L’avènement d’un monde fondé sur les énergies renouvelables exige non seulement la production de celles-ci, mais aussi leur stockage.
« L’avènement d’un avenir décarboné passe impérativement par un stockage durable de l’énergie », souligne Jean-Philippe Castonguay, B. Ing. 2010, associé et directeur, Systèmes d’alimentation et de stockage hors réseau, au sein du cabinet BBA Consulting. Disposant de bureaux un peu partout au Canada, ce cabinet élabore des stratégies d’ingénierie axées sur la durabilité.
Imaginez une ferme céréalière entièrement alimentée par des éoliennes. Qu’advient-il de l’énergie en trop produite par celles-ci les jours de grand vent? Sans solution de stockage, elle est perdue. En revanche, une fois stockée, cette énergie peut servir à alimenter la ferme quand le vent souffle moins. C’est pourquoi les progrès en matière de stockage de l’énergie constituent une « avancée technologique majeure » selon Andreas Athienitis, directeur du CZEBS, qui travaille à réduire l’impact environnemental des bâtiments.
Malgré le développement de nombreuses technologies de stockage de l’énergie, comme les supercondensateurs, le stockage de celle-ci dans des batteries a une longueur d’avance. Rien qu’en 2020, 5,5 milliards de dollars américains ont été investis pour prolonger la vie des batteries.
L’amélioration du stockage dans des batteries contribuera également à la décentralisation du réseau électrique. Il sera en effet moins essentiel de disposer d’une centrale à charbon pour alimenter telle ou telle région une fois que de multiples éoliennes, panneaux solaires et autres dispositifs producteurs d’énergies renouvelables seront raccordés au réseau.
« La solution passe par la conception intelligente de systèmes de production et de stockage de l’énergie », affirme Karim Zaghib, lauréat 2022 du prix Kalev Pugi décerné par Society of Chemical Industry (SCI) Canada.
M. Zaghib a récemment été nommé président de la conférence de l’International Meeting on Lithium Batteries prévue à Montréal en 2026. « Cette conférence, dit-il, permettra d’élargir le rayonnement du Québec et du Canada dans le domaine des batteries au lithium. C’est formidable de pouvoir faire découvrir au monde l’importance que Concordia attache à l’économie verte circulaire, à la durabilité et à la recherche. »
Mme Cowan, d’Enapter, ajoute que les progrès vers une économie verte exigent une approche modulaire. « La conception de systèmes qui s’emboîtent, comme des blocs Lego, est essentielle au passage aux énergies renouvelables », indique-t-elle.
Les véhicules électriques pourraient être utilisés pour stocker de l’énergie selon Luiz A. C. Lopes, professeur à Concordia, dont les travaux de recherche portent sur les moyens d’intégrer davantage d’énergies renouvelables à notre panier énergétique. « Pendant la recharge d’un véhicule électrique à l’arrêt, sa pile au lithium pourrait servir à alimenter en partie un foyer, ou une série de foyers interconnectés », dit-il.
Il sera essentiel de disposer de batteries améliorées pour réinjecter l’énergie stockée dans le réseau électrique afin d’assurer une alimentation efficace au bon endroit et au bon moment – par exemple, pour faire face à un pic de consommation dans un quartier grâce à l’énergie solaire produite dans une banlieue proche.
« Le stockage de l’énergie vise à assurer une alimentation stable malgré la production intermittente d’énergie solaire ou éolienne, par exemple », précise M. Proulx.
« Il n’y a pas de solution miracle »