Les poissons restants ont été maintenus dans leurs bassins en l’absence de toute autre perturbation pour une période de 11 jours supplémentaires, jusqu’à ce qu’eux aussi soient retirés de leur milieu pour analyse.
Les résultats ont montré que le cerveau des poissons augmente de taille lorsque ceux-ci sont exposés de façon répétée à des indices évoquant une prédation, mais que le phénomène s’inverse lorsqu’on retire ces signaux. Les chercheurs n’ont pu déterminer si cette inversion est attribuable à un ralentissement de la croissance du cerveau ou si elle est le résultat d’une récupération du reste de l’organisme du poisson, maintenant qu’il dispose d’une énergie supplémentaire.
« Nous nous attendions à observer ce phénomène d’inversion. En effet, la neurogenèse – c’est-à-dire la production de neurones dans le cerveau qui entraîne la croissance de l’organe – est extrêmement gourmande en énergie », explique le Pr Brown. Si un animal n’a pas besoin de produire de neurones supplémentaires dans le cadre d’un mécanisme de survie, il utilisera cette énergie pour croître et gagner en force ou en maturité sexuelle. Cette expérience, soutient le Pr Brown, est évocatrice d’une neuroplasticité réversible. » Cette étude vient s’ajouter aux travaux menés par Brendan Joyce, un doctorant membre de l’équipe du Pr Brown, qui a observé des changements similaires dans la morphologie du cerveau chez le ventre-rouge du Nord adulte et le saumon de l’Atlantique juvénile.
« Il y a vingt ans, les biologistes de l’évolution qui étudiaient la prise de décisions comportementales chez l’animal disaient “L’animal va faire ceci ou cela”. Aujourd’hui, il est plus juste de dire “L’animal peut faire ceci ou cela”, selon les signaux environnementaux qu’il reçoit », ajoute le Pr Brown. « Les variations sur le plan de l’environnement, de la disponibilité de la nourriture, de l’accouplement, de la prédation… Toutes contribuent à régir la manière dont un animal utilise son énergie. C’est le principe de la plasticité. »
Le soutien financier de cette étude a été fourni par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Programme de subventions à la découverte.
Lisez l’article cité (en anglais seulement) : Predation Cues Lead to Rapid Changes in Brain Morphology of Juvenile Convict Cichlids (Amitatlania nigrofasciata).