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Les campagnes de financement réussies devraient inciter Québec à s’engager davantage

2 novembre 2025
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Par Graham Carr

Source: Media Relations

Cet article a été publié dans LaPresse.

Le recteur et vice-chancelier de l’Université Concordia salue le succès des campagnes de financement des différentes universités québécoises. Un signe de soutien de leur communauté, rappelle-t-il.

L’Université Concordia a récemment clos sa campagne de financement la plus fructueuse à ce jour, avec un total de 365 millions de dollars.

Ce jalon fait suite au lancement, en 2017, de la Campagne pour Concordia : Place à la nouvelle génération, dont l’objectif était de 250 millions de dollars, ce qui représentait sans conteste une cible ambitieuse pour une jeune université qui n’avait jamais recueilli plus de 150 millions de dollars auparavant.

Le succès de notre campagne témoigne de l’engagement de notre communauté. Cependant, nous ne sommes pas les seuls à nous réjouir.

En février, l’Université Laval a reçu un don de 20 millions de dollars – le don unique le plus important de son histoire – de la part de Québecor dans le cadre de la campagne de financement de son Carrefour international Brian-Mulroney. Il n’y a pas si longtemps, en 2022, l’Université du Québec à Montréal a conclu une campagne à l’échelle de l’établissement qui a permis de recueillir près de 119 millions de dollars.

Parallèlement, l’Université de Montréal a lancé l’an dernier une campagne de financement d’un milliard de dollars. L’Université McGill a récemment prolongé sa campagne et augmenté son objectif de 2 milliards à 3 milliards de dollars. L’Université de Sherbrooke entend collecter 250 millions de dollars. Et l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue s’est fixé pour but de recueillir 25 millions de dollars.

Ce n’est pas seulement le montant total en dollars qui importe. La campagne de Concordia a attiré 46 000 donatrices et donateurs uniques. En une année, nous avons recueilli plus de 1,3 million de dollars grâce à des dons de 250 $ ou moins.

L’ampleur de ce soutien témoigne de la fierté que la communauté mondiale des personnes diplômées et amies des universités québécoises éprouve à l’égard de notre mission, de sa conviction quant à la valeur de notre enseignement et de notre recherche ainsi que de son enthousiasme pour nos ambitions. Une telle générosité démontre que les gens reconnaissent l’influence positive de l’éducation sur la vie des gens, sur les communautés où sont implantées les universités et sur le monde en général.

Le fait que tant de campagnes dans tout le Québec dépassent leurs objectifs de financement donne inévitablement l’impression que tout va bien dans notre secteur, alors qu’en réalité, nous vivons une période difficile sur le plan financier.

Les dons ne sont pas des fonds de fonctionnement. Les campagnes ne couvrent pas ce qu’il en coûte pour payer les salaires ou éclairer et chauffer des installations vieillissantes.

En tant qu’institutions publiques, nos universités dépendent du gouvernement du Québec pour couvrir leurs frais de fonctionnement. Or, le financement de l’enseignement supérieur stagne depuis des décennies, et les récentes politiques restreignant l’immigration étudiante ont provoqué un déficit dans de nombreuses universités, y compris la mienne.

Au Québec, les économistes estiment que le système universitaire souffre d’un déficit de financement annuel d’au moins 2 milliards de dollars. Néanmoins, le gouvernement a imposé un gel de deux ans sur nos budgets de fonctionnement.

L’éducation, la recherche et la capacité de former des professionnels hautement qualifiés s’avèrent indispensables à la réussite de tout pays à une époque où le savoir, la technologie et l’innovation constituent les moteurs de la productivité économique. Cependant, des signes inquiétants indiquent que le sous-financement chronique des universités commence à avoir des répercussions sur notre société.

Le PIB par habitant du Québec est depuis longtemps inférieur à la moyenne de l’OCDE, et notre productivité du travail n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie.

Notre réputation et notre capacité d’attirer des étudiantes et étudiants potentiels ne sont pas non plus épargnées. En 2017, QS – célèbre agence de classement basée à Londres – a désigné Montréal comme la meilleure ville universitaire du monde. Or, la métropole a chuté au 18e rang cette année.

À présent, Toronto et Vancouver devancent toutes deux Montréal dans l’indice des villes mondiales d’Oxford Economics, en raison de leur économie plus forte ou de leur capital humain plus élevé.

Depuis des décennies, voire des siècles, nos universités offrent aux personnes étudiantes des expériences transformatrices, mènent des recherches de grande portée et contribuent à la prospérité des villes et des communautés du Québec.

Aujourd’hui, nous faisons toutefois face à un curieux paradoxe. Alors que nos diplômés et nos bienfaiteurs n’ont jamais été aussi nombreux et généreux, le gouvernement du Québec ne respecte pas ses engagements.

À cet égard, nos campagnes devraient peut-être indiquer clairement que les dons – qu’ils proviennent de particuliers, de fondations ou d’entreprises – attestent l’importance cruciale de la vitalité des universités pour l’avenir du Québec.

Si les campagnes de financement universitaires réussies sont une raison de se réjouir, elles ne doivent pas servir de prétexte pour décharger le gouvernement de ses responsabilités. Elles devraient plutôt inciter les élus à s’engager davantage, à se montrer solidaires et visionnaires, et à faire eux aussi leur part pour les universités québécoises.




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