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Un peu de l’Université Concordia dans la course aux Oscars

La nuit des rois a été coproduit par la société Périphéria de Yanick Létourneau
15 avril 2021
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Par Maeve Haldane, BFA 91


black and white photo of Yanick Létourneau, standing with his arms crossed, wearing a turtleneck Yanick Létourneau, BA 96 | Photo: Viven Gaumand

Pour Yanick Létourneau, B.A. 1996, avoir un film sur la courte liste en vue des nominations aux Oscars est aussi extraordinaire que le récit raconté par La nuit des rois (Night of the Kings).

Sa société montréalaise Périphéria a coproduit le film, reconnu par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences dans la catégorie du meilleur film étranger.

« À la lecture du scénario, j’ai vu qu’il s’agissait d’un film comme nul autre », se rappelle-t-il.

Ce film de la Côte d’Ivoire, dirigé par Philippe Lacôte, raconte l’histoire d’un jeune homme incarcéré à la MACA (la tristement célèbre Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) la veille de la nuit de la lune rouge. À son arrivée, il est choisi par le caïd de la prison pour tenir les détenus en haleine toute la nuit en leur racontant une histoire. L’enjeu : survivre.

Même s’il se déroule dans une prison, le film ne verse pas dans la violence. Il s’agit plutôt d’une œuvre immersive et poétique, selon M. Létourneau. « Il vous transporte dans un autre monde, quelque part entre le théâtre et une ambitieuse production hollywoodienne. »

Pour La nuit des rois, Périphéria s’est occupée de pourvoir à plusieurs postes importants, notamment à la direction photo, au montage, à la composition musicale, au montage de la bande sonore et à l’éclairage. M. Létourneau est fier que les membres de son équipe technique aient contribué, grâce à leur savoir-faire, à concrétiser la vision du réalisateur. En outre, Neon, la société cinématographique et de distribution derrière le film sud-coréen oscarisé Parasite, distribue également La nuit des rois en Amérique du Nord, ce que M. Létourneau considère déjà comme une victoire.

Yanick Létourneau, en compagnie de Leslie Dabit, responsable du développement chez Périphéria, écoutant des propositions de projet.

Parcours formateur à Concordia

Originaire de la région d’Ottawa, Yanick Létourneau a déménagé à Montréal afin de faire des études au Cégep de Saint-Laurent, réputé pour son programme de cinéma. Pour ses études universitaires, il s’est tourné vers le programme de communication de Concordia avec spécialisation en cinéma. Un choix heureux.

Selon lui, il était alors comme une éponge, s’intéressant à la psychologie, à la sociologie, à la sémiologie et à la culture, et a découvert qu’un film en révèle tout autant sur les personnes derrière la caméra que sur celles qui sont devant.

Il dit que c’est le regretté Harry Gulkin, son professeur de production cinématographique à Concordia, « un producteur montréalais de la vieille école qui a collaboré à des films formidables », qui l’a initié à la créativité, à la responsabilité et à l’importance du rôle de producteur. Contrairement aux réalisateurs, monopolisés par un projet qui peut durer des années de la conception à la mise en marché, les producteurs peuvent travailler à plusieurs projets simultanément.

Le cours Race, ethnicité et médias a eu sur lui une influence particulière. « C’était en 1994! Aujourd’hui, on commence à peine à aborder ce sujet au Québec. » Militant qui s’intéresse depuis longtemps à la politique mondiale, M. Létourneau s’est passionné très tôt pour divers genres de musique et de cinéma. Dans sa jeunesse, il a travaillé pour le festival montréalais Vues d’Afrique et rendu visite à sa mère au Burkina Faso – deux événements qui ont changé sa vie.

« Le Québec accuse du retard au chapitre de la race et de la représentation des minorités dans les médias, devant et derrière la caméra », croit-il. L’objectif de son entreprise, Périphéria, est d’atteindre un taux de représentation de 30 pour cent des personnes noires, autochtones, de couleur et LGBTQ+ au sein des équipes cinématographiques et du contenu produit.

Reconnaître l’immense talent que nous possédons

Après l’obtention de son diplôme, M. Létourneau a été cadreur bénévole à la télévision communautaire, puis a décroché des contrats pour de petites sociétés de production de documentaires pour ensuite occuper un emploi à Cinar. Lorsqu’un scandale de fraude a eu raison de l’entreprise en 2000, M. Létourneau a créé Périphéria avec Diego Briceño-Orduz. Sa société se spécialisait alors dans le tournage de vidéoclips hip-hop.

La première œuvre de M. Létourneau à titre de producteur et de réalisateur est Chronique urbaine, un documentaire intimiste sur Kamenga Mbikay, alias Sans Pression, artiste hip-hop de la Rive-Sud de Montréal d’origine congolaise. « Il avait vendu 35 000 albums, mais aucun média grand public du Québec n’en avait entendu parler », se rappelle-t-il.

Il déplore que les artistes à la peau noire ou brune soient presque absents de la scène musicale du Québec. « Seule une très petite proportion de ce talent est célébrée et mise de l’avant. Il s’agit d’une perte immense – pour les jeunes, la culture québécoise et la culture francophone. Le Québec doit renouveler sa culture et reconnaître l’immense talent qu’il possède.

M. Létourneau souhaite faire entendre une plus grande diversité de voix et de points de vue à un public plus vaste. Il collabore actuellement avec le militant et documentariste Will Prosper. Le sujet : le racisme systémique au Québec, présenté sous l’angle de l’affaire Fredy Villanueva, abattu par des policiers à Montréal-Nord en 2008.

« Je suis un Blanc privilégié et instruit qui jouit d’un bon réseau. Je souhaite me servir de tout cela afin de contribuer à changer le monde dans lequel nous vivons, ou du moins le Québec. »



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