Les études irlandaises disposent de solides assises

Récemment, Concordia devenait le premier établissement universitaire canadien à proposer un baccalauréat ès arts en études canado-irlandaises. Tant à l’Université que dans la collectivité, la réponse à cette initiative s’est révélée des plus encourageantes.
Pour ainsi dire, cette réaction coule de source. En effet, non seulement Concordia se trouve sur le parcours du plus ancien défilé de la Saint-Patrick en Amérique du Nord et à courte distance du quartier de Griffintown, berceau historique de la communauté irlando-montréalaise, mais encore l’Université fait figure de chef de file dans le domaine des études canado-irlandaises, et ce, depuis la création du programme en 2000.
Dès ce moment, l’École des études canado-irlandaises de Concordia a pu compter sur le soutien inconditionnel des membres de la communauté irlandaise de Montréal et du Canada tout entier.
« Nous avons créé un organisme [la Fondation d’études canado-irlandaises] au sein de la communauté afin de collecter des fonds et de contribuer ainsi financièrement à l’essor des études irlandaises », explique le directeur de l’École, Michael Kenneally. Depuis qu’elle existe, la Fondation a réuni plus de 3,5 millions de dollars à l’appui des études irlandaises à Concordia.
Lors de l’annonce de la création d’une majeure en études canado-irlandaises, M. Kenneally précisait ceci : « Le nouveau programme illustre parfaitement ce qui peut être accompli lorsque les membres d’une communauté dynamique collaborent efficacement avec les autorités gouvernementales et les établissements universitaires afin d’atteindre de nouveaux objectifs. »
Du reste, le gouvernement du Québec a constamment soutenu le développement de l’École des études canado-irlandaises. Selon son ministre des Relations internationales, M. Jean-François Lisée, l’École a joué un rôle important dans le renforcement des liens qui unissent de longue date le Québec et l’Irlande.
« Sur le plan de la diplomatie d’influence, l’École représente un atout majeur, car elle favorise des échanges intellectuels, culturels et politiques des plus enrichissants, affirme M. Lisée. Grâce à l’École, de nombreux auteurs, poètes, érudits et dirigeants politiques irlandais nous ont rendu visite. De telles rencontres favorisent l’établissement d’une relation solide et mutuellement avantageuse. »
D’après M. Lisée, qui occupe également au gouvernement la fonction de ministre responsable de la région de Montréal et de la communauté anglophone, les Irlandais ont apporté une contribution essentielle à l’histoire du Québec et, plus particulièrement, à celle de Montréal. Au Défilé annuel de la Saint-Patrick, cette notion s’impose d’ailleurs comme une évidence.

« Le défilé célèbre les Irlandais, dont la contribution à l'histoire de Montréal et du Québec est essentielle, poursuit M. Lisée. L'événement offre de plus l’occasion aux Montréalais de toutes origines de célébrer dans un esprit de partage. »
Les inscrits à la nouvelle majeure qu’offre l’École des études canado-irlandaises découvriront une foule de récits sur la diaspora irlandaise et le rôle primordial qu’ont tenu les immigrants irlandais dans l’histoire de la ville.
Pour la plupart, ces nouveaux arrivants se sont installés à Montréal – plus précisément à Griffintown – au cours de la première moitié du XIXe siècle. Les hommes ont trouvé du travail dans le port ou sur les grands chantiers de construction, ceux du canal de Lachine et du pont Victoria notamment. Si la vie des familles ouvrières était difficile, de nombreux immigrants irlandais ont toutefois fait fortune durant la révolution industrielle et ont alors rejoint l’élite politique et économique de Montréal.
Pour M. Kenneally, le fait que les Irlandais appartenaient en quelque sorte aux deux camps en présence explique leur capacité à s’intégrer fructueusement dans la société montréalaise : « Ils avaient des affinités historiques et linguistiques avec les anglophones, mais leur culture et leur religion les rapprochaient des francophones. Ils exerçaient dès lors une action médiatrice ».
Dans une lettre parue récemment dans The Gazette, M. Kenneally soulignait l’importance sociopolitique de l’intégration de la population irlandaise dans la société québécoise.
« Parce qu’ils forment un groupe d’immigrants ayant réussi, les Irlandais peuvent incarner un message d’encouragement aux yeux des nouveaux arrivants et montrer à ces derniers la contribution et l’enrichissement qu’ils sont susceptibles d’apporter à la société québécoise tout en préservant leur identité culturelle. »
La communauté irlando-montréalaise a depuis longtemps quitté Griffintown et le cœur de la ville pour se déployer vers le quartier de Notre-Dame-de-Grâce et les banlieues de l’ouest de l’île. Grâce aux efforts et au dynamisme de nombreux groupes communautaires irlandais, elle a néanmoins su conserver toute sa vitalité.
« Montréal compte quelque 18 organismes irlandais, et chacun œuvre dans un domaine différent, précise M. Kenneally. Il y a ainsi une chambre de commerce irlandaise, des associations irlandaises vouées à la musique, à la langue ou aux sports dont le golf, une société de bienfaisance irlandaise d’appartenance protestante, etc. »
Parmi les plus importants de ces organismes figurent la Société Saint-Patrick de Montréal, hôte du bal et du déjeuner annuels de la Saint-Patrick, et les Sociétés irlandaises unies, organisatrices du défilé annuel.

Bon an, mal an, un demi-million de personnes assistent au Défilé de la Saint-Patrick; elles applaudissent tout autant les chars allégoriques que le retour du printemps. De l’avis de M. Kenneally, bien que l’événement soit un important acte de mémoire collectif soulignant l’apport des Irlandais à Montréal, il commémore également la diversité de la métropole.
« C’est l’occasion de rappeler aux Montréalais notre présence et notre dynamisme, de leur remémorer notre contribution à l’histoire, d’accueillir en retour leurs bons vœux comme leur participation enthousiaste, et de célébrer le multiculturalisme de notre ville », déclare-t-il.
Intégrateur en soi, et cependant foncièrement irlandais, le défilé offre une analogie évidente avec l’essor que connaissent les études canado-irlandaises à Concordia. Comme le signale M. Kenneally, « pour les étudiants, l’avantage de s’intéresser à l’Irlande et à la diaspora irlandaise réside notamment dans le fait qu’ils ont la possibilité d’analyser de nombreux enjeux, qui dépassent la question irlandaise pour trouver un écho international ».
Liens connexes:
• École des études canado-irlandaises
• Fondation d’études canado-irlandaises
• Sociétés irlandaises unies
• Article « Newly minted degree first in Canada » paru dans NOW le 16 février 2013