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Malgré les réussites, la situation des femmes en matière d’emploi est de plus en plus menacée en raison de la COVID-19, indique une recherche

Une étude de l’École de gestion John-Molson révèle que les femmes font les frais des pertes d’emploi même si l’inclusion accroît le rendement
1 mars 2022
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De l’atelier à la haute direction, les femmes ont vu leurs gains récents au chapitre de l’égalité en milieu de travail s’éroder sous l’effet de la crise sanitaire en cours. Et ce, malgré l’existence d’un lien direct entre le caractère inclusif d’un milieu de travail et les bons résultats financiers.

Dans un nouvel article publié dans la revue European Journal of Business Management Research, des chercheurs de l’Université Concordia avancent que bien que les entreprises reconnaissent cet effet bénéfique, elles sont trop nombreuses à avoir abandonné leurs pratiques d’inclusion dans la foulée de la pandémie. Or, ce renoncement n’est pas seulement mauvais pour les femmes, écrivent-ils. Il le sera aussi pour la croissance et la rentabilité futures de ces entreprises.

« Comme nous le montrons dans l’étude, les femmes sont 12 fois plus susceptibles de quitter leur emploi pour prendre soin de membres de leur famille, qu’il s’agisse d’enfants ou de parents âgés. Et si elles restent, elles peuvent voir leur carrière pâtir de leur capacité réduite à se concentrer sur leur travail », affirme la coauteure de l’article, Shirin Emadi-Mahabadi (MBA 2021). « À long terme, les mises à pied et les démissions massives des femmes n’auront pas seulement une incidence néfaste sur le PIB à l’échelle mondiale. Elles anéantiront aussi les progrès réalisés avant la pandémie. »

Shirin Emadi-Mahabadi Shirin Emadi-Mahabadi : « Les mises à pied et les démissions massives des femmes n’auront pas seulement une incidence néfaste sur le PIB à l’échelle mondiale. Elles anéantiront aussi les progrès réalisés avant la pandémie. »

Risques multiples

Les chercheurs ont examiné des dizaines de rapports sur la dynamique en milieu de travail établis par des sociétés mondiales de conseil en gestion telles que McKinsey & Company et Deloitte, ainsi que de grandes banques comme la RBC.

Or, d’après les conclusions de ces analyses, la pandémie a eu divers effets négatifs sur la situation des femmes en milieu de travail. Selon un des rapports, les emplois des femmes étaient 19 pour cent plus à risque que ceux des hommes, car celles-ci sont représentées de façon disproportionnée dans des secteurs vulnérables à la crise de la COVID-19. Dans un autre rapport, il est estimé que le PIB mondial diminuera de mille milliards de dollars d’ici 2030 si aucune mesure n’est prise pour réduire les pertes d’emploi des femmes. Cependant, selon le même rapport, le fait de donner accès aux femmes et aux membres de groupes minoritaires à des technologies de télétravail et à d’autres mesures pourrait ajouter jusqu’à 13 mille milliards de dollars au PIB mondial.

Les emplois des femmes sont aussi plus menacés par l’automatisation, qui s’est accrue durant la pandémie. L’automatisation a touché les hommes et les femmes quasi également, mais les hommes ont de meilleures chances de bénéficier d’une nouvelle formation et d’être rembauchés, tandis que les femmes se heurtent à des obstacles traditionnels les empêchant d’acquérir de nouvelles compétences.

De plus, selon les chercheurs, la pandémie a affaibli les mesures existantes visant l’inclusion et la diversité. Or, Mme Emadi-Mahabadi souligne que ces mesures ne suffisaient déjà pas pour atteindre les objectifs déclarés, et ce, depuis bien avant la COVID-19. Elle s’inquiète que les entreprises utilisent la crise de santé publique comme prétexte pour freiner ou éliminer tout progrès déjà réalisé, aussi modeste soit-il.

« L’abandon de ces mesures ne causera pas de problèmes à court terme, juge-t-elle. Mais dans cinq ou dix ans, lorsque la prochaine crise surviendra, où en serons-nous alors? »

Steven Appelbaum Steven Appelbaum : « Les recherches montrent qu’en vous abstenant d’accroître l’inclusion, vous vous privez des personnes qui ont l’ensemble de compétences nécessaires pour gérer la pandémie. »

Des travailleuses et travailleurs plus heureux travaillent mieux

Les auteurs ont également trouvé de nombreuses études montrant que les femmes titulaires de postes de haute direction et de gestion ont souvent un rendement supérieur à celui de leurs homologues masculins. Cet écart, avance l’auteur principal Steven Appelbaum, professeur de gestion à l’École de gestion John-Molson, est attribuable en grande partie à des traits en matière de leadership plus souvent affichés par les femmes dirigeantes : comportement inspirant; prise de décision participative; établissement d’attentes et de récompenses; perfectionnement du personnel; et modèle de rôle avantageux. Ces qualités se distinguent, selon lui, de l’approche axée sur le moi fréquemment observée chez les hommes gestionnaires, qui tendent à imposer leur volonté par la menace.

« Les pays qui ont le mieux géré la pandémie, comme la Nouvelle-Zélande, sont dirigés par des femmes », fait remarquer le professeur Appelbaum. « Les recherches montrent qu’en vous abstenant d’accroître l’inclusion, vous vous privez des personnes qui ont l’ensemble de compétences nécessaires pour gérer la pandémie. »

Malgré ces vents contraires pour les femmes, Shirin Emadi-Mahabadi et Steven Appelbaum estiment que la crise de la COVID-19 a aussi créé des occasions.

« Les employeurs se rendent compte que s’ils n’offrent pas la possibilité du télétravail à leur personnel, ils ne seront pas en mesure de bâtir les talents dans l’ensemble de leur organisation », conclut Mme Emadi-Mahabadi. « C’est ce que nous voyons avec la Grande démission. Les gens découvrent qu’ils ont des choix, et ils gravitent vers des milieux de travail qui se montrent plus compréhensifs à l’égard de leurs expériences quotidiennes. »

 

Lisez l’article cité : Gender Parity in The Workplace: How COVID-19 Has Affected Women.



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