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Philosophy Department Statement on Bill 21

(Le français suit)

Concordia University and other universities in Québec and Canada are working to make our research, teaching—and society—more equitable, diverse, and inclusive.

Dialogue across diverse perspectives is needed for knowledge, learning, science, and democracy itself. This need is especially felt in philosophy, where key contributions have been made by outcasts and outsiders, where members of minorities have opened important areas of study, from feminist philosophy, to philosophy of race, and more.

Québec’s recently tabled Bill 21, An Act respecting the laicity of the State 21,  runs counter to these advances, including Québéc’s own advances in inclusive democracy. Laïcité is a crucial feature of political life and democracy in Québec. But it is not under threat by any dominating religious authority of power. Here, now, dress that symbolizes a person’s religious belief or identity is simply that—it poses no threat to läicité as a shared principle. There is no need to regulate dress for us to live together in our democratic society.

Bill 21’s regulation of dress contravenes neutrality of religion: it excludes classes of people from full participation in public institutions simply because of what they wear, and not because of what they actually say or do, outside of dress. This is prejudicial: it prejudges someone’s views, based on what they wear and how they look. It is arbitrary and discriminatory: it preserves the rights of religious persons whose symbols happen to be concealable, while withdrawing these same rights from those who wear visible symbols.

It clearly violates freedom of religious expression: those who wear such symbols cannot momentarily remove them, without forcing a change on who they are. The state does not and cannot ask public functionaries to fully forget and empty themselves of all their identity, turning themselves into neutral nobodies when they go to the office. Instead, the state asks functionaries to act impartially in their office. This demand for impartiality attaches to actions, including actions of atheists and religious persons whose symbols can be hidden. The demand cannot be satisfied simply by absence of symbols. The impartiality of our democratic institutions cannot be achieved by a dress code and does not need a dress code to be achieved.

Bill 21 does not address a real threat. Instead, the bill itself will have harmful and discriminatory effects. The impact on teachers is especially troubling. Accessibility of and participation in public education and schooling—by all citizens—is central to democratic life. Excluding certain classes of people from teaching will narrow Québec society. Those excluded will primarily be women who wear a hijab and men who wear a kippah or turban.

Bill 21’s wording, though, is completely vague. It might also exclude Indigenous Elders and Knowledge Keepers, if they bear symbols—at the very moment when Concordia and other universities are seeking to indigenize the university, and acknowledge and redress terrible harms inflicted on indigenous peoples here.

Finally, the Bill’s discriminatory exclusions clearly contravene fair equality of opportunity for access to employment. It requires some workers to decide between working or expressing their religious convictions, but does not require this from others. This is troubling because earning teaching credentials is a multi-year, life-long project. Teaching is a profession. A professional position cannot be replaced with some other sort of job, except on pain of giving up life-time projects.

For all these reasons faculty in Concordia’s Department of Philosophy strongly object to Bill 21. We teach in a university that is seeking to build a more just, equitable, diverse, and inclusive society. This requires great efforts and openness. In the name of this effort, and opening ourselves and our discipline to differences, we welcome all those who seek to learn, and those who engage in dialogue and in a free, open and democratic society. We will, accordingly, do everything possible to protect, foster, and maintain this dialogue in our department and university. In philosophy and democratic societies it is what you think and how you choose to act, not how you dress, that matters.  

This statement was passed on April 30, 2019, in and via discussion by the tenured and tenure track faculty in Philosophy.
 

Déclaration du Département de philosophie de l’Université Concordia 

Projet de loi n° 21 sur la laïcité de l’État

L’Université Concordia et les autres universités du Québec et du Canada travaillent à rendre la recherche, l’enseignement – et la société – plus équitables, diversifiés et inclusifs.

Le dialogue entre différentes perspectives est nécessaire à l’avancement de la connaissance, à l’apprentissage et à la démocratie elle-même. Ce besoin se fait particulièrement sentir en philosophie, où des contributions clés ont été le fait de personnes exclues et marginalisées, les membres de groupes minoritaires ayant ouvert des domaines importants de recherche, de la philosophie féministe à la théorie critique de la race et au-delà.

Le récent projet de loi n° 21 du gouvernement du Québec est contraire à ces avancées et aux progrès du Québec vers une démocratie inclusive. La laïcité est un aspect fondamental de la vie politique et de la démocratie au Québec. Elle n’est actuellement menacée par aucun pouvoir religieux dominant. Ici et maintenant, une tenue vestimentaire qui symbolise les croyances ou l’identité d’une personne n’est que cela – elle ne menace aucunement la laïcité en tant que principe partagé. Il n’y a aucun besoin de réglementer la tenue vestimentaire des gens pour que nous puissions vivre ensemble dans notre société démocratique.

Le projet de loi n° 21 contrevient à la neutralité religieuse : il exclut des groupes de personnes de la pleine participation aux institutions publiques simplement en raison de ce qu’elles portent et non de ce qu’elles font ou disent. C’est préjudiciable : il s’agit de juger à l’avance les opinions d’une personne sur la base de ce qu’elle porte et de son apparence. C’est arbitraire et discriminatoire : on protège les droits des personnes croyantes dont les symboles religieux sont cachés, tout en refusant ces mêmes droits à celles qui portent des symboles visibles.

Il viole manifestement la liberté d’expression religieuse : les personnes qui portent de tels symboles ne peuvent pas les retirer momentanément sans s’imposer un changement d’identité. L’État ne demande pas et ne peut pas demander aux fonctionnaires d’oublier totalement leur identité et de se transformer en « personne neutre » lorsqu’elles vont au travail. L’État demande plutôt aux fonctionnaires d’agir de façon impartiale dans leurs fonctions publiques. L’exigence d’impartialité s’attache aux actions, y compris les actions des personnes athées et religieuses dont les symboles peuvent être cachés. Cette exigence ne peut être satisfaite simplement par l’absence de symboles visibles. L’impartialité de nos institutions démocratiques ne peut être garantie par un code vestimentaire et n’a pas besoin d’un code vestimentaire pour être atteinte.

Le projet de loi n° 21 ne s’attaque pas à une menace réelle. En revanche, la loi elle-même aura des effets nuisibles et discriminatoires. Les impacts sur les enseignantes sont particulièrement troublants. L’accessibilité et la participation à l’éducation publique – par tous les citoyens et citoyennes – sont centrales dans la vie démocratique. Exclure certaines classes de personnes de l’enseignement aura pour effet de refermer la société québécoise. Celles qui seront exclues seront principalement des femmes qui portent le hijab et des hommes qui portent la kippa ou le turban.  

La formulation du projet de loi n° 21 est complètement vague. Elle pourrait également exclure les autochtones qui portent des symboles traditionnels, comme les Aînés et les Gardiens du savoir de la communauté – précisément au moment où Concordia tente, comme plusieurs autres établissements, d’autochtoniser l’université ainsi que de reconnaître et de réparer les terribles torts causés aux peuples autochtones d’ici.

Enfin, les exclusions discriminatoires du projet de loi contreviennent hors de tout doute à l’égalité d’accès à l’emploi. Elles exigent de certains travailleurs qu’ils choisissent entre leur emploi ou l’expression de leurs convictions religieuses, sans l’exiger des autres. Cela est d’autant plus troublant que l’obtention des titres de compétence nécessaires pour enseigner nécessite un engagement à long terme et plusieurs années de formation. Enseigner est une profession. Une profession ne peut être remplacée par un autre type d’emploi, sauf si l’on fait le choix douloureux d’abandonner tout un projet de vie.

Pour toutes ces raisons, les membres du Département de philosophie de Concordia s’opposent vivement au projet de loi n° 21. Nous enseignons dans une université qui vise à bâtir une société plus juste, plus équitable, plus diversifiée et plus inclusive. Cela exige de grands efforts et une ouverture à la différence. Au nom de cet effort et afin de nous ouvrir, notre discipline et nous-mêmes, aux différences, nous souhaitons la bienvenue à tous ceux et celles qui cherchent à apprendre et à s’engager dans un dialogue au sein d’une société libre, ouverte et démocratique. Nous ferons tout en notre pouvoir pour protéger, encourager et nourrir le dialogue au sein de notre département et de notre université. En philosophie comme dans les sociétés démocratiques, c’est la façon dont on réfléchit et choisit d’agir qui importe – et non celle dont on se vêtit.

Cette déclaration a été adoptée le 30 avril 2019 par les professeurs et professeures du Département de philosophie de l’Université Concordia.

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