Skip to main content
Communiqué de presse

L’esprit distrait, mais l’œil aux aguets

Selon une nouvelle recherche de l’Université Concordia, certains aspects de la vision demeureraient intacts malgré une surcharge mentale

Montréal, le 17 juin 2014 – Des panneaux publicitaires animés sur les grands boulevards, des intersections bondées de piétons… L’œil du conducteur urbain est sans cesse sollicité. Or, bien que les rues du centre-ville soient devenues le lieu de nombreuses distractions, notre capacité à traiter l’information visuelle reste inchangée depuis des millions d’années. Cela dit, l’œil de l’homme moderne arrive-t-il encore à s’adapter?

Fait encourageant, une nouvelle étude donne à penser que, même lorsque nous traitons un million d’éléments à la fois, nous demeurons sensibles à certains types de changements dans notre environnement visuel. Mieux, l’exécution d’une tâche difficile n’y change rien.

De fait, nous pouvons automatiquement déceler les changements qui surviennent de manière floue dans notre champ de vision. Dans le cadre d’une étude dont le compte rendu a été publié dans la revue Visual Cognition, des chercheurs de l’Université Concordia et des universités de l’État du Kansas, de Findlay, du Centre de la Floride et de l’Illinois en ont fait la preuve.

Au cours de leurs travaux, les membres de l’équipe de recherche se sont penchés sur la vision floue. Courant, ce problème peut être causé par divers facteurs, tels que des variations dans la distance entre les objets, ainsi que certains troubles de la vue, comme la myopie, la presbytie et l’astigmatisme.

« La vision floue est normalement compensée par un ajustement du cristallin, ce qui a pour effet de remettre l’image au point, explique Aaron Johnson, professeur au Département de psychologie de l’Université Concordia et coauteur de l’étude. Puisque des travaux antérieurs en étaient arrivés à des résultats divergents, nous voulions vérifier si la détection du flou par le cerveau s’effectuait automatiquement. »

Voici les points de vue contradictoires exposés lors d’études précédentes :

  1. La détection du flou requiert un effort mental. En concentrant notre attention sur un objet flou situé en périphérie du champ visuel, il nous est possible de faire la mise au point sur l’objet – tout comme lorsque nous procédons manuellement à la mise au point sur un appareil photo.
  2. La détection du flou est automatique. Lorsque le cerveau se heurte à une vision floue, il compense automatiquement – tout comme si nous disposions d’un appareil photo muni d’un système de mise au point automatique.

« Si le flou est détecté automatiquement, sans effort conscient de notre part, poursuit le Pr Johnson, alors l’exécution simultanée d’une autre tâche cognitive – la conduite d’un véhicule, par exemple – ne devrait pas altérer notre capacité à détecter ce flou ».

Afin de déterminer laquelle de ces deux théories est exacte, ses collègues et lui ont utilisé une nouvelle technique pour appliquer différents degrés de flou à diverses régions de l’œil.

Les chercheurs ont présenté aux participants à l’étude (des personnes ayant une vision normale ou une vision corrigée à la normale) 1 296 images distinctes; celles-ci illustraient aussi bien des forêts que des intérieurs de bâtiment. Puis, pour donner aux images deux niveaux de résolution, ils se sont servis d’une fenêtre qui se déplaçait en fonction des mouvements oculaires des sujets.

Tandis qu’ils modifiaient la résolution de l’image de floue à nette, les chercheurs ont fait exécuter aux participants des tâches mentales de différents degrés de difficulté. Or, peu importe la complexité de la tâche, la capacité des sujets à repérer le flou dans les images est demeurée intacte.

« Notre étude prouve que – tout comme d’autres aspects visuels simples, telles la couleur ou la taille –, le flou dans une image ne semble pas nécessiter d’effort mental pour être détecté », affirme le Pr Johnson.

« Le processus s’apparente à ce que nous appelons l’état de “préconscience”. Ainsi, peu d’attention, voire aucune, est nécessaire pour déceler le flou. Comme telle, cette recherche apporte des connaissances sur une fonction clé, soit la compensation du flou, que doit exécuter l’appareil visuel sur une base quotidienne. Dans mes futurs travaux, j’espère pouvoir montrer comment se modifie la détection du flou avec l’âge. »

Partenaires de recherche : Cette étude a été financée par l’Office of Naval Research des États-Unis et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.



Retour en haut de page

© Université Concordia