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Un artiste montréalais soutient la prochaine génération d’étudiantes et étudiants en médias d’impression de l’Université Concordia en faisant don d’une presse lithographique

Plus que centenaire, l’objet de ce don unique de Jason Cantoro a déjà appartenu à l’artiste québécois Albert Dumouchel
21 juin 2023
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ne femme dans un atelier d'art utilisant une presse lithographique
Emma Pallay, étudiante à Concordia, passe un rouleau sur la pierre lithographique calée sur la presse. | Photo : Jessica Slipp

Les étudiantes et étudiants en médias d’impression de la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia réalisent de nouvelles œuvres au moyen de la presse lithographique ayant déjà appartenu au célèbre graveur et peintre québécois Albert Dumouchel. Tout cela grâce à un généreux don de l’artiste montréalais Jason Cantoro.

Jason Cantoro avait initialement fait don de la presse plus que centenaire à l’Université en 2019 à la suite de conversations avec Mitch Mitchell, professeur agrégé en médias d’impression et directeur du Département des arts plastiques.

« Les presses sont très rares et coûtent très cher, en particulier au Canada. C’est donc absolument extraordinaire d’en obtenir une qui ait d’aussi illustres antécédents », affirme Mitch Mitchell.

« La demande est élevée, car près de 100 étudiantes et étudiants ont besoin d’une presse chaque trimestre. L’ajout de cette presse à notre arsenal a été déterminant pour la production étudiante et la formation artistique. »

Jason Cantoro se servait à l’occasion de la presse, mais celle-ci demeurait peu utilisée, la pratique de l’artiste portant surtout sur la sérigraphie et la peinture.

« Je voulais la garder pour mes vieux jours, mais en tant que passionné des arts d’impression, je trouvais dommage qu’elle ne soit pas utilisée régulièrement », relate Jason Cantoro.

« Elle avait besoin de réparations, et je me suis dit que Mitch et Concordia seraient en mesure de fournir l’environnement le plus approprié pour la presse et d’effectuer les réparations nécessaires. »

Image en noir et blanc d'un homme utilisant une presse lithographique Albert Dumouchel, vers 1965. | Photo : Paul-Henri Talbot

« Une presse bien entretenue peut durer éternellement »

À l’été 2022, la presse, qui avait été entièrement démontée, a été restaurée, et des améliorations y ont été apportées afin de répondre aux besoins des étudiants. Depuis la reprise des cours en personne à l’automne 2022 et à l’hiver 2023, elle est continuellement utilisée.

Mitch Mitchell s’était dit au départ qu’il serait intéressant de procéder à la restauration de la presse dans le cadre d’un cours ou d’un atelier, mais en raison de la pandémie de COVID-19, le travail de restauration a été effectué en grande partie en coulisses.

Avec l’aide du maître-graveur et galeriste Alain Piroir, le professeur a réassemblé la presse en conservant la configuration originale. Des modifications et de nouvelles composantes ont ensuite été ajoutées pour que la machine puisse se prêter à un usage soutenu. Certaines pièces, dont la table de bois et la manivelle de 12,7 centimètres, ont été entièrement refaites, et la presse a été surélevée de 1,3 centimètre par souci de sécurité et pour en faciliter l’usage.

« Ce qui est bien avec les presses anciennes comme celle-ci, c’est que si elles sont bien entretenues, elles durent éternellement. Et elles coûtent globalement moins cher que les nouvelles presses numériques actuellement offertes sur le marché, dont la durée de vie est de cinq ans en moyenne », explique Mitch Mitchell.

Les lithographies et les œuvres d’Albert Dumouchel qui font actuellement partie de collections publiques nationales et internationales ont été réalisées sur cette presse vieille de cent ans », ajoute-t-il.

Impression en couleur sépia d'une femme en jupe tombée d'une bicyclette. Albert Dumouchel, La mort de la cycliste, 1965. | Musée des beaux-arts de Montréal, photo : Annie Fafard

Un graveur qui a inspiré « une multitude d’artistes »

Le Musée des beaux-arts de Montréal a récemment présenté le travail d’Albert Dumouchel dans le cadre de la rétrospective Révélations. L’exposition réunissait près de 40 lithographies provenant pour la plupart de la collection du Musée.

Les commissaires de l’exposition, Anne Grace et Peggy Davis, expliquent qu’Albert Dumouchel a eu une grande influence à l’époque des débuts de la gravure au Québec.

« Une multitude d’artistes établis à Montréal ont été inspirés par l’éminent graveur Albert Dumouchel », affirme Anne Grace. « De l’avis de tous, il était un pédagogue doué et généreux qui n’hésitait pas à repousser les limites du processus de lithographie. »

Peggy Davis ajoute que l’artiste a grandement contribué à susciter un intérêt pour les arts de l’estampe dans la province, tant auprès du public que des jeunes artistes.

« Il a formé les premières générations de graveurs modernes. D’abord à l’École des arts graphiques de Montréal, où il a été professeur de 1940 à 1960, puis à l’École des Beaux-Arts de Montréal, où il a commencé à enseigner en 1956 », précise-t-elle.

« La presse lithographique d’Albert Dumouchel évoque l’esprit de collaboration et d’expérimentation qui habitait cet artiste », affirme Anne Grace. « La Faculté des beaux-arts de Concordia est un environnement particulièrement approprié pour elle. »

Les œuvres des étudiants constituent un hommage au legs d’Albert Dumouchel

Pour Mitch Mitchell, le fait d’encourager les étudiantes et étudiants à connaître les traditions et l’histoire de la lithographie tout en créant des œuvres novatrices et contemporaines à l’aide de la presse est la meilleure façon de rendre hommage au legs d’Albert Dumouchel et au don de Jason Cantoro.

Il précise que même si la presse est plus petite que les machines contemporaines, les étudiants en apprécient les qualités uniques et le caractère ancien.

« Ce qui est réjouissant au sujet des presses lithographiques, c’est qu’elles ne deviennent jamais obsolètes comme les ordinateurs et les technologies numériques », fait valoir Mitch Mitchell.

« Les étudiants adorent se servir de la presse parce qu’elle ralentit le processus, ce qui force à l’artiste à revoir le dessin et son impact. La création d’une lithographie sur papier au moyen d’une presse s’apparente à un étrange tour de magie. »


Apprenez-en davantage sur le
Département des arts plastiques de Concordia.

 



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