologies propres, favorisant largement les intérêts américains et renforçant la concurrence.

La stratégie de Carney pour réduire notre dépendance aux États-Unis en investissant dans nos infrastructures et chaînes d’approvisionnement est essentielle. Il faut aussi élargir nos alliances mondiales — avec l’Europe, le Royaume-Uni et les nations autochtones — pour que le Canada cesse d’être un simple fournisseur de matières premières et devienne un leader en technologies propres, emplois durables et innovation climatique.

Le moment de prendre les devants

Le Canada est à un tournant. Le plan Carney prépare un avenir plus propre, juste et résilient. Mais la façon dont on avance — en respectant les droits autochtones, en renforçant les alliances internationales, et en réformant la bureaucratie — déterminera si nous menons ou suivons.

Nous avons déjà tout ce qu’il faut : la plateforme mondiale et la clarté morale du roi Charles, la sagesse et la gestion unique des communautés autochtones, et la vision économique et la crédibilité internationale de Mark Carney. Ensemble, ils peuvent conduire une transformation climatique majeure.

La vraie question n’est plus ce qu’il faut faire, mais si nous avons le courage et la volonté de le faire.




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