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Montréal dans l’œil de la tempête Grimposium

Professeurs, étudiants et diplômés se préparent à une invasion norvégienne en juillet
14 juin 2016
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Par Elisabeth Faure


Vivek Venkatesh, David Hall, Owen Chapman et Jason Wallin se sont donnés corps et âme lors du tournage de Blekkmetal. (De gauche à droite : Venkatesh, Hall, Ivar Bjørnson, Chapman et Wallin.) | Photo : Jeff Podoshen Vivek Venkatesh, David Hall, Owen Chapman et Jason Wallin se sont donnés corps et âme lors du tournage de Blekkmetal. (De gauche à droite : Venkatesh, Hall, Ivar Bjørnson, Chapman et Wallin.) | Photo : Jeff Podoshen


Vivek Venkatesh n’est pas un universitaire comme les autres. En effet, il ne faudrait pas s’étonner de rencontrer ce professeur agrégé au Département des sciences de l’éducation à un spectacle de la scène métal extrême underground, plutôt qu’à la bibliothèque ou au laboratoire.

Le Pr Venkatesh étudie le volet « métal extrême » de la scène musicale sous un angle à la fois communal, sociopsychologique et culturel. Or, ses travaux l’ont amené à créer l’un des événements à portée universitaire les plus uniques qui soient : Grimposium.

Ce festival interdisciplinaire sur le thème de la musique métal propose un vaste choix d’activités : tables rondes; projection de films; spectacles musicaux en direct, tout y est. Dans le cadre d’une des audacieuses activités du Grimposium, on a même prévu noliser un autobus scolaire pour transporter métalleux et métalleuses à Joliette, afin qu’ils puissent assister à un spectacle du groupe Voivod.


Le métal à la conquête du monde

Depuis ses débuts en 2014, le festival Grimposium a connu une croissance rapide.

Aujourd’hui pourvu de sections à Montréal, aux États-Unis – et en Norvège, Grimposium réunit musiciens, artistes visuels, journalistes, écrivains, cinéastes et représentants de maisons de disques de la scène métal extrême mondiale.

« Grimposium est désormais bien établi en tant que festival et colloque itinérants d’envergure internationale », affirme Vivek Venkatesh.

La filière scandinave a incité les organisateurs du Grimposium à proposer cette année un volet « invasion norvégienne ». Bardspec, artiste spécialiste des paysages sonores expérimentaux (personnage de scène incarné par Ivar Bjørnson, chanteur, guitariste et chef compositeur du groupe black métal progressif Enslaved) et David Hall, réalisateur du film Blekkmetal, assiègeront l’auditoire montréalais les 2 et 3 juillet prochains, respectivement.


Un tournage hors du commun

« J’ai eu le plaisir de rencontrer Vivek par hasard au Maryland Deathfest, en 2010, se rappelle David Hall, lui-même diplômé de Concordia (B. Bx-arts, 1999). À l’époque, mon entreprise effectuait le tournage d’un documentaire musical au festival et disposait également d’un stand de vente de marchandise. Vivek et moi avons commencé à discuter, puis nous nous sommes rendu compte que nous étions tous deux originaires de Montréal. On connaît maintenant la suite de cette sombre histoire! »

Blekkmetal est un documentaire sur le festival du même nom, événement unique tenu dans la ville norvégienne de Bergen, en novembre 2015. « Le festival visait à célébrer les origines norvégiennes du black métal – créneau, ou sous-genre, de la musique heavy métal –, apparu au début des années 1990 et devenu par la suite un phénomène mondial encore en expansion aujourd’hui », explique David Hall.

Le tournage ne s’est pas fait sans difficulté. Les quatre membres de l’équipe, tous des Canadiens, incluant M. Hall, le Pr Venkatesh (coproducteur et coscénariste), Owen Chapman, professeur agrégé de communication (directeur sonore) et Jason Wallin, professeur de médias et de théorie du curriculum culturel jeunesse à l’Université de l’Alberta (coproducteur et coscénariste), se sont donnés corps et âme tout au long du festival.

Le caractère « artisanal » du projet aurait sans doute justifié le versement d’une prime de risque. « Vivek était au premier rang dans la fosse des photographes à filmer les groupes qui se produisaient, se souvient David Hall. Durant l’une des performances, le chanteur du groupe Taake, voulant manifester sa frustration, a donné un coup de pied dans un projecteur et a raté de peu la tête de Vivek. Bref, on s’est bien amusé! »


Le coup d’envoi : un moment crucial

Ivar Bjørnson, qui incarne Bardspec, décrit son projet comme « un voyage musical dark ambient électro-psychédélique où l’auditoire est invité à explorer des paysages sonores étranges et merveilleux ». La trame musicale sera doublée d’une composante cinématographique manipulée en direct, créée conjointement par MM. Hall, Venkatesh, Wallin et Bjørnson.

La DJ softcoresoft, alias Leticia Trandafir – candidate à la maîtrise en études des médias à Concordia et membre de l’institut Milieux –, donnera le coup d’envoi au spectacle de Bardspec.

« Mon rôle, en première partie de la performance d’Ivar Bjørnson, consiste à réchauffer l’auditoire, à l’amener ailleurs – c’est-à-dire à l’endroit où évolue Bardspect, explique Leticia Trandafir. Il est important de tenir compte de la proposition des artistes qui se produisent avant et après soi. Il faut guider les spectateurs en conséquence tout en les captivant et en les surprenant par nos sélections musicales. »

L’étudiante à la maîtrise s’est longuement préparée à sa performance, entre autres en effectuant des recherches approfondies sur les nouvelles parutions et les classiques du genre, colligeant ainsi des heures de musique à partir de blogues, de YouTube, de SoundCloud et d’autres sources. Pour elle, l’effort en valait la peine.

« Bardspec fait appel à différents courants musicaux – électronique, dark wave, rock et heavy métal – ainsi qu’à des éléments et à des concepts ancrés dans la culture scandinave. Sur le plan visuel, la proposition d’Ivar évoque un mélange de nature, d’art abstrait, d’éléments graphiques runiformes et de psychédélisme. Sa performance promet d’être fascinante! »
 

 

Leticia Trandafir | Photo by Thomas Archambault Leticia Trandafir of softcoresoft | Photo : Thomas Archambault


Une union qui transcende les frontières

Directeur de maîtrise de Mme Tradafir, le Pr Chapman, a déjà assuré la première partie d’une représentation de Bardspec. « Le festival Grimposium constitue une forme tout à fait novatrice d’événement musical à vocation savante, affirme-t-il. La formule est souple pour ce qui est de l’équilibre entre le volet recherche et les éléments créatifs, comme les performances musicales et la production de documentaires artisanaux. »

Pour lui, Grimposium incarne parfaitement l’audace à laquelle doit aspirer Concordia dans la mise en œuvre de son nouveau plan stratégique.

Selon le Pr Venkatesh, le mariage entre les scènes métal québécoise et norvégienne est tout à fait naturel. D’une part, le Québec est considéré comme le haut lieu de la musique métal en Amérique du Nord. Ici, on a réussi à maintenir le cap sur la création, la reconnaissance et la promotion des valeurs complexes associées au métal underground, et ce, sans succomber à la modernisation, à la commercialisation et à l’exploitation à outrance, comme on l’a vu sur beaucoup d’autres scènes musicales. »

« D’autre part, ajoute-t-il, la Norvège est le berceau de la deuxième vague de black métal. Et, tout comme au Québec, les protagonistes de la scène norvégienne continuent de réinventer et de repenser la scène métal extrême, proposant aux adeptes à travers le monde une interprétation moderne du black métal – leurs sabots fermement plantés dans un magma blasphématoire et anticommunautaire distinct, empreint de tensions politiques. »

Quand ces deux géants nordiques se rencontrent, tout devient possible.

« Chacun devrait définir son propre métal », écrivait récemment Ivar Bjørnson dans un commentaire sur la page Facebook d’Enslaved. Moi-même, j’accorde personnellement beaucoup de valeur à ces événements [en parlant du Grimposium], où l’on mène une réflexion plus approfondie sur certains des concepts fondateurs chers aux amateurs du genre. À chacun sa façon! »


Les 2 et 3 juillet prochains, ne manquez pas le festival Grimposium, un événement interdisciplinaire sur le thème de la musique métal. Tables rondes, projection de films et spectacles musicaux en direct sont au programme.

Une présentation du documentaire Blekkmetal aura lieu le dimanche 3 juillet à 19 h, à la salle VA-114 du pavillon des arts visuels, au 1395 boulevard René-Lévesque Ouest, sur le campus Sir-George-Williams. L’activité est gratuite et ouverte au public.

À cette occasion, une table ronde spéciale examinera les possibilités et les défis liés à la création et à la distribution d’œuvres issues du cinéma indépendant. Invités : Kevin Tierney (diplômé de Concordia et producteur du long métrage Bon Cop, Bad Cop)Aisling Chin-Yee (Fluent Films); et David Hall, réalisateur de Blekkmetal.

La performance de Bardspec aura lieu le 2 juillet à 20 h, à la salle de spectacle de la coop de solidarité Katacombes. Billets vendus sur place et en ligne : 15 $.

 



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