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Une chercheuse de Concordia s’intéresse à l’effet des cannabinoïdes sur le système immunitaire

L’étudiante à la maîtrise Norhan Mehrez examine l’impact de ces substances sur les cellules T saines
2 octobre 2019
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Norhan Mehrez : « Mon projet consiste à étudier la rythmicité circadienne des cellules T saines et l’effet possible des cannabinoïdes sur ce phénomène. »
Norhan Mehrez : « Mon projet consiste à étudier la rythmicité circadienne des cellules T saines et l’effet possible des cannabinoïdes sur ce phénomène. »

Légalisé au Canada en 2018, le cannabis est un sujet de grande actualité ces derniers mois.

Bien que cette drogue soit légale depuis presque un an, et que près de cinq millions de Canadiens et de Canadiennes disent en avoir consommé au cours du deuxième trimestre de 2019 seulement, la compréhension des effets réels du cannabis sur le système immunitaire demeure limitée.

Une étudiante de Concordia examine les façons dont cette plante encore controversée et ses sous-produits peuvent servir au traitement de maladies auto-immunes.

« Mon projet consiste à étudier la rythmicité circadienne des cellules T saines et l’effet possible des cannabinoïdes sur ce phénomène », explique Norhan Mehrez, étudiante de deuxième année à la maîtrise en psychologie à la Faculté des arts et des sciences.

Les cellules T constituent un sous-groupe de leucocytes (ou globules blancs). Elles jouent un rôle important dans l’immunité adaptative en coordonnant une réponse immunitaire entre elles et diverses autres cellules immunes. Les cellules T sont essentielles à la défense de l’organisme contre les agents pathogènes. Toutefois, lorsqu’elles subissent un dérèglement, il en découle un risque de maladie auto-immune chez les personnes vulnérables.

Norhan Mehrez mène ses recherches sous la codirection de Shimon Amir, professeur au Département de psychologie et chercheur membre du Groupe de recherche en neurobiologie comportementale, et de Peter Darlington, professeur agrégé au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée.

« Des études ont montré que deux importantes composantes de Cannabis sativa – le THC et le CBD – exercent un effet régulateur sur la fonction des cellules immunes », affirme Norhan Mehrez.

« Le cannabis a des propriétés immunosuppressives, ce qui peut être nuisible si vous combattez une infection, mais se révéler utile dans les cas de maladies auto-immunes. »

Cannabinoïdes et rythmes circadiens

Le moment de la journée a une forte incidence sur la fonction des cellules T, leur quantité dans le sang variant au fil des heures. Cette quantité atteint un pic durant la nuit et chute à son plus bas niveau en après-midi. Or, ces cycles de 24 heures – ou rythmes circadiens – pourraient contribuer à l’efficacité de la réponse immunitaire aux agents pathogènes.

L’une des façons dont ces rythmes sont maintenus est l’activation cyclique des gènes de l’horloge circadienne par les cellules T.

Norhan Mehrez prélève des échantillons de sang chez des sujets en bonne santé et en isole les cellules T. Puis, elle administre divers traitements aux cellules, dont des médicaments qui en déclenchent l’activation, simulant ainsi une réponse immunitaire dans l’organisme.

« J’ajoute ensuite différents types de cannabinoïdes – naturels et de synthèse – et j’examine comment réagissent les cellules immunes. Cette démarche me permettra de définir avec précision le mécanisme d’un éventuel effet immunosuppresseur du cannabis et de déterminer s’il s’agit d’un mécanisme temporel. »

La jeune chercheuse analyse ses échantillons en laboratoire toutes les quatre heures sur des périodes de 36 heures pour savoir si les rythmes circadiens restent inchangés, sont perturbés ou sont protégés à la suite de l’ajout de cannabinoïdes.

Défis liés à l’étude des cellules T

Norhan Mehrez admet que son projet n’est pas sans comporter ses défis et ses limites.

« L’étude des cellules T, et de toute cellule immune en général, peut se révéler une tâche difficile, précise-t-elle. En effet, les cellules immunes sont sensibles à une multitude de facteurs, par exemple le degré de stress éprouvé par le sujet avant le prélèvement sanguin, son portrait génétique et son alimentation. »

En outre, les réactions des cellules T aux cannabinoïdes en laboratoire, une fois celles-ci extraites de l’organisme, peuvent différer des réponses observées dans les cellules à l’intérieur de l’organisme, lorsqu’un sujet consomme ces substances.

« Malgré ces défis, l’isolement de cellules T en laboratoire est une bonne façon de contrôler leur environnement et le traitement qu’on leur administre afin de comprendre les mécanismes cellulaires fondamentaux. »

Rythmes immunitaires et auto-immunité

L’importance du facteur temps dans la fonction des cellules T va au-delà de la protection contre les agents pathogènes. Dans des études sur des modèles animaux, on a observé qu’en privant les sujets de sommeil, en les exposant à une lumière constante ou en les maintenant dans l’obscurité, on pouvait perturber leurs rythmes circadiens. Or, les animaux soumis à ces types de conditions présentent un taux plus élevé de troubles immunitaires. De même, on a observé une aggravation de l’état de santé dans des modèles de maladies auto-immunes liées à une perturbation des cellules T.

Par ailleurs, lors d’études corrélationnelles chez les humains, notamment chez les travailleurs de quarts, on a pu constater une plus grande vulnérabilité aux maladies auto-immunes.

« On sait que les rythmes immunitaires sont importants dans la santé et la maladie, mais il faut examiner de plus près les mécanismes qui sous-tendent leur maintien ou leur perturbation », ajoute Norhan Mehrez.

« Comprendre l’incidence des cannabinoïdes sur les rythmes du système immunitaire peut nous aider à élucider les raisons pour lesquelles certaines de ces substances sont immunosuppressives, que cette propriété soit bénéfique ou néfaste. »

Les travaux de Norhan Mehrez sont financés grâce à une subvention du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.


Apprenez-en plus sur le
Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée et le Département de psychologie.

 



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