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Communiqué de presse

Décrochage, pauvreté et parentalité précoce : résultats d'étude menée sur 30 ans sur les jeunes défavorisés


Selon une étude de Concordia, les conditions socioéconomiques précaires et les antécédents familiaux forment les éléments clés de la continuité transgénérationnelle

Montréal, le 16 novembre 2010Une enquête menée par des chercheurs de l’Université Concordia et de l’Université d’Ottawa sur une période de 30 ans révèle que les enfants de milieux défavorisés risquent davantage d’abandonner leurs études, de devenir parents précoces et d’élever leur progéniture dans la pauvreté.

Publiée dans le International Journal of Behavioral Development, l’étude est la première à avoir suivie un groupe de jeunes pendant  trois décennies afin d’analyser si un comportement agressif, un retrait social et un milieu socioéconomique défavorable durant l’enfance pouvaient influer sur le bien-être à l’âge adulte.

« Les conditions socioéconomiques précaires produisent des effets néfastes à long terme – même si l’on tient compte de diverses variables comme le comportement et les acquis scolaires de l’enfant », explique Lisa A. Serbin, auteure principale de la recherche et professeure de psychologie à l’Université Concordia.  

« Notre étude le confirme : les facteurs personnels et ambiants qui façonnent l’enfance entraînent des répercussions directes et durables sur la parentalité. Le fait d’aborder les problèmes comportementaux ou scolaires d’un enfant démuni sur le plan économique peut atténuer, sans toutefois l’éliminer, le risque qu’une fois adulte, il élève ses propres enfants dans la pauvreté », poursuit la professeure Serbin, qui est également scientifique au Centre de recherche en développement humain.

Entamée en 1976 dans le cadre du Concordia Longitudinal Risk Project, l’étude a donné lieu à des évaluations triennales des participants. Issus de milieux urbains pauvres québécois, les participants étaient de la quatrième année du primaire à la première année du secondaire au début de la recherche.

Dans la plus récente phase de l’étude, les participants ont atteint la mi-trentaine. Des 328 femmes et des 222 hommes qui sont maintenant parents :

  • 22,6 % des mères et 22,5 % des pères n’ont pas terminé leurs études secondaires à l’âge de 25 ans;
  • parmi les femmes  (célibataires, avec conjoint de fait ou mariés), 40 % vivent sous le seuil de la pauvreté;
  • parmi les hommes (célibataires, avec conjoint de fait ou mariés), 28 % vivent sous le seuil de la pauvreté;
  • en moyenne, 35 % des ménages vivent sous le seuil de la pauvreté.

Effets de l’agressivité et du retrait social

Selon l’enquête, les enfants agressifs ou repliés sur eux-mêmes obtiennent des résultats scolaires moins élevés. Par ailleurs, les filles qui éprouvent des difficultés à l’école sont davantage prédisposées à l’abandon scolaire. Celles qui ne terminent pas leurs études courent un plus grand risque de parentalité précaire.

« Une fille agressive risque davantage de devenir mère prématurément; ce fait introduit la possibilité que ses enfants soient élevés sans l’un de leurs parents biologiques, sinon les deux, explique la professeure Serbin. En outre, l’absence de la mère ou du père dans une famille rend plus probable la pauvreté de celle-ci. »

De même, les garçons agressifs et ceux qui connaissent des difficultés à l’école présentent une plus forte potentialité de décrochage au secondaire. Ils s’exposent également à un risque accru de jeune parentalité et d’éducation de leurs enfants en l’absence de l’un des parents biologiques. Chez l’homme, la paternité prématurée laisse présager le dénuement subséquent de sa famille peu importe la structure de celle-ci.

Pour qu’un enfant défavorisé surmonte de tels défis, les stratégies d’intervention sociale doivent cibler expressément le décrochage scolaire, la parentalité précoce, l’absence d’un parent et la pauvreté familiale. « Pour agir efficacement, il faut aborder – dès l’enfance et l’adolescence – les comportements problématiques et les difficultés d’apprentissage des jeunes socialement démunis; il faut chercher à améliorer leur future condition parentale de façon substantielle », souligne la professeure Serbin.

Partenaires de recherche :

Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture.

À propos de l’étude :

L’étude « Predicting family poverty and other disadvantaged conditions for child rearing from childhood aggression and social withdrawal: A 30-year longitudinal study », publiée dans l’International Journal of Behavioral Development, a été réalisée par Lisa A. Serbin, Caroline E. Temcheff, Jessica M. Cooperman, Dale M. Stack et Alex E. Schwartzman de l’Université Concordia et par Jane Ledingham de l’Université d’Ottawa.

Sur le Web :



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