Après 30 ans, la députée Jennifer Maccarone reprend ses études… à l’Université Concordia
Jennifer Maccarone représente Westmount–Saint-Louis à l’Assemblée nationale du Québec depuis 2018. Mère monoparentale de deux jeunes adultes autistes, elle défend depuis longtemps les droits des familles, des communautés 2SLGBTQ+ ainsi que des personnes en situation de handicap et neurodivergentes.
Malgré ses réalisations, Mme Maccarone avoue que le fait d’avoir abandonné ses études universitaires a nui à son estime de soi. Cet automne, encouragée par son équipe, elle a décidé de retourner sur les bancs de l’université après plus de 30 ans de pause.
« Chaque fois que je fournis une biographie, j’indique que je n’ai pas terminé mes études – et je me sens un peu diminuée. Je sais, c’est ridicule, compte tenu de toute mon expérience de vie et de tout ce que j’ai accompli. C’est juste une chose que j’ai toujours en tête », indique-t-elle.
En tant que députée, elle exhorte les membres de sa jeune équipe à prioriser leur éducation, s’adaptant à leurs horaires de cours et aux exigences de leurs travaux scolaires. En retour, ceux-ci lui ont suggéré de terminer ses propres études.
« J’ai répondu : “Je ne veux pas être la personne la plus âgée de la classe. Je suis députée, que vont-ils dire?” »
« Mais j’ai finalement décidé de ravaler ma fierté et de retourner à l’université. »
Une nouvelle perspective dans un milieu accueillant
Auparavant étudiante en littérature anglaise à l’Université McGill, Jennifer Maccarone s’est tournée vers le baccalauréat ès arts en études en affaires publiques et communautaires et analyse des politiques de l’Université Concordia. Selon elle, la souplesse offerte par Concordia est essentielle, en particulier pour les personnes souhaitant concilier études et travail.
« L’Université Concordia s’est montrée incroyablement accueillante, flexible et bienveillante durant ma réintégration. Elle rend l’éducation accessible à tous », ajoute-t-elle.
« En 2025, compte tenu de la quantité de défis qu’il nous faut relever en tant que société, ces atouts sont indispensables. Nous avons besoin de personnes qui peuvent travailler tout en poursuivant leurs études. Cela correspond en tous points à ce que nous voulons accomplir en tant que province. »
Mme Maccarone suit actuellement un cours d’affaires publiques donné par Theodora Samiotis. « Même si le sujet n’est pas nouveau, découvrir la perspective universitaire et avoir l’occasion d’échanger avec une jeune cohorte m’ont énormément appris », affirme-t-elle.
« Théodora est vraiment ouverte. Elle présente des points de vue très variés et invite de nombreux intervenants et intervenantes en classe – et je les connais pour la plupart, alors cela rend les choses intéressantes! »
« J’adore passer du temps avec cette génération, la voir grandir, apprendre et s’épanouir. C’est très inspirant. C’est formidable de faire partie d’une équipe de jeunes et de voir ce qu’ils pensent, de connaître leurs préoccupations. J’aime vraiment cela. »
Le bonheur dans la salle de classe
Passionnée par l’éducation, Jennifer Maccarone confie que « c’est en classe qu’elle trouve son bonheur », que ce soit à titre de présidente d’un conseil d’établissement scolaire, en soutenant ses enfants ou en donnant des cours d’éducation civique à des élèves de tous âges.
« Je dis aux petits : “Tu veux aller au cinéma, mais ta sœur veut aller prendre une crème glacée. Alors, pour décider, nous allons devoir voter. C’est comme ça que fonctionne la politique : si le plus grand nombre veut une crème glacée, alors la crème glacée l’emportera.” »
Aujourd’hui, ce sont ses propres enfants qui l’aident à apprendre.
« C’est un drôle de processus, quand on a la cinquantaine et qu’on n’a pas mis les pieds à l’université depuis plus de trente ans. Mes enfants étudient tous les deux à Concordia en loisir thérapeutique. Ils m’aident avec des choses comme Moodle », précise-t-elle en riant.
« Ce qui paraît comme une modeste réussite pour les autres est énorme pour eux. S’ils peuvent y arriver, malgré les obstacles et les attentes, moi aussi je peux y arriver. »
Prendre du temps pour soi
Jennifer Maccarone n’avait aucunement l’intention de parler publiquement de son retour aux études, mais son équipe l’a encouragée à parler publiquement de son expérience afin de montrer aux autres ce qu’il est possible de faire. Aujourd’hui, elle ne se cache plus au fond de la classe.
« Les jeunes femmes brillantes qui composent mon équipe m’ont encouragée à partager la nouvelle. Elles savaient qu’il y avait probablement d’autres personnes qui, comme moi, y avaient songé. À mon avis, les gens doivent comprendre qu’il existe très probablement une communauté dont ils ignorent l’existence – et qu’ils ne sont pas seuls. »
Retourner à l’université lui permet non seulement de décrocher un diplôme, mais aussi de se réapproprier son identité, ajoute la députée.
« C’est un honneur et un privilège de représenter les citoyennes et citoyens de Westmount–Saint-Louis. Je remercie souvent mes enfants et je tiens à rappeler aux autres que ceux-ci me partagent avec tout le monde. »
« Quand mes enfants ont entamé leurs études à Concordia, je me suis dit : “C’est peut-être le moment de faire quelque chose pour moi”. Il me faudra peut-être six ans pour obtenir mes 30 crédits, mais je suis heureuse d’avoir la chance de me prioriser, même si ce n’est que pendant une petite partie de la semaine. »
« Je le fais pour moi. »