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La diplômée Laurence Gagné s’attachera à pérenniser la collection d’art public de l’Université Concordia

« C’est très spécial de pouvoir mener ce projet dans l’université que j’aime. »
31 octobre 2022
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Par Ian Harrison, B. Comm. 2001


Une femme aux longs cheveux bouclés et à la chemise noire sourit à la caméra. « Comparativement à de nombreux établissements, Concordia a une approche très avant-gardiste quant à la préservation de ses œuvres d’art public, explique Laurence Gagné. En tant que diplômée, je suis particulièrement fière de prendre part à cette initiative. »

Alors que des milliers d’étudiants, d’employés, de professeurs et de visiteurs déambulent quotidiennement sur les campus de l’Université Concordia cet automne, une diplômée de la Faculté des beaux-arts se consacre tranquillement à un projet qui transformera la façon dont ils perçoivent l’Université et interagissent avec elle.

Laurence Gagné, B. Bx-arts 2012, cofondatrice et présidente de DL HERITAGE et titulaire d’une maîtrise en conservation d’œuvres d’art de l’Université Queen’s, s’est donné comme mission d’aider à préserver la vaste collection d’art public de son alma mater.

Il s’agit d’une tâche herculéenne qui va bien au-delà de la simple élimination de graffitis.

« Il y a autant de techniques de conservation pour restaurer une œuvre endommagée et dégradée qu’il y a de sculptures sur le campus, explique Mme Gagné. Chacune d’entre elles nécessite des outils, des produits et des matériaux différents. C’est un domaine très spécialisé – il faut acquérir ces techniques au fil du temps, à force d’expérimentations et d’essais minutieux. »

« Comparativement à de nombreux établissements, Concordia a une approche très avant-gardiste quant à la préservation de ses œuvres d’art public et s’est montrée réceptive à nos propositions, ajoute-t-elle. En tant que diplômée, je suis particulièrement fière de prendre part à cette initiative. »

« 34 installations créées par 40 artistes »

La collection d’art public à Concordia est d’une richesse remarquable. On y trouve notamment une œuvre de Kenneth Hensley Holmden, 3 Scenes of Nymphs in Canadian Landscapes (vers 1938), exposée dans le pavillon EV, de même qu’une imposante sculpture de Marc-Antoine Côté, Montre-moi par où on commence. Dis-le-moi au creux de l’oreille (2020), qui surplombe l’entrée du Centre des sciences appliquées.

La collection de l’Université englobe des pratiques artistiques traditionnelles et contemporaines, des peintures abstraites et figuratives, des bustes en bronze, des procédés de sculpture cinétique, ainsi que des œuvres photographiques de grande dimension, et plus encore.

Sandra Margolian, responsable de l’art public à Concordia, travaille en partenariat avec Mme Gagné et l’équipe de DL HERITAGE depuis plusieurs années. En coordination avec le Service de gestion immobilière, elle a dirigé la mise en œuvre d’un plan d’entretien et de conservation afin d’assurer la pérennité de la collection permanente de l’Université.

« On dénombre 34 installations créées par 40 artistes, et toutes ces œuvres sont accessibles au public, explique Mme Margolian, qui est entrée en fonction en 2020. On en trouve à l’extérieur comme à l’intérieur, dans de nombreux pavillons, dans des tunnels, dans des atriums. Et depuis le lancement des projets d’agrandissement de nos campus au début des années 2000, la collection a plus que doublé. »

Mme Margolian ajoute que, bien qu’un certain nombre d’entreprises offrent des services de conservation, très peu d’entre elles disposent d’une équipe de professionnels accrédités, d’une expertise et d’approches diversifiées comme celles proposées par DL HERITAGE – des atouts indispensables pour préserver l’intégralité de la collection de Concordia.

La conservation d’œuvres d’art est une pratique bien établie dans certaines régions du monde, comme l’Europe occidentale, mais elle n’est pas encore très bien comprise de ce côté-ci de l’Atlantique, selon Laurence Gagné.

« Il m’arrive souvent de devoir expliquer la nature de notre profession à des clients potentiels. Un grand travail de sensibilisation est nécessaire pour faire comprendre aux gens la différence entre un artisan qui répare des œuvres d’art, par exemple, et une entreprise comme la nôtre qui suit un code déontologique afin de garantir que les œuvres sont manipulées dans les règles de l’art et dans le respect de la volonté de l’artiste. »

Les membres de DL HERITAGE travaillent sur des œuvres d'art publiques sur les campus Sir George Williams et Loyola. « Une bonne conservation permet d’assurer une préservation optimale avec un minimum de manipulations », explique Mme Gagné. À gauche : Figures en lisière par Marie France Brière. À droite : Untitled par Gerald Gladstone.

« Une seule entreprise s’occupe de tout. »

La gamme de services de conservation et d’entretien que propose Mme Gagné au sein de DL HERITAGE comprend des rapports d’évaluation des dommages et des documents décrivant avec grande précision le déroulement des travaux.

« Ces rapports sur l’état de conservation donnent un aperçu de la condition de chaque œuvre d’art et, mis ensemble, brossent un portrait global de la collection, explique Mme Margolian. Nous nous appuyons sur les observations et les analyses figurant dans ces rapports pour déterminer la fréquence des traitements de conservation, qui peuvent être réalisés annuellement, ou encore tous les trois ou cinq ans. Nous avons même une œuvre de la collection qui nécessite quatre traitements par année. »

La formation de Laurence Gagné en chimie organique et en histoire de l’art, sa vaste expérience de stages dans les musées – exigence d’admission du programme à l’Université Queen’s – et son diplôme en beaux-arts de Concordia lui ont permis de se tailler une place dans un domaine offrant un énorme potentiel de croissance.

Au-delà du savoir-faire de Mme Gagné, la force de DL HERITAGE, selon Mme Margolian, réside dans le fait que l’entreprise – qui exerce ses activités dans des locaux de 420 mètres carrés situés dans le quartier Saint-Michel – peut prendre en charge n’importe quel projet.

« Ces spécialistes sont à la fois artistes, chimistes, entrepreneurs généraux et conservateurs, précise-t-elle. Ils sont capables de travailler sur des ouvrages gigantesques, dont l’accès est parfois dangereux et difficile. Ils disposent également de l’expertise nécessaire pour manipuler de nombreux matériaux différents, et ils font leur travail avec beaucoup de soin et de fierté – ce qui représente un avantage considérable. »

« Ce ne sont pas tous les conservateurs qui ont la capacité d’accomplir autant de travaux. En effet, la plupart se spécialisent dans quelques domaines, comme les œuvres sur papier ou la peinture. J’aime pouvoir faire appel à une seule entreprise qui s’occupe de tout. »

« Lorsqu’une sculpture n’est pas entretenue, les gens la tiennent pour acquise »

Dernièrement, Mme Gagné, qui supervise annuellement de 100 à 150 projets, a dirigé les travaux de conservation menés au parc de sculptures du Centre de la nature de Laval, au jardin de sculptures du Musée des beaux-arts de Montréal et à l’École de musique Schulich de l’Université McGill, où un monument dédié à la reine Victoria retrouvera bientôt son lustre d’antan.

Quel que soit le mandat qui lui est confié, dit Mme Gagné, son approche reste la même.

« Lorsque j’entreprends un nouveau projet, mon objectif est avant tout d’acquérir une profonde connaissance des matériaux utilisés par l’artiste afin de pouvoir intervenir sur l’œuvre sans causer de dommages à long terme. Une bonne conservation permet d’assurer une préservation optimale avec un minimum de manipulations. »

Mme Gagné tire également une grande fierté de ce qu’elle considère comme la mission sociale de sa profession.

« Lorsqu’une sculpture n’est pas entretenue, les gens ont tendance à l’oublier ou à la tenir pour acquise. Nous accomplissons notre travail avec beaucoup d’amour pour que, soudain, les gens s’arrêtent pour contempler une œuvre, admirer son éclat et s’imprégner du message de l’artiste. C’est très spécial de pouvoir mener ce projet à Concordia, cette université que j’aime et qui est mon port d’attache. »



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