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Une étudiante de Concordia explore les thèmes de l’émigration et du « chez-soi » avec des breloques irlandaises imprimées en 3D

Les travaux de recherche-création de la doctorante Molly-Claire Gillett allient études universitaires classiques et conception spéculative
28 janvier 2020
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Molly-Claire Gillett: “The process of research-creation taught me new questions that I hadn't considered at the outset of the project.”
Molly-Claire Gillett: “The process of research-creation taught me new questions that I hadn't considered at the outset of the project.”

Quand ils quittent leur pays en quête d’une vie meilleure, les émigrants emportent en général peu de bagages. Mais quelle impression gardent-ils des objets qu’ils ont laissés derrière?

C’est une question à laquelle Molly-Claire Gillett, doctorante du programme d’études individualisées de Concordia, tenait à répondre. Après avoir appris toute seule à imprimer en 3D des breloques représentant des objets usuels irlandais, elle comprend mieux le lien entre l’émigration et la culture matérielle.

En général, les recherches sur l’émigration des Irlandais ne s’intéressent pas aux objets.

Quel est le rapport entre cette image et vos travaux à Concordia?

Molly-Claire Gillett : Cette photo vient d’un projet de recherche-création que j’ai entrepris dans le cadre de mes cours de doctorat avec Rhona Richman Kenneally au Département de design et d’arts numériques et à l’École des études irlandaises.

« Home Charms » est un ensemble de breloques imprimées en 3D. Il s’agit d’une œuvre spéculative résultant d’une réflexion sur les thèmes de l’immigration, de la patrie et du déracinement abordés dans une nouvelle de Maeve Brennan, auteure américaine d’origine irlandaise.

Quels résultats attendez-vous de vos travaux?

MCG : Au départ, le projet visait à étudier le rôle de la culture matérielle dans l’émigration, en particulier celle des Irlandais aux États-Unis.

Les recherches sur les émigrants irlandais s’intéressent davantage à la façon dont la musique et l’histoire ont voyagé avec eux. En général, elles ne tiennent pas compte des objets ni de la culture matérielle, parce que l’exode était souvent provoqué par une situation de pauvreté extrême (l’exemple le plus connu étant la grande famine du xixe siècle).

Dans ce projet, j’ai voulu imaginer ce que cela signifiait de se souvenir de son « chez-soi » et de se laisser guider par sa culture matérielle, même quand le « chez-soi » est absent. Le projet a débuté dans le cadre de mes cours, mais j’ai fini par le présenter à deux conférences, l’une dans le Wyoming et l’autre à Galway, en Irlande.

Grâce aux commentaires que j’ai reçus lors de ces conférences, le projet a pris de l’ampleur et s’est transformé en une analyse de la performativité et du non-humain dans l’espace domestique. À partir des résultats de mes travaux, j’ai publié un article dans la revue Text and Performance Quarterly.

Selon vous, quelles seront les retombées de vos travaux sur la vie des gens?

MCG : Le projet visait d’abord à mieux comprendre la nouvelle de Maeve Brennan par la conception spéculative, mais je l’ai élargi afin d’inclure les thèmes plus vastes de l’émigration et de la matérialité.

Je crois qu’il aide à comprendre de façon plus nuancée le lien entre les agents humains et non humains dans l’espace domestique. Il permet également d’examiner ce que cela signifie dans un contexte d’émigration, lorsqu’on quitte ou perd cet espace.

J’ai aussi fait une présentation avec Shaney Herrmann et Ali Kenefick, membres de la communauté de Concordia, dans le cadre d’une table ronde en recherche-création intitulée « The Disappearing House: inventing, recording, remembering the 'Irish Home' » (la maison qui disparaît : inventer, enregistrer et se rappeler le « chez-soi irlandais »), en juin 2019 à l’Université nationale d’Irlande, à Galway.

Les participants ont affirmé que les projets avaient ravivé des souvenirs et leur avaient permis d’exprimer les conséquences de la perte d’un « chez-soi » sur eux et les autres membres de leur famille.

Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous heurtez dans le cadre de vos travaux de recherche?

MCG : Le processus de modélisation et d’impression des breloques m’a causé des difficultés, car je ne connaissais ni le logiciel ni l’équipement. Mais la frustration et les compromis ont nourri le projet.

Ils m’ont incitée à trouver les raisons pour lesquelles certaines formes étaient difficiles à créer et en quoi cette difficulté pouvait révéler les problèmes au cœur des écrits de Maeve Brennan : que voulait-elle dire par « chez soi »? Comment apporter ce « chez-soi » avec nous?

Cela m’a paru particulièrement évident lors de la fabrication de la croix de Sainte-Brigitte, que j’ai totalement ratée.

J’ai choisi de laisser la croix telle quelle et j’ai abordé dans mon rapport les différences entre les contextes de fabrication, c’est-à-dire le fait que parfois, l’important n’est pas l’objet en soi, mais plutôt son lien avec le contexte de création : un lieu, une communauté ainsi que le cycle de création et de décomposition.

Le processus de recherche-création m’a amenée à me poser des questions auxquelles je n’avais pas pensé au début du projet. Les matériaux et technologies que j’ai utilisés ont influé sur la forme physique et conceptuelle du produit final.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous pencher sur ce sujet?

MCG : Pour ma thèse, j’ai fait des recherches sur la dentellerie irlandaise à la fin du xixe et au début du xxe siècle, une activité principalement artisanale exercée par les femmes des régions rurales.

Ce faisant, j’ai beaucoup réfléchi à l’espace domestique, à sa structure et à sa culture matérielle. Mais je n’aurais jamais abordé ces thèmes sous l’angle de la conception spéculative si l’un de mes cours ne m’y avait pas poussée.

Je suis heureuse de l’avoir fait, car j’ai depuis intégré la méthode de recherche-création dans mon projet de doctorat. L’impression en 3D m’a semblé une technique intéressante, car je la considère comme l’antithèse de la dentellerie artisanale : la machine crée l’objet sans que je puisse intervenir manuellement dans le processus.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui aimeraient s’investir dans ce champ de recherche?

MCG : Je leur conseillerais de tenter des expériences! Concordia me fournit gratuitement les ressources nécessaires à mes expériences, et nul besoin d’être un génie pour en faire l’essai. J’en suis le parfait exemple.

C’est grâce à la Technology Sandbox, dans la bibliothèque Webster, à son personnel efficace et patient, ainsi qu’à son imprimante 3D que le projet Home Charms existe.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?

MCG : J’aime le climat de possibilité qui règne à Concordia. Au début, le projet Home Charms semblait assez audacieux, en particulier pour quelqu’un comme moi venant d’un milieu scolaire traditionnel et ignorant tout de la méthode de recherche-création.

Durant mes expériences, je me suis sentie encouragée et soutenue par mes conseillers et collègues. L’esprit d’innovation et la créativité que j’observe autour de moi continuent à me motiver.

Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?

MCG : Le projet Home Charms a vu le jour grâce à Rhona Richman Kenneally, qui l’a initialement utilisé dans ses cours, et à la Technology Sandbox.

Les participants de l’American Conference for Irish Studies – Western Region, à Jackson Hole, dans le Wyoming (octobre 2018), et de la Third Galway Conference of Irish Studies, à l’Université nationale d’Irlande, à Galway (juin 2019), m’ont fourni de précieux commentaires, tout comme les deux examinateurs anonymes qui ont révisé mon article pour la revue Text and Performance Quarterly.


Apprenez-en davantage sur le
Département de design et d’arts numériques de Concordia et l’École des études irlandaises.

 

 



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