Skip to main content
Communiqué de presse

S’occuper de son foyer après un désastre

Selon une étude de l’Université Concordia, embellir son domicile aide à surmonter le traumatisme d’un déplacement forcé

Version anglaise

Montréal, le 17 décembre 2013 – Que ce soit durant l’Holocauste, la guerre civile cambodgienne ou la crise des réfugiés somaliens, le siècle dernier a été marqué par un grand nombre de migrations massives forcées. Selon une récente étude menée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, plus de 42 millions de personnes dans le monde sont actuellement déplacées de leur habitation.

Lorsque vient le temps de rebâtir, ces victimes de « domicide » – c’est-à-dire la destruction de leur résidence – ne reçoivent bien souvent que le strict minimum et doivent ensuite se débrouiller. « Cette aide est loin d’être suffisante », déplore Devora Neumark, diplômée doctorante depuis peu de l’Université Concordia. Dans un nouvel article publié dans Housing, Theory and Society, elle soutient que pour surmonter les traumatismes associés au domicide et recommencer à se sentir chez eux, les gens déplacés de force doivent s’adonner à des travaux d’embellissement de leur demeure.

« Il peut s’agir d’un geste aussi simple que de balayer le plancher de la cuisine ou d’utiliser une couverture ayant pour soi un sens particulier, explique la chercheuse, qui a elle-même vécu un domicide à la suite d’un incendie criminel. L’important, c’est de s’engager intentionnellement à créer la beauté dans son aspect pratique afin de se sentir davantage chez soi, et ce, malgré les difficultés croissantes que posent l’instabilité du lieu de résidence, la destruction du milieu de vie et les ruptures de relations qui accompagnent souvent ces expériences. »

Pour en arriver à cette conclusion, Devora Neumark a travaillé avec une centaine de personnes qui ont vécu, elles-mêmes ou à travers des membres de leur famille, un déplacement forcé. En participant avec elles à des productions théâtrales faisant intervenir le public et en menant des entrevues ouvertes, la chercheuse a constaté que si l’on s’efforce de transformer son nouveau lieu d’hébergement en un endroit plus familier, on peut atténuer le sentiment de déstabilisation causé par un domicide. Ce processus de familiarisation implique les objets, comme les meubles, la vaisselle, le linge de maison, les articles décoratifs et les livres, ainsi que la place qu’ils occupent dans la résidence, les habitudes liées à leur utilisation de même que les souvenirs qu’ils éveillent au fil du temps.

Cette recherche montre que le fait de choisir la beauté constitue l’un des signes les plus révélateurs de la capacité d’une personne à déterminer le cours de sa vie après le traumatisme lié au déplacement. « Après une migration forcée, faire des choix délibérés – et agir avec la conviction que ses choix sont importants – est une étape essentielle pour passer de l’état de victime à celui de survivant : ce sont là des signes de résilience », affirme la chercheuse.

 « S’occuper de l’entretien de la maison aide à créer un sentiment d’ordre, lequel s’avère crucial à la suite des traumatismes liés au déplacement, poursuit Devora Neumark. Or, la capacité d’embellir sa résidence ne vient pas du jour au lendemain. Avant d’arriver à percevoir la valeur de la beauté, les gens dont l’attachement au foyer a été rompu ou détruit doivent cesser de craindre les risques, les menaces et les dangers les plus graves associés à l’obligation de quitter leur domicile. »

La chercheuse espère que son étude inspirera d’autres travaux sur l’importance des pratiques d’embellissement du domicile dans les populations dont la situation en matière de logement est à un stade critique, notamment aux Philippines, où le typhon Haiyan a nécessité des déplacements massifs. « Vu l’intensité grandissante des nombreux conflits qui sévissent aux quatre coins de la planète, il est crucial de trouver des solutions viables pour favoriser la reconstruction afin de diminuer les conséquences à long terme pour les victimes de domicide », conclut la chercheuse.

À propos de l’étude : Le projet a été financé en partie par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Faculty Development Fund du Goddard College ainsi que l’Institut d’études juives canadiennes et l’École des études supérieures de l’Université Concordia.


Source




Retour en haut de page

© Université Concordia