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Communiqué de presse

La fracturation hydraulique sous surveillance

Établissement de critères scientifiques de suivi de la pollution liée à l’extraction du gaz de schiste

Montréal, le 2 décembre 2013 Grâce à la technique révolutionnaire de la fracturation hydraulique, l’Amérique du Nord a ravi à l’Arabie saoudite le statut de premier producteur mondial de pétrole et de gaz, et ce, malgré les protestations incessantes des environnementalistes. Dans ce contexte, il y a lieu de se demander si le forage gazier entraîne vraiment une augmentation marquée des niveaux de pollution.

Établir une base de comparaison

Une équipe de chercheurs en géochimie de l’Université Concordia, de l’Université du Québec à Montréal et du Centre de recherche Geotop vient de mettre la dernière main à la première étude approfondie de la qualité naturelle des eaux souterraines avant toute activité de fracturation.

Son rapport, commandé par le Comité de l’évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste, attribue des valeurs de référence aux niveaux de pollution naturels. Or, en évaluant les concentrations de fond de méthane, d’éthane, de propane, d’hélium et de radon dans les eaux souterraines d’une zone où aucune activité de fracturation n’a encore eu lieu, soit les basses‑terres du Saint‑Laurent, les chercheurs pourront établir de manière définitive si la fracturation entraîne la contamination des nappes phréatiques.

Les enjeux

Yves Gélinas, coauteur de l’étude et professeur au Département de chimie de l’Université Concordia, explique : « Dans plusieurs cas aux États-Unis où des concentrations très élevées de méthane ont été détectées à proximité de sites de fracturation, on n’a pu tenir les sociétés d’énergie juridiquement responsables de la contamination parce qu’il n’existait aucune donnée sur les teneurs en gaz des  eaux souterraines avant les débuts de l’exploitation. Notre étude est la première à consigner les concentrations de gaz naturels et leurs sources, ce qui permettra une comparaison avec les données recueillies dans les sites de fracturation. »

Par conséquent, si le gouvernement décide à l’avenir de donner son aval à l’exploitation du gaz de schiste, les scientifiques seront en mesure de lier toute contamination éventuelle aux activités d’extraction.

La recherche

Aux fins de cette étude, 130 puits résidentiels ont été échantillonnés dans une région couvrant approximativement 14 000 kilomètres carrés entre Montréal, Leclercville et Trois-Rivières, ainsi que les contreforts des Appalaches.

Parmi ces échantillons, 14 pour cent affichaient des concentrations de méthane supérieures à sept milligrammes par litre, soit la teneur maximale acceptable de ce gaz dans les eaux souterraines fixée par le gouvernement du Québec. Dans la majorité des puits, le méthane se formait naturellement, c’est-à-dire que le gaz était un sous-produit bactérien émis par les sédiments de surface.

C’est dans les basses‑terres du Saint-Laurent que l’on a décelé les plus fortes concentrations d’hélium, gaz inerte souvent observé en association avec le méthane. Ces teneurs élevées sont attribuables à une formation géologique particulière caractérisée par un taux important de méthane d’origine naturelle.

On n’a observé aucune concentration de radon (gaz nocif incolore et inodore)excédant le niveau maximal admissible de radioactivité établi par Santé Canada (soit 2 000 becquerels par litre). Toutefois, 4,6 pour cent des puits présentaient une concentration supérieure à la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (soit 100 becquerels par litre).

M. Gélinas prévient que « le radon se répand facilement dans l’atmosphère, ce qui accroît les risques d’inhalation de ce gaz dans les endroits mal aérés. »

Il s’agit là d’une importante mise en garde. En effet, selon la recherche, la fracturation augmente la concentration de radon, lequel accroît les cas de cancer. « Maintenant que nous connaissons les concentrations normales de composés toxiques comme le radon dans une région donnée, poursuit M. Gélinas, nous pouvons surveiller si les teneurs de ces substances augmentent à la suite d’opérations d’extraction de gaz de schiste par les sociétés d’énergie, comme bien des gens le croient. Advenant une augmentation de la pollution, les entreprises pourront alors en être tenues responsables. »

Partenaires de recherche
Les coauteurs de cette étude sont : Daniele L. Pinti, Marie Larocque, Diogo Barnetche, Jean-François Hélie et Sophie Retailleau (tous de l’Université du Québec à Montréal); Anja Moritz et Yves Gélinas (tous deux de l’Université Concordia); ainsi que René Lefebvre (de l’INRS-ETE).


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