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Faites connaissance avec Naomi Frost, nouvelle chercheuse en résidence de la Bibliothèque de Concordia

La doctorante explorera la mémoire, l’histoire orale et l’héritage familial dans le contexte de la diaspora cambodgienne à Montréal et ailleurs
6 décembre 2023
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« Les récits de vie de mes narratrices et narrateurs ont été – et continuent d’être – ma plus grande source d’inspiration », affirme Naomi Frost. « Les récits de vie de mes narratrices et narrateurs ont été – et continuent d’être – ma plus grande source d’inspiration », affirme Naomi Frost.

Naomi Frost, nouvelle chercheuse en résidence de la Bibliothèque de Concordia, s’est jointe à l’Université pour un an à l’automne dernier.

Mme Frost est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’Université Monash de Melbourne, en Australie, et est actuellement doctorante au Département d’histoire de l’Université Concordia.

Elle est également assistante de recherche dans le cadre du projet universitaire Cemetary as Metaphor et étudiante affiliée au Centre d’histoire orale et de récits numérisés.

Son mémoire de maîtrise portait sur l’histoire orale des Australiennes et Australiens d’origine cambodgienne ayant grandi à Melbourne. Ses recherches montraient comment les récits de vie de cette communauté illustrent le fait que les histoires et les expériences transcendent les survivants eux-mêmes.

Elle a aussi étudié la manière dont les générations suivantes négocient aujourd’hui l’héritage des pertes, de la violence et des déplacements.

Les travaux doctoraux de Mme Frost s’appuient sur ses recherches de deuxième cycle pour explorer la mémoire intergénérationnelle dans trois communautés de la diaspora cambodgienne : Montréal, Long Beach (Californie) et Melbourne.

Ses travaux sont au cœur de son projet de chercheuse en résidence. Celui-ci est en effet axé sur les récits oraux de Cambodgiennes et Cambodgiens de la génération 1,5 – immigrés de première génération arrivés dans leur nouveau pays entre l’âge de 6 et 12 ans – et de deuxième génération.

La chercheuse étudie comment ces personnes ont appris à connaître et à appréhender l’héritage de leur histoire familiale en grandissant dans la diaspora, et comment elles sont devenues des conteuses et conteurs actifs qui façonnent l’histoire de leurs familles et de leurs communautés.

En tant que chercheuse en résidence pour l’année universitaire 2023-2024, Mme Frost utilisera les collections et les archives de la Bibliothèque. Elle prévoit ainsi puiser largement dans la Collection Azrieli sur l’Holocauste, la Collection Jonassohn sur les génocides et la collection Paul-Monty.

Une partie de ses recherches permettra également de relier la Bibliothèque aux récits oraux des Cambodgiennes et Cambodgiens de la génération 1,5 et de deuxième génération par l’intermédiaire d’une exposition qui présentera certains des travaux de mémoire réalisés par les Montréalaises et Montréalais d’origine cambodgienne.

« J’ai été revigorée par des conversations constructives et inspirantes »

Qu’est-ce qui a inspiré vos recherches et vos centres d’intérêt?

Naomi Frost : Mon parcours vers cette recherche a commencé par la dissertation que j’ai rédigée dans le cadre de mon programme de Honours, au premier cycle, qui portait sur les efforts de réconciliation en cours à la suite du génocide au Cambodge. J’ai également effectué un stage à Phnom Penh en 2015. Ces expériences ont suscité mon profond intérêt pour les manifestations transnationales et multigénérationnelles du passé du Cambodge dans le présent.

Ce sont toutefois des conversations avec des Australiennes et Australiens d’origine cambodgienne ayant grandi à Melbourne qui m’ont fait passer du Cambodge à sa diaspora, et des survivants à leurs enfants. Ce thème a ensuite fait l’objet de mon mémoire de maîtrise.

Les récits de vie de mes narratrices et narrateurs ont été – et continuent d’être – ma plus grande source d’inspiration dans la poursuite de mes travaux actuels.

Quelles sont les idées fausses sur vos recherches?

NF : Mes recherches remettent en question certaines idées fausses sur les communautés de migrants et de réfugiés avec lesquelles je travaille. L’une des idées fausses les plus problématiques découle de la façon dont la diaspora cambodgienne est représentée dans la culture populaire et le discours universitaire. Les récits typiques brossent le tableau d’une communauté « endommagée » qui lutte pour s’adapter à sa nouvelle vie aux États-Unis, au Canada et en Australie.

Plus de 40 ans après l’effondrement du régime des Khmers rouges, cette perspective ne reflète pas correctement les réalités vécues par la génération 1,5 et la deuxième génération de la diaspora aujourd’hui. Elle ne rend pas non plus compte des réalités de leurs communautés ou de leurs jeunes enfants de troisième génération.

Nous pouvons le constater dans les positions émergentes des générations suivantes en tant que leaders communautaires, militants, artistes et créatifs. Ces personnes produisent un travail de mémoire qui refaçonne l’image publique de leurs familles et de leurs communautés.

Comment votre travail sur le projet Cemetery as Metaphor de Concordia contribue-t-il à votre recherche en résidence?

NF : Bien que mon travail sur le projet Cemetary as Metaphor ne soit pas directement lié à mes recherches, il les recoupe de manièe subtile.

Piloté par Anna Sheftel, directrice de l’École des affaires publiques et communautaires, le projet Cemetery as Metaphor explore l’histoire de la communauté juive de Montréal à travers le cimetière Back River Memorial Gardens. Il s’agit d’un cimetière juif du 19e siècle situé dans le quartier montréalais d’Ahuntsic. Le projet est financé par une subvention Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines.

En combinant la recherche d’archives et l’histoire orale, le projet examine le cimetière et sa place dans la ville. Il se penche également sur la signification du cimetière à la fois pour les personnes qui y sont liées et pour celles qui vivent, travaillent et se déplacent à proximité.

Ce projet et mes recherches doctorales font dialoguer des récits oraux avec des documents d’archives. L’objectif est d’explorer la migration, la réinstallation et les expériences des communautés de migrants et de réfugiés à Montréal, ainsi que les significations que ces histoires évoquent dans le présent.

Comment votre projet de recherche reliera-t-il la Bibliothèque au travail de mémoire réalisé par les artistes cambodgiens de la génération 1,5 et de deuxième génération de la diaspora?

NF : Le travail de mémoire de la nouvelle génération de la diaspora cambodgienne – qui se décline sous forme de recherche, d’engagement communautaire, d’art, de littérature, de film ou de performance – peut être interprété comme une expression créative et expérimentale de l’histoire de la famille et de la communauté.

Ce travail de mémoire remet en question de nombreuses idées reçues sur les communautés cambodgiennes de Montréal, de Long Beach et de Melbourne. Ce travail illustre les efforts des communautés pour explorer, négocier et articuler les notions de foyer, d’identité et d’appartenance.

Il démontre également la complexité de démêler les expériences multigénérationnelles de déplacement.

J’espère que ma résidence se terminera par une exposition, élaborée en collaboration avec des organismes communautaires locaux. L’exposition présentera une partie du travail de mémoire réalisé par les Montréalaises et Montréalais d’origine cambodgienne.

Qu’est-ce qui vous a attirée dans le programme de chercheuse ou chercheur en résidence de la Bibliothèque de Concordia?

NF : Le programme m’a permis d’aller au-delà des méthodes de recherche classiques. Il offre l’occasion de combler le fossé entre l’université et la communauté grâce à des résultats de recherche orientés vers le public.

Le programme de chercheuse ou chercheur en résidence me permet également de collaborer plus étroitement avec le personnel de la Bibliothèque, la communauté de l’Université et le public dans le cadre de mon processus de recherche. Même à ce stade précoce, j’ai été revigorée par les conversations constructives et inspirantes que j’ai pu avoir avec le personnel de la Bibliothèque.

Je suis très enthousiaste à l’idée d’en apprendre davantage sur le travail de la Bibliothèque de Concordia et sur les bibliothèques universitaires en général. Ce travail soutient en effet mes recherches et inspire ma réflexion depuis de nombreuses années.

Lancé il y a sept ans, le programme de chercheuse ou chercheur en résidence appuie les efforts de la Bibliothèque pour renforcer la culture de la recherche et promouvoir un bibliothécariat fondé sur des données probantes.

Communiquez avec Naomi Frost à naomi.frost@concordia.ca.


Apprenez-en davantage sur le
programme de chercheuse ou chercheur en résidence de la Bibliothèque de l’Université Concordia.

 

 



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