Skip to main content

HORIZONS STIM : Cette étudiante de Concordia a passé un été avec les wallabies

Dans le cadre de sa maîtrise ès sciences, Julie Beaudin-Judd a étudié l’impact de la conception des espaces d’exposition sur le comportement animal
13 novembre 2017
|
Par Kenneth Gibson


Si on leur en offrait la chance, peu de gens refuseraient de passer quelque temps avec les wallabies, si mignons et agréables à caresser.

C’est exactement ce qu’a fait, Julie Beaudin-Judd (M. Sc. 17) à l’été 2015. Cette récente diplômée de l’Université Concordia menait alors des travaux sur le terrain dans le cadre de sa maîtrise ès sciences en biologie, sous la direction de Robert Weladji, professeur agrégé à la Faculté des arts et des sciences.

Mme Beaudin-Judd a passé ses journées à observer minutieusement le comportement d’animaux, ce qui exigeait une prise de données toutes les 15 secondes. Son objectif? Mieux comprendre l’incidence de la conception des espaces d’exposition sur le bonheur et le bien‑être des animaux de jardins zoologiques.

Depuis le début de leur collaboration à long terme, amorcée en 2014, l’Université Concordia et le Zoo de Granby s’efforcent d’élargir les connaissances sur les animaux en captivité, tout en cherchant des façons d’améliorer les conditions de vie de ces derniers.

Depuis l’époque des petites cages jusqu’à celle des enceintes plus naturelles, les espaces d’exposition des jardins zoologiques ont énormément évolué au cours des 50 dernières années. Or, Mme Beaudin-Judd souhaitait se pencher sur une innovation particulière en ce sens – soit la possibilité d’interaction physique entre animaux et visiteurs.

Elle s’est donc appliquée à déterminer le degré optimal d’interaction humaine requis pour qu’un wallaby puisse vivre heureux et en santé.


« Le bien-être des animaux des jardins zoologiques reste un enjeu d’actualité. »

Quel est le rapport entre cette image et les recherches que vous avez faites à Concordia? 

Cette photo a été prise au cours de ma première saison sur le terrain, à l’été 2015. J’étais occupée à observer le comportement de wallabies vivant dans un habitat cloisonné classique.

Tout au long de cette période, j’ai visité trois zoos au Québec, en Ontario et aux États-Unis. J’ai pu constater des différences dans le comportement des wallabies selon le type d’habitat dans lequel ils évoluaient : enclos classique; espace cloisonné ou ouvert; enceinte en libre parcours.

De nombreuses fois par heure et plusieurs heures par jour, j’ai observé à distance chaque wallaby. Tout est dans la patience! Je prenais note des comportements dominants toutes les 15 secondes sur une période totale de 10 minutes.

Les comportements que je relevais étaient prédéterminés selon un éthogramme : repos; vigilance; locomotion; alimentation; interaction sociale; et toilettage. Je notais ceux-ci dans le cadre de mes observations de manière à générer des taux moyens.

Quels résultats attendiez-vous de vos travaux? Quels pourraient en être les effets concrets?

Je voulais mieux comprendre l’incidence de différents concepts d’espaces d’exposition dans l’espoir de contribuer au mieux-être des animaux du zoo. La santé des animaux des jardins zoologiques est un enjeu d’actualité depuis plusieurs décennies.

Avec le temps, la recherche a mené à une transformation graduelle des enclos dans les jardins zoologiques. Ainsi, on a lentement délaissé les cages à barreaux serrés pour privilégier les enceintes plus complexes et naturelles. Or, un type particulier d’habitat se démarque de plus en plus : le concept en libre parcours. Il s’agit d’une enceinte d’exposition ouverte où l’humain visiteur peut interagir physiquement avec l’animal.

Robert Weladji et moi cherchions à savoir si l’interaction humain-animal que permettent ces espaces d’exposition est bénéfique pour les espèces en captivitéMes travaux avaient comme but premier de permettre aux scientifiques et au personnel des jardins zoologiques d’approfondir leurs connaissances quant au degré optimal d’interaction humaine nécessaire au bien-être et au bonheur des wallabies vivant en captivité. Je m’étais également donné pour objectif complémentaire d’enrichir le plus possible l’expérience des visiteurs.

Quels ont été les principaux obstacles auxquels vous vous êtes heurtée dans vos travaux?

D’abord, la météo. Puisque mes recherches impliquaient de passer plusieurs semaines en plein air à recueillir des données, le travail pouvait devenir ardu quand la mauvaise température s’en mêlait.

De plus, les données devaient être recueillies en fonction d’un horaire très strict au cours de mes deux années d’études (soit durant les semaines d’été seulement, lorsque les zoos étaient ouverts au public).

Enfin, l’attitude des animaux peut parfois être très difficile à interpréter. Il sera nécessaire de mener encore beaucoup de recherche pour arriver à mieux comprendre le comportement animal.

Dans quels domaines vos travaux pourraient-ils être utilisés?

Des résultats de travaux de recherche semblables aux miens sont déjà directement mis en application dans les jardins zoologiques, surtout quand il s’agit de planifier de futures expositions. Il y a toujours de nouvelles découvertes à faire. Il est donc important que ces résultats soient applicables dans l’élaboration de nouveaux concepts d’exposition qui pourront rendre encore meilleure l’expérience zoologique, et ce, tant pour l’animal que pour le visiteur.

De manière générale, nos résultats ont montré que l’alimentation et les comportements interactifs étaient notablement plus fréquents dans les espaces d’exposition cloisonnés. Bien que ces comportements précis différaient grandement entre les types d’habitats, tous les autres sont demeurés similaires en proportion.

Par conséquent, nous n’avions pas assez de preuves pour corroborer une incidence notable des différents types d’espaces d’exposition sur le bien-être des wallabies. Néanmoins, nos résultats donnent à penser que le concept de l’espace ouvert est une bonne option si l’on souhaite optimiser l’expérience des visiteurs sans compromettre le bien-être des animaux. Toutefois, nous recommandons de poursuivre les recherches afin de mieux comprendre les impacts de différents concepts d’espaces d’exposition sur le comportement et le bien-être des wallabies de Bennett vivant en captivité.

Quelle personne, quelle expérience ou quel événement particulier vous a donné l’idée de votre sujet de recherche et incité à vous intéresser à ce domaine?

J’ai toujours entretenu une fascination pour les animaux et leur bien-être, qu’il s’agisse des animaux de compagnie de mon enfance, de l’étude de la biologie animale ou de mon travail en milieu vétérinaire. À la fin de mon baccalauréat, je savais que je voulais poursuivre des études dans ce domaine que j’adore. Un certain après-midi, j’ai rencontré Robert Weladji, et avant même que je le réalise, j’avais été engagée comme étudiante aux cycles supérieurs, sous sa direction.

Comment les étudiants en STIM que cela intéresse peuvent-ils se lancer dans ce type de recherche? Quel conseil leur donneriez-vous?

Ne soyez pas timide. Posez des questions! Si le champ d’études d’un directeur ou d’une directrice de recherche vous intéresse, informez-vous et demandez-lui comment vous pouvez participer à ses travaux. Ces grands chercheurs ont toujours besoin d’un coup de main.

Qu’avez-vous aimé le plus à Concordia?

Étudier aux cycles supérieurs à Concordia a été pour moi une expérience très enrichissante. Avec mes camarades de laboratoire, j’ai développé un sens de la famille. J’y ai aussi découvert beaucoup de choses – autant sur moi-même qu’à propos de mon champ d’études.

Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?

Le Zoo de Granby a participé de manière substantielle à ce projet, sur le plan tant financier que des idées. En effet, les responsables ont proposé des questions de recherche potentielles en matière zoologique et ont signé une entente de collaboration avec Concordia. J’ai rencontré à plusieurs reprises des représentants du Zoo de Granby au cours de mon projet. Ils m’ont guidée et ont répondu aux questions que je me posais.

Le Riverview Park and Zoo de Peterborough, en Ontario, ainsi que le Roger Williams Park Zoo de Providence, dans le Rhode Island, m’ont autorisée à me servir de leur enceinte d’exposition des wallabies aux fins d’observation. J’ai aussi reçu une aide financière de Mitacs.

 

Apprenez-en davantage sur le Département de biologie de l’Université Concordia.

 



Sujets tendance

Retour en haut de page

© Université Concordia