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Communiqué de presse

Affronter les catastrophes en évitant les tragédies


Selon des recherches menées à Concordia, il faut intégrer le leadership et le savoir des ressources locales dans la planification des mesures d’urgence

Montréal, le 21 février 2013 – Personne ne peut prévoir les catastrophes, mais les changements climatiques poussent les communautés prudentes à s’y préparer en se dotant de plans et de protocoles d’intervention rigoureux. Les images de catastrophes récentes, comme les feux de forêt survenus en 2011 à Slave Lake, en Alberta, ou plus anciennes, comme la tempête de verglas qui a frappé en 1998 l’est de l’Ontario et le Québec, nous rappellent de façon saisissante qu’aucune région n’est à l’abri des désastres et confirment la nécessité de s’y préparer. 
 
Bill Reimer
Bill Reimer | photo de David Ward >>
 
Bien que les interventions en cas d’urgence émanent de voies officielles, de nouvelles recherches menées à l’Université Concordia montrent que les plans les plus efficaces sont ceux qui font appel aux ressources et au leadership de réseaux non officiels, tels que les groupes de bénévoles et même les familles, en plus des sources officielles habituelles comme le gouvernement provincial ou l’administration municipale. « En puisant dans le savoir local, les communautés qui intègrent un large éventail de leaders, représentant toute une gamme d’expériences, de compétences et d’atouts, sont celles qui gèrent le plus efficacement les crises », affirme Bill Reimer, professeur émérite du Département de sociologie et d’anthropologie de Concordia et auteur principal de l’article publié dans la revue Disasters. 
 
Les travaux de recherche consistaient en une étude de cas sur l’incendie survenu en 2003 à Lost Creek, dans la région du col Crowsnest, dans le sud-ouest de l’Alberta. On a recueilli les témoignages de 30 leaders de cette communauté au sujet de la façon dont ils ont modifié et ajusté leur plan d’intervention lors d’une situation d’urgence réelle qui s’est prolongée dans le temps. En matière de gestion de catastrophe, le cas de l’incendie de Lost Creek constitue un succès relatif : bien que l’incendie ait détruit un territoire de 21 000 hectares et que 2 000 résidants aient été évacués pendant la durée de l’état d’urgence, soit 31 jours, on n’a dénombré aucun décès et les cas de blessures se sont limités à quelques pompiers.
 
Si les intervenants d’urgence ont d’abord suivi les protocoles prédéfinis, c’est la manière dont le plan a évolué en fonction des changements rapides de circonstances qui constitue l’aspect le plus instructif. Le modèle hiérarchique initial s’est en effet vite aplati pour inclure plus d’intervenants : on a réuni quotidiennement des représentants de groupes de tous horizons allant des forces policières aux femmes auxiliaires. À leur tour, ces représentants ont transmis des nouvelles à leurs réseaux respectifs, qui comprenaient souvent des personnes marginalisées. Or, celles-ci n’auraient peut-être pas reçu des renseignements cruciaux autrement. De nombreux moyens de communication, dont la radio, les journaux et le bouche-à-oreille, ont été mis à contribution pour diffuser des nouvelles sur l’évolution de l’incendie. 
 
Le fait de reconnaître que les groupes informels fonctionnent et communiquent différemment du style bureaucratique caractérisant les réseaux plus formels peut aider les autorités à intégrer le point de vue de tous au moment d’une catastrophe. Lorsqu’elles laissent de côté les différences et accueillent ouvertement les contributions d’autrui, les autorités en tirent des avantages immenses. Par exemple, dans la gestion de l’incendie de Lost Creek, on note parmi les atouts inestimables les connaissances locales en matière de géographie et de repères, ainsi que le savoir des pompiers bénévoles quant aux conditions locales. La communication et la transparence sont d’autres facteurs importants qui permettent de soulager les tensions qui se créent en raison de styles de fonctionnement différents et d’amener divers groupes à travailler de concert à l’atteinte d’un but commun. 
 
Selon le Pr Reimer, les leçons tirées de Lost Creek font ressortir la nécessité de reconnaître les leaders locaux officiels et non officiels, et d’en faire des alliés dès les premières étapes de la planification des mesures d’urgence, mais surtout au moment des interventions et de la période de rétablissement. « En cas de catastrophe, le temps constitue un facteur crucial; il est donc logique de se tourner vers des leaders reconnus plutôt que de partir à zéro. De telles démarches peuvent être anticipées dans le cadre d’un plan de mesures d’urgence faisant état des besoins continus en matière de leadership, ainsi que des réseaux sociaux et des groupes les plus enclins à exercer une forme de leadership. » 
 
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