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Une étudiante au doctorat de l’Université Concordia s’intéresse aux aspects positifs et négatifs de la téléthérapie

Ghalia Shamayleh, chercheuse engagée, explore le milieu en pleine expansion des soins numériques en santé mentale
15 novembre 2022
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« Les avancées technologiques pourront uniquement fonctionner si elles reproduisent ou améliorent la qualité du service que les personnes souhaitant suivre une thérapie reçoivent en personne », affirme Ghalia Shamayleh.
« Les avancées technologiques pourront uniquement fonctionner si elles reproduisent ou améliorent la qualité du service que les personnes souhaitant suivre une thérapie reçoivent en personne », affirme Ghalia Shamayleh.

Le recours à la thérapie en ligne a explosé depuis le début de la pandémie de COVID-19, en 2020. Les premières restrictions imposées sur les rencontres en personne ont contraint les patients qui suivaient déjà une thérapie à étudier les possibilités de traitement à distance avec leurs fournisseurs de soins. Parallèlement, les nombreux facteurs de stress associés à la pandémie ont créé une nouvelle demande.

Ce phénomène, conjugué à l’inquiétude suscitée par la crise climatique, les conflits politiques et l’instabilité économique, a créé un énorme marché pour les entrepreneurs, ainsi que des possibilités croissantes de téléthérapie pour le public.

Les travaux menés par la chercheuse engagée Ghalia Shamayleh examinent l’incidence de la numérisation de la thérapie sur la prestation des soins en santé mentale, à la fois pour les fournisseurs de soins et leur clientèle.

Plus précisément, dans le cadre de sa thèse de doctorat en marketing, Ghalia Shamayleh se penche sur ce que l’on appelle les affordances, c’est-à-dire les possibilités et les limites des capacités offertes par les technologies aux utilisateurs. Elle étudie plus particulièrement comment les affordances des plateformes de soins en santé mentale facilitent ou entravent la thérapie.

« Je veux que les développeurs d’applications et les thérapeutes comprennent l’incidence des plateformes sur la relation et les interactions entre les thérapeutes et leur clientèle. »

Comment mesurez-vous l’affordance lorsqu’il s’agit de services thérapeutiques numériques?

Ghalia Shamayleh : À titre de chercheuse qualitative, j’étudie ce phénomène à l’aide de plusieurs méthodes. Je commence par la méthode pas-à-pas, mise au point par Stefanie Duguay, professeure adjointe au Département de communication.

Grâce à cette approche, j’explore les applications numériques consacrées à la santé mentale comme si j’étais une utilisatrice et j’étudie les possibilités qu’elles offrent à travers leur interface et leurs fonctionnalités. J’applique cette méthode en examinant comment la plateforme peut être perçue par ses utilisateurs.

Il s’agit d’une étape clé que j’entreprends avant de mener des entrevues afin de me familiariser avec la plateforme et d’adapter mes questions à la plateforme développée ou utilisée par mes participants. Mes entrevues seront réalisées auprès d’entrepreneurs, de thérapeutes et de personnes souhaitant suivre une thérapie. Les entrevues présentent des données qui nous aideront à mieux comprendre comment la plateformisation influe sur la thérapie en tant que service et expérience – représentant à la fois un atout et un inconvénient.

Quels sont les aspects positifs et négatifs de la téléthérapie?

G. S. : La commodité est un atout majeur pour les gens puisqu’ils n’ont pas besoin de se déplacer et peuvent accéder à des services thérapeutiques depuis n’importe où et sous de multiples formes, que ce soit en suivant un exercice de méditation enregistré sur une application thérapeutique ou en envoyant un message texte à leur thérapeute sur la plateforme.

La téléthérapie élimine également l’obligation de se rendre dans un endroit public pour bénéficier de ces services. La santé mentale demeure un enjeu stigmatisé; c’est pourquoi cette forme de prestation de soins peut contribuer à réduire ces obstacles.

En plus des problèmes de violations potentielles de la vie privée, en ce qui concerne les aspects négatifs, les participants avec qui je me suis entretenue ont fait part d’une forme d’attachement à l’espace physique au sein duquel ils accèdent à des soins en santé mentale. Cet espace peut être réconfortant, car il peut permettre aux personnes suivant une thérapie de compartimenter les soins qu’elles reçoivent dans le cabinet de leur thérapeute, et de les laisser derrière elles à la fin du rendez-vous. De plus, certains participants ont indiqué que le trajet pour se rendre au cabinet de leur thérapeute leur manquait, puisqu’il leur permettait de se préparer mentalement et de réfléchir à ce dont ils souhaitaient parler pendant leur séance.

Le manque d’espace privé pour suivre une séance de thérapie à domicile constitue une autre préoccupation dont mes participants ont fait part. Certaines personnes vivent avec leur famille ou avec des colocataires qui pourraient entendre les conversations, et cela peut les dissuader d’accéder à des services de thérapie en ligne.

Quel genre d’incidence souhaitez-vous que votre recherche ait?

G. S. : La thérapie est un service basé sur les émotions; c’est pourquoi je veux que les développeurs d’applications et les thérapeutes comprennent l’incidence des plateformes sur la relation et les interactions entre les thérapeutes et leur clientèle, sur l’expérience thérapeutique et ses résultats. Les avancées technologiques pourront uniquement fonctionner si elles reproduisent ou améliorent la qualité du service que les personnes souhaitant suivre une thérapie reçoivent en personne.

J’aimerais également que mes recherches incitent le gouvernement et les décideurs politiques à réguler les plateformes de soins en santé mentale afin de protéger la vie privée de leurs utilisateurs et, à terme, à intégrer ces services dans le système de santé public.


Apprenez-en plus à propos des recherches de Ghalia Shamayleh lors de l’événement
A Conversation about the Platformization of Mental Health Care (« conversation à propos de la plateformisation des soins en santé mentale »), qui aura lieu le 25 novembre à ESPACE 4 (1400, boulevard de Maisonneuve Ouest) et sera diffusé en ligne.

 



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