Inspiration animalière
L’exposition réunit non seulement les œuvres de deux collaborateurs qui emploient le même médium, mais aussi deux artistes fascinés par le monde animal.
« Nous utilisons tous les deux les animaux comme catalyseurs et sujets de nos œuvres, précise Mme Baxter. Elles traitent de la nature à travers notre amour et nos observations de la nature. »
Riopelle a produit de nombreuses images de la faune québécoise, qui le passionnait. Des figures d’oies, de hiboux, de gibiers et même d’animaux de ferme dominent fréquemment ses gravures et ses peintures. Pour sa part, Baxter s’est penchée sur une tout autre bête qui côtoie souvent de près le genre humain : le rat.
Dans sa série d’expositions RatKind, elle place ce rongeur mal-aimé au cœur d’un commentaire sur l’actualité et l’avenir, imaginant une Terre irrémédiablement ruinée par l’être humain où les rats auraient pris le contrôle et appris à vivre en harmonie avec la nature. La série comportera des gravures, des impressions numériques, des xylographies, des vidéos et des sculptures.
Bonnie Baxter décrit RatKind comme un commentaire à la fois sur sa propre peur des ravages et de la disparition éventuelle de la beauté naturelle causés par les changements climatiques et sur la peur de l’autre propre à l’humanité. Elle indique avoir eu de la difficulté à exposer cette série en raison de sa thématique et des réactions très négatives que suscitent les rats chez un nombre étonnamment élevé de personnes.
« J’ai été choquée et fascinée de voir que certaines personnes détestent les rats de manière viscérale, confie-t-elle. J’ai l’impression que ce genre de peur de la différence est à l’origine du racisme. Or, en n’affrontant jamais la peur, nous ne pourrons jamais la surmonter et évoluer comme société. »
En immersion totale
De 1985 à 1992, tout en enseignant à l’Université Concordia, Mme Baxter a vécu huit années étourdissantes de créativité et d’aventures où elle collaborait avec Riopelle. L’art et la vie étaient indissociables.
« Avec Jean Paul, il n’y a jamais eu de distinction. Il n’était pas question de travailler dans le studio de neuf à quatre, puis d’aller manger. Le travail, la vie et l’art, cela ne faisait qu’un. Nous étions toujours dans le studio pour travailler, manger, boire et voyager. C’était une immersion totale dans la vie et l’art, et la manière de les conjuguer. Nous étions animés par cela, ainsi que par une volonté commune de bafouer les règles pour les réinventer de manière ludique. »
Apprivoiser la bête est à l’affiche du 2 février au 23 avril au Musée des beaux-arts de Sherbrooke.
Renseignez-vous sur l’exposition Jean Paul Riopelle / Bonnie Baxter. Apprivoiser la bête.