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La chercheuse engagée de l’Université Concordia Laura Domínguez Mercado s’attaque au problème grandissant de la résistance aux antibiotiques

La doctorante en biochimie mène des recherches sur la réponse bactérienne au stress pour favoriser l’élaboration de meilleurs traitements
9 janvier 2024
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Jeune femme souriante aux longs cheveux brun foncé ondulés portant une chemise blanche sans manches.
« J’aimerais améliorer l’état actuel des connaissances sur les mécanismes d’évolution de la résistance pour que nous puissions ajuster nos stratégies thérapeutiques », affirme Laura Domínguez Mercado

Les bactéries acquièrent une résistance aux antibiotiques plus rapidement que ne peuvent être mis au point de nouveaux traitements, ce qui a des conséquences dévastatrices. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la résistance aux antibiotiques est l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale et a entraîné quelque 4,95 millions de décès dans le monde au cours de la seule année 2019.

La chercheuse engagée de Concordia Laura Domínguez Mercado espère mettre au point des traitements qui ralentissent la progression de la résistance aux antibiotiques en étudiant la réponse au stress de la bactérie E. coli.

Doctorante au Département de chimie et de biochimie de l’Université, la chercheuse fait valoir que si on n’apporte pas de réponse au problème de la résistance aux antibiotiques, les conséquences seront énormes. Déjà, les infections sont plus difficiles à traiter et d’autres interventions et traitements médicaux tels que les chirurgies et la chimiothérapie deviennent beaucoup plus risqués.

La résistance aux antibiotiques engendre également des coûts importants. Selon une estimation de la Banque mondiale, ce phénomène pourrait entraîner une augmentation des coûts liés aux soins de santé de l’ordre de 1 000 milliards de dollars d’ici à 2050.

Les recherches de Laura Domínguez Mercado sont financées par le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT), le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), Mitacs et l’Université Concordia.

« On ne peut pas stopper l’évolution »

Comment les bactéries acquièrent-elles une résistance aux antibiotiques?

Laura Domínguez Mercado : Les bactéries vivent dans des conditions très ardues, qui exercent sur elles une importante pression sélective. Elles évoluent aussi très rapidement. Comme elles se trouvent dans un milieu stressant, elles acquièrent aléatoirement une capacité de mutation qui les rend plus aptes à vivre dans cet environnement. Elles sont ainsi mieux en mesure de croître et de se reproduire.

Au bout de quelque temps, les bactéries présentant cet avantage seront les plus répandues dans la population. C’est ce phénomène qui se produit avec les antibiotiques. Une bactérie exposée à un antibiotique finit par subir une mutation avantageuse. Cette bactérie sera ensuite en mesure de croître tandis que les autres mourront.

Quelles sont les principales causes de la résistance aux antibiotiques dans le monde?

LDM : L’évolution est le principal facteur à l’origine de la résistance aux antibiotiques. Et on ne peut pas stopper l’évolution. Même si nous n’avions jamais découvert les antibiotiques ni entrepris leur production, ils auraient existé, car ils sont présents dans la nature. Les bactéries sont exposées à des antibiotiques — et développent des moyens d’y résister — depuis un âge antérieur à l’intervention humaine.

Cela dit, notre utilisation excessive et abusive des antibiotiques a contribué à accélérer le phénomène. Le recours inutile aux antibiotiques et leur distribution en vente libre constituent un problème de taille.

La résistance aux antibiotiques entraîne également un coût pour les bactéries. Une bactérie résistante sera moins robuste qu’une bactérie vulnérable parce qu’elle doit habituellement dépenser plus d’énergie, notamment pour modifier ou décomposer l’antibiotique.

En l’absence d’antibiotique, les bactéries non résistantes auront plus de facilité à se développer, à se diviser et à se reproduire. C’est la raison pour laquelle il faut éviter la prise d’antibiotiques sauf en cas d’absolue nécessité.

Tous les antibiotiques administrés aux animaux et aux humains finissent par être libérés dans l’environnement, et on en trouve même dans nos réserves d’eau potable. La présence croissante des antibiotiques entraîne une pression sélective sur les bactéries qui les pousse à évoluer et à maintenir une résistance.

Que pouvons-nous faire pour ralentir la progression de la résistance aux antibiotiques?

LDM : La meilleure chose que nous puissions faire est de réduire les taux d’infection en adoptant de meilleures pratiques sanitaires. Une collaboration à l’échelle mondiale est indispensable parce que l’évolution de la résistance peut survenir n’importe où. Elle est toutefois plus susceptible de se produire dans les pays à plus forte incidence d’infections et où l’accès aux soins de santé est plus limité.

Les facteurs qui causent la résistance aux antibiotiques sont exacerbés par la pauvreté et les inégalités. Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont par conséquent les plus touchés par ce problème.

Quels impacts souhaitez-vous pour vos recherches?

LDM : J’aimerais contribuer à une meilleure compréhension des mécanismes de l’évolution de la résistance, pour que nous puissions concevoir de meilleurs traitements. En comprenant mieux comment la résistance évolue dans la cellule, nous pourrons mettre au point de nouveaux traitements capables de contourner ce phénomène de résistance et plus efficaces sur une plus longue période.

Comme je l’ai déjà mentionné, l’évolution de la résistance est inéluctable. La seule chose que nous puissions faire est de trouver des moyens de la ralentir.

Apprenez-en davantage sur le programme des chercheuses et chercheurs engagés de l’Université Concordia.

 



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