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Accros aux réseaux sociaux : et si les entreprises étaient en cause ?

8 septembre 2025
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Par Iman goodrazi

Source: Media Relations

Cet articlé a été publié dans LaPresse.

Autrefois, les machines à sous restaient confinées aux casinos et les jeux Atari nécessitaient une console branchée au téléviseur du salon. Tout a changé. Aujourd’hui, nous transportons dans nos poches un casino, une salle de jeux vidéo et une scène sociale : le téléphone intelligent.

Les solutions appliquées aux dépendances traditionnelles, encadrées par des lieux physiques ou réglementés, ne s’adaptent pas aux réseaux sociaux. L’environnement addictif ne disparaît jamais. Il nous suit à l’école, au travail, à table, même dans notre lit. Le combattre exige une approche entièrement nouvelle.

La dépendance aux réseaux sociaux n’est pas le fait d’un seul acteur. Elle résulte d’un écosystème où interagissent plateformes, usagers, décideurs publics, annonceurs et surtout les entreprises. Alors que l’attention se concentre souvent sur les géants du numérique, le rôle des entreprises passe trop souvent sous silence.

Au départ, les réseaux sociaux promettaient de rapprocher les gens. Mais la réalité est différente. La plupart de nos « amis » en ligne sont des inconnus, et ce que nous voyons, ce sont des fragments de vies idéalisées. Résultat : un sentiment d’isolement croissant.

La vie privée, elle aussi, s’est érodée. Les interactions de chacun sont visibles et déductibles, pendant que les plateformes collectent et monnayent des données d’une précision inégalée.

Puis est arrivée la vidéo courte. TikTok et Instagram Reels ont perfectionné une boucle de dopamine infinie : un glissement du doigt, une nouvelle dose. L’attention se fragmente, l’engagement profond disparaît. Le contenu le plus léger, émotionnel ou superficiel prospère, au détriment de l’information de qualité.

Pour les entreprises, ce bouleversement est une aubaine. Le marketing d’influence coûte moins cher et atteint des millions de consommateurs. Résultat : une génération rêve de devenir créateurs de contenu. Mais pour survivre, il faut nourrir en permanence l’algorithme avec des vidéos toujours plus sensationnelles.

C’est ainsi qu’une boucle s’installe :

• les entreprises exigent du marketing d’influence à faible coût ;

• les influenceurs produisent du contenu extrême pour obtenir des contrats ;

• les plateformes amplifient ce contenu grâce à leurs algorithmes ;

• les utilisateurs en consomment toujours plus.

Réguler uniquement les plateformes ne suffira pas. Les entreprises sont une pièce maîtresse de la machine. Tant qu’elles ne seront pas prises en compte, toute réforme restera incomplète.

Les gouvernements pourraient offrir des mesures incitatives aux marques qui choisissent d’autres canaux – panneaux, radio, événements communautaires – afin de rendre ces options plus concurrentielles et plus saines.

Les entreprises détiennent le budget qui alimente l’économie des réseaux sociaux. Elles détiennent donc aussi le pouvoir de la transformer. La question est simple : investiront-elles dans le bien-être collectif ou continueront-elles à privilégier les stratégies les plus addictives, au risque de sacrifier la société pour des gains rapides ?




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