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Des étudiantes et des diplômées de l’Université Concordia contribuent à l’autochtonisation des espaces urbains en organisant un camp d’une semaine consacré au tannage de peau d’orignal

Le collecif Buckskin Babes reçoit un financement du Centre SHIFT pour la transformation sociale pour son travail axé sur l’apprentissage intergénérationnel, la guérison et la réappropriation culturelle
Brooke Rice et Gracie Ratt travaillant une peau d’orignal. | Photo : Emma Harake
Brooke Rice et Gracie Ratt travaillant une peau d’orignal. | Photo : Emma Harake

Le collectif urbain Buckskin Babes de tannage de peau d’orignal a récemment organisé son troisième camp de tannage, qui a eu lieu dans la cour arrière du Bâtiment 7, un espace communautaire situé dans le quartier Pointe-Saint-Charles de Montréal.

Tenu en mai, l’événement a réuni des jeunes et des personnes aînées de différentes communautés autochtones du Canada et a permis de créer un espace propice à l’apprentissage intergénérationnel, à la guérison et à la réappropriation culturelle. L’initiative était en partie financée par le Centre SHIFT pour la transformation sociale de l’Université Concordia.

Le camp de tannage de peau d’orignal Buckskin Babes	Le camp de tannage de peau d’orignal Buckskin Babes

« Faire revivre les pratiques culturelles autochtones »

Le collectif Buckskin Babes a vu le jour à l’initiative d’un groupe de personnes autochtones étudiantes et diplômées de l’Université. Le collectif s’est donné pour but de faire revivre les pratiques culturelles autochtones et les traditions axées sur le territoire en les rendant accessibles aux Autochtones vivant en milieu urbain.

Le groupe concentre son intervention sur le tannage de peau d’orignal, une pratique artisanale traditionnelle qui nécessite plusieurs mains, et privilégie la transmission intergénérationnelle des savoirs.

« Notre action consiste à demander aux gens de communiquer leur savoir, pour que nous puissions apprendre à connaître et nous réapproprier notre territoire, nos langues, nos pratiques médicinales et alimentaires ainsi que notre culture », affirme Autumn Godwin, nihithaw iskwew de la Montreal Lake Cree Nation, située sur le territoire du Traité no 6, au nord de la Saskatchewan.

Actuellement candidate à la maîtrise ès arts en études individualisées à Concordia, Autumn Godwin mène des recherches sur la résurgence des pratiques culturelles autochtones. Cofondatrice des Buckskin Babes, elle s’emploie activement à créer des espaces générateurs pour les Autochtones en milieu urbain.

La diffusion des fruits de ses recherches est l’une des façons dont elle conçoit sa contribution au processus de décolonisation.

Debbie Cielen est Métisse-Saulteaux de Winnipeg, conteuse et mère de Dayna Danger. | Photo : Carlos Mondragon Debbie Cielen est Métisse-Saulteaux de Winnipeg, conteuse et mère de Dayna Danger. | Photo : Carlos Mondragon

Rassembler les communautés

Les peaux utilisées lors du camp de tannage provenaient de divers endroits, notamment de Kahnawà:ke ainsi que des communautés crie et mi’kmaq. Le partage de ces peaux lors du tannage constitue une occasion unique de tisser des liens entre les générations et de vivre des expériences au contact d’autres communautés.

Brooke Rice, Kanien’keha: ha de Kahnawà:ke, est également étudiante au programme d’études individualisées. Elle indique que ce projet est né d’un intérêt commun découvert lors de discussions entre pairs au Centre étudiant Qtsenhákta de Concordia.

« J’ai vraiment commencé à m’intéresser à cette activité en 2018, à la suite de ma première chasse à l’orignal, où j’ai pu voir les superbes peaux que les gens récoltaient », raconte Brooke Rice.

« Plus tard, j’ai abordé le sujet au centre, et les réactions ont fusé : « Ma tante sait comment faire ça; ma mère connaît cette pratique; ma grand-mère peut nous l’enseigner. » C’est ainsi que l’idée a germé, en prenant conscience que nous pouvions rassembler des gens et les inviter à nous faire partager leur savoir. »

Pour favoriser la transmission des savoirs entre les générations et les communautés, tout en approfondissant les relations de nation à nation, le collectif a adopté une approche résolument axée sur la collaboration, la réciprocité et la bienveillance.

Le camp est la preuve que la pratique collaborative du tannage et de la transformation des peaux en cuir favorise un sentiment d’unité et permet aux personnes participantes de se familiariser avec différentes traditions et techniques.

« Au cours des cinq derniers jours, j’ai pu observer la médecine du cœur à l’œuvre chez tous les participants ainsi qu’un enthousiasme généralisé. C’est comme si nous rassemblions toutes les parties du cœur de l’île de la Tortue qui sont éparpillées un peu partout au Canada », indique Debbie Cielen. « J’ai vu les gens se rapprocher, rire ensemble dès la première rencontre, s’accueillir mutuellement et créer des liens les uns avec les autres ainsi qu’avec les aînés. »

Debbie Cielen est Métisse-Saulteaux de Winnipeg et mère de Dayna Danger, cofondatrice des Buckskin Babes et titulaire d’une maîtrise ès beaux-arts de Concordia.

Autumn Godwin: “Guests from Kitigan Zibi and Indigenous youth and « Des invités de Kitigan Zibi, des jeunes Autochtones et des étudiants du collège Dawson se sont joints à nous. Ils possèdent des connaissances, alors je les considère comme nos professeurs », affirme Autumn Godwin. | Photo : Emma Harake Autumn Godwin: “Guests from Kitigan Zibi and Indigenous youth and « Des invités de Kitigan Zibi, des jeunes Autochtones et des étudiants du collège Dawson se sont joints à nous. Ils possèdent des connaissances, alors je les considère comme nos professeurs », affirme Autumn Godwin. | Photo : Emma Harake

Faire revivre les pratiques traditionnelles

« Lorsque je pense à l’impact de notre action, j’aime employer le mot renaissance. Nous redonnons vie à notre esprit lorsque nous accomplissons ce type de travail, et cela vaut autant pour nous que pour les jeunes qui vivent en milieu urbain », soutient Autumn Godwin.

« Et je dis renaissance parce que ces traditions étaient dormantes à l’intérieur de nous; lorsque nous nous organisons et rassemblons les gens afin de mettre en commun nos connaissances, nous nous remémorons les pratiques ancestrales. »

Eleanor Hegland, tante d’Autumn Godwin, est d’accord pour dire qu’il y a eu coupure avec le passé.

« En raison des pensionnats, nous avons découvert plus tard dans la vie des choses que nous aurions dû apprendre à un plus jeune âge », observe-t-elle. « Étant donné que nous avons perdu tout cela, beaucoup de gens sont en manque de repères. »

Eleanor Hegland est issue de la bande indienne de Lac La Ronge. « Je suis très reconnaissante de l’existence de ce camp. C’est presque comme si on avait sauté deux générations, celle de ma mère et la mienne », ajoute-t-elle.

« Et maintenant c’est Autumn, c’est sa génération qui prend cette initiative. »

Un impact durable

En 2022, le Centre SHIFT a versé aux Buckskin Babes un montant de 15 000 $ dans le cadre de son programme de financement fondé sur la présentation de demandes. Le programme soutient plus particulièrement les projets émanant des communautés qui visent des changements systémiques.

Selon le jury, le collectif s’est distingué par rapport aux autres candidats en raison des moyens novateurs qu’il proposait pour autochtoniser les espaces urbains. L’importance accordée par le collectif à l’apprentissage intergénérationnel et à la réappropriation culturelle ainsi qu’à la transmission les valeurs et des savoirs traditionnels aux futures générations a été particulièrement inspirante pour le jury.


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