Même un stockage temporaire est utile
Bien que le stockage du carbone par des moyens naturels puisse sembler évident et relativement facile à mettre en œuvre, il ne faut pas le considérer comme une solution permanente, prévient M. Matthews. Une bonne partie du carbone stocké dans la nature pourrait être relâchée dans l’atmosphère en raison de l’activité humaine ou de perturbations, comme celles provoquées par les incendies de forêt. Mais même si de telles situations se produisent, un stockage réussi du carbone au cours des prochaines décennies pourrait avoir un effet modérateur sur la hausse des températures planétaires.
Les chercheurs ont utilisé un modèle de climat planétaire pour évaluer l’effet du stockage terrestre du carbone en fonction de différents scénarios d’émissions et selon divers degrés de décarbonation. Les résultats indiquent que si les émissions augmentent de façon modérée au cours des prochaines décennies, puis diminuent graduellement, le stockage temporaire du carbone par des moyens naturels retarde la hausse des températures, mais n’en réduit pas l’ampleur.
Un autre scénario, qui implique une réduction considérable des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à la carboneutralité en 2050, est plus encourageant : il indique que les températures atteindront un sommet au milieu du siècle, puis diminueront. Selon ce scénario, les mesures d’élimination du carbone par des moyens naturels rendront le sommet des températures moins élevé, ce qui contribuera à limiter la hausse aux objectifs établis par l’Accord de Paris.
M. Matthews affirme que ces mesures, lorsqu’elles sont bien conçues, offrent de nombreux avantages, outre celui de contribuer à atténuer les changements climatiques.
« Cela pourrait nous inciter à revoir le rapport que nous entretenons avec le monde naturel. La remise en état ou la conservation des écosystèmes peut aussi se révéler bénéfique pour la biodiversité, l’eau et la qualité de l’air. De plus, elle peut présenter des avantages sur le plan social. Les solutions basées sur la nature doivent respecter les droits territoriaux des Autochtones, mais elles pourraient également être prises en charge par les communautés autochtones elles-mêmes. Toutes les parties en ressortiraient gagnantes. »
L’étude a été coécrite par Kirsten Zickfeld, Alexander MacIsaac et Sabine Mathesius de la Simon Fraser University, Mitchell Dickau et Claude-Michel Nzotungicimpaye de Concordia et Amy Luers de Microsoft.
L’étude a été réalisée avec le soutien financier de Microsoft Corporation et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).
Lisez l’étude citée : « Temporary nature-based carbon removal can lower peak warming in a well-below 2˚C scenario »