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Après Concordia, le Projet d’enseignes de Montréal illuminera le Quartier des spectacles de la ville dans ses nouveaux locaux

Plusieurs pièces de la collection lancée par le professeur de communication Matt Soar en 2010 constitueront un précieux apport au Centre des mémoires montréalaises
1 septembre 2023
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Une image d'archive d'une carte d'inspection, avec une écriture manuscrite et une photo en noir et blanc de bâtiments de la ville. Carte d’inspection de l’enseigne lumineuse de la St. James United Church. | Courtoisie de la ville de Montréal

Les Montréalaises et Montréalais de longue date se rappelleront peut-être l’époque où l’on vendait chiens chauds et patates frites sur les trottoirs et où de grandes enseignes brillaient de couleurs vives, particulièrement le long des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert.

C’était avant que l’administration de l’ancien maire Jean Drapeau n’entame son programme de transformation et de modernisation dans les années 1960 et 1970. Selon Matt Soar, professeur émérite au Département de communication de l’Université Concordia, l’interdiction des grandes enseignes au néon s’inscrivait dans une tendance plus large qui a mené à l’anéantissement de quartiers ouvriers tels que le Faubourg à m’lasse et le Village-aux-Oies, à la démolition de superbes édifices patrimoniaux, à la poursuite en justice de travailleuses et travailleurs du sexe ainsi qu’à la destruction de l’exposition collective Corridart longue de six kilomètres sur la rue Sherbrooke.

« Drapeau considérait les grandes enseignes lumineuses comme sordides et déplaisantes – elles ne cadraient pas avec sa vision d’une métropole moderne, affirme le Pr Soar. Cette époque favorisait plutôt les projets d’autoroute et les immeubles en béton prétentieux, un héritage qui s’écroule aujourd’hui tout autour de nous. »

Matt Soar est directeur et cofondateur du Projet d’enseignes de Montréal, qu’il a lancé en 2010 en collaboration avec Nancy Marrelli, archiviste émérite de Concordia, dans le cadre de son initiative de recherche-création Logo Cities sur l’architecture et l’hypercommercialisme. La collection toujours grandissante du projet – qui comprend plus de 50 pièces au dernier compte – met en vedette des enseignes commerciales et municipales de toute la ville qui revêtent une importance historique.

Illuminer le passé

Célébrant le passé coloré et criard de Montréal, une grande partie de la collection en constante évolution fait l’objet d’une exposition permanente au pavillon Communication et journalisme (CJ), situé au campus Loyola de Concordia. Chaque pièce met en lumière divers récits de communauté, de migration et d’entrepreneuriat, sans parler de l’histoire cachée de la conception et de la fabrication des enseignes.

Or, Matt Soar se réjouit d’avoir pu faire don de 13 enseignes historiques au Centre des mémoires montréalaises (MEM).

« Certaines des enseignes que nous avons données au MEM étaient entreposées, tandis que d’autres étaient déjà exposées sur les murs de Loyola, indique-t-il. L’une d’entre elles est si énorme que nous n’avons trouvé nulle part où l’installer à l’Université. »

« C’est en quelque sorte la pièce de résistance : une marquise verticale de six mètres de hauteur installée sur la rue Sainte-Catherine en 1947 par Claude Néon. Il s’agit d’ailleurs d’une des très rares enseignes qui nous restent des glorieuses années du néon à Montréal. »

Des plus impressionnants, la nouvelle exposition et l’espace événementiel du MEM seront inaugurés plus tard cette année, à l’angle de la rue Sainte-Catherine et du boulevard Saint-Laurent. Le hall de verre donnant sur la rue déborde déjà d’enseignes, dont celles du Bar Exxxotica, du Bens Restaurant, de la Boîte Noire, de Bottes Imperial, de CBC/Radio-Canada (avant 1973), de Dumoulin Bicyclettes, de Fairmount Bagel, de Frank P. Lalonde Inc., de la Librairie Guérin, de Moe’s Diner, de Silver Dragon Mets Chinois et de la St. James United Church.

lluminées 24 heures sur 24, les enseignes – dont trois seront dotées de tout nouveaux néons, attireront sans aucun doute l’attention des passants et des futurs visiteurs du MEM.

« La joie de travailler sur ce projet au fil des ans réside en partie dans l’enthousiasme de nos alliés, notamment dans les médias sociaux, et dans les nombreuses manières dont les visiteurs s’illuminent lorsqu’ils reconnaissent une enseigne qui leur rappelle des souvenirs personnels de leurs années de jeunesse à Montréal, commente Matt Soar. Les personnes issues des arts médiatiques et visuels, dont les membres de notre effectif étudiant et de notre corps professoral ainsi que nos diplômés, ressentent par ailleurs un frisson supplémentaire quand ils examinent les enseignes de près. »

« J’envisage parfois le tout comme un croisement entre une ménagerie et une maison de retraite pour vieilles enseignes. Le MEM jouera bien sûr ce rôle, et bien d’autres encore. »



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