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Une biologiste de la vie aquatique de Concordia espère inspirer les scientifiques noirs de la nouvelle génération

La professeure adjointe Nicola Smith étudie les effets des changements climatiques sur les espèces envahissantes
13 février 2024
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A Black woman smiling, standing on a boat with her arms spread out, wearing diving equipment Nicola Smith: « Je milite pour une meilleure représentation des personnes noires en STIM. »

Nicola S. Smith, biologiste de la vie aquatique, a grandi au beau milieu de l’océan. Sa maison était remplie de magazines sur les animaux et la nature comme Chickadee, Owl et National Geographic.

Sa mère, une enseignante de biologie, a nourri sa passion pour les sciences. C’est lors de son décès, alors que la Pre Smith avait 16 ans, qu'elle déménagea à Toronto, où elle fréquente d’abord un pensionnat pour jeunes filles, puis l’Université de Toronto.

Durant son enfance, elle n ‘avait jamais considéré la recherche scientifique comme possibilité de carrière pour une jeune femme Noire – elle n’avait jamais eu de modèle pour l’inspirer. C’est quelque chose que la Pre Smith souhaite changer.

« Je milite pour une meilleure représentation des personnes noires en STIM [sciences, technologies, ingénierie et mathématiques], explique-t-elle. Selon moi, le fait d’avoir un modèle d’identification constitue un puissant stimulant à la réussite ».

« Les jeunes scientifiques de la communauté noire doivent prendre conscience de leur valeur et lutter avec ténacité non pas pour agir en simples spectateurs, mais pour siéger à la table où se prennent les grandes décisions, explique-t-elle. Qu’ils le sachent : ils se distinguent nettement de la moyenne et ils ne sont pas seuls. »

La Pre Smith s’est récemment jointe au corps professoral de l’Université Concordia en tant que professeure adjointe au Département de biologie. Elle étudie l’incidence des changements climatiques sur les écosystèmes marins et les transgressions marines de même que leurs multiples imbrications.

La Pre Smith possède plus de dix ans d’expérience en recherche sur les invasions biologiques, l’écologie des récifs coralliens et l’halieutique tropicale. Elle a publié plusieurs études sur la rascasse volante de la région indopacifique, une espèce envahissante présente dans les Caraïbes. Elle a passé d’innombrables heures à faire de la plongée en scaphandre autonome aux Bahamas, à mener des recherches et à soutenir les scientifiques locaux – elle considère que ces travaux comptent parmi ses plus grandes réalisations.

Espèces envahissantes et écologie des récifs coralliens

Les recherches de la Pre Smith portent en général sur les invasions biologiques et l’écologie des poissons coralliens. Actuellement, elle étudie l’incidence des changements climatiques sur la propagation des espèces marines envahissantes dans le monde.

Comme elle le souligne, les espèces envahissantes représentent l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité. Aussi, les poissons coralliens jouent un rôle crucial dans l’écologie et l’économie de nombreux petits États insulaires.

La Pre Smith a reçu quantité de récompenses, dont un prix environnemental de la fondation Bullitt en 2018, une bourse d’études supérieures de l’Organisation des États américains ainsi qu’une subvention pour la formation professionnelle de la Société pour la biologie de la conservation (section de l’Amérique latine et des Caraïbes).

Par ailleurs, elle a dirigé deux projets – financés par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) – sur les espèces marines envahissantes évoluant dans les Caraïbes.

« Alors que je poursuivais ma maîtrise, un consultant établi aux Bahamas rédigeait une demande de subvention aux Nations Unies pour étudier les espèces envahissantes et freiner leur expansion, relate-t-elle. Je me suis chargée de la partie sur les rascasses volantes. Je venais tout juste d’obtenir mon diplôme quand la subvention nous a été accordée. »

La Pre Smith a été boursière postdoctorale Liber Ero à l’unité de recherche sur l’évolution des océans de l’Institut des océans et des pêches de l’Université de la Colombie-Britannique. Elle y a étudié, avec William Cheung, l’incidence éventuelle des changements climatiques sur les espèces envahissantes sévissant dans les eaux littorales canadiennes ou ailleurs dans le monde.

La Pre Smith a été attirée vers Concordia par la possibilité de créer un cours pratique sur l’écologie et la conservation des récifs coralliens tropicaux. Elle a aussi été enchantée de découvrir le Carrefour des sciences appliquées de la Faculté des arts et des sciences. L’établissement abrite des laboratoires et des espaces de recherche interdisciplinaire en agriculture, en santé et en développement durable, entre autres domaines.

On y trouve également un bassin d’eau froide réservé à l’élevage et à la reproduction de salmonidés, un chenal de cours d’eau, un espace d’expérimentation en eau froide, un bassin d’eau chaude où élever des poissons tropicaux de même que six salles d’expérimentation en eau chaude avec régulateurs de température et d’éclairage. Les chercheurs y sont également capables de modifier séparément d'autres paramètres de qualité de l'eau tels que les niveaux d'oxygène, le pH et la turbidité.

En préparation pour son projet de recherche aux Bahamas, la Pre Smith collabore étroitement avec les membres de l’équipe chargée des soins aux animaux au Carrefour des sciences appliquées. Ils relieront des aquariums à capacité de 340 litres et des bonbonnes d’azote pesant près de 23 kilos aux pompes de l’établissement. Cela permettra à la fois de réduire le niveau d’oxygène dans les réservoirs et de simuler d’éventuelles conditions océaniques déterminées par les changements climatiques.

« Ce sera incroyable », s’exclame-t-elle.

Outre le potentiel de recherche qu’offre l’Université Concordia, la Pre Smith se réjouit de constater la diversité de l’effectif étudiant, l’existence du Bureau des perspectives noires, les efforts déployés en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, ainsi que de décolonisation des programmes d’études.

‘Il est temps de faire tomber les barrières que les Noirs ont dû surmonter’

En plus de sa mère, des magazines sur la nature et de l’océan, la Pre Smith remercie aussi Daniel Pauly, le seul professeur noir à lui avoir jamais enseigné, et Isabelle Côté, sa directrice de thèse, qui ont tous deux été de grandes sources d’inspiration pour elle.

« C’est l’occasion de célébrer les réalisations des personnes d’ascendance africaine, souligne la Pre Smith. Nous devons aussi nous efforcer de mettre en lumière ces personnalités noires d’hier et d’aujourd’hui qui ont tant apporté à la société, mais dont la contribution a été trop peu récompensée ou reconnue. »

« C’est également le temps de repérer, de mesurer et d’abattre les barrières et obstacles que les personnes noires ont dû surmonter – ou qu’elles s’efforcent encore de faire tomber – pour être traitées dignement et équitablement. »



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