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Une équipe de recherche de Concordia cerne des tendances et des indicateurs liés au respect de la distanciation physique

L’âge, le niveau d’instruction et la situation d’emploi comptent parmi les facteurs qui rendent certaines personnes plus enclines que d’autres à respecter les exigences de santé publique, selon la doctorante Sasha MacNeil
8 février 2022
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Man and woman socially distancing

Les réactions à la pandémie de COVID-19 sont diverses. Mépris des recommandations sanitaires, respect variable des directives de sécurité, contournement des règles d’isolement. Ces comportements ont d’abord été observés durant la première vague, au printemps 2020, et ont continué toute l’année. Heureusement, au moins 50 % de la population québécoise a observé à la lettre les directives de distanciation physique du gouvernement provincial.

Une étude récemment publiée et menée par une équipe de recherche de Concordia dresse le portrait des personnes ayant respecté les directives de distanciation physique en tout temps, jamais et à l’occasion.

« Nous voulions connaître les tendances liées au respect de la distanciation physique, explique Sasha MacNeil, bénéficiaire de la bourse Vanier et candidate au doctorat en psychologie clinique. Notre objectif était de découvrir si des différences entre les croyances de différents groupes sur la pandémie et la distanciation physique pouvaient expliquer le respect ou non des mesures sanitaires au fil du temps.

Sasha MacNeil Sasha MacNeil : « Les messages de santé publique peuvent souligner l’importance prosociale des comportements pour favoriser l’observation des règlements. »

Première phase de l’étude

L’étude longitudinale a été menée en trois phases durant la première année de la pandémie. Les chercheurs ont recruté une cohorte de 1 003 adultes représentatifs de la population du Québec en ce qui a trait à l’âge, au sexe et au lieu de résidence (urbain ou rural).

Ils ont recueilli des données sur trois périodes : entre le 7 et le 15 avril (peu après l’annonce des premières directives de distanciation physique), entre le 19 mai et le 7 juin (durant le léger relâchement des mesures après la baisse des infections de la première vague) et entre le 28 septembre et le 18 octobre (au début de la deuxième vague). Environ les deux tiers des participants ont renvoyé des données durant les trois périodes et répondu aux questions sur leurs caractéristiques démographiques, leurs croyances sur la pandémie, l’utilité de la distanciation physique et leurs comportements en matière de distanciation. Les chercheurs ont utilisé une modélisation des trajectoires par groupe pour diviser l’échantillon en sous-groupes en fonction de leur niveau d’observation des consignes sanitaires.

Leurs découvertes, publiées dans la revue Psychology & Health, révèlent quatre trajectoires distinctes de distanciation physique suivies par les répondants au questionnaire en ligne. Le premier groupe en importance est constitué des répondants ayant suivi les consignes tout au long de la période de l’étude. Ce groupe à « observation élevée » est constitué d’environ la moitié des répondants.

Le deuxième groupe en importance, le groupe de l’« opposition lente », est composé de 32 % des répondants. Chez ces derniers, l’observation des mesures sanitaires a décliné graduellement après une très forte observation au début de la pandémie. Ces participants ont toutefois assez bien respecté les mesures en général. Le groupe à « observation fluctuante » est composé de 10 % des répondants. Le comportement de ces répondants a changé de façon spectaculaire de la fin de la première vague (où ils ont complètement arrêté de suivre les mesures) au début de la deuxième vague (où ils ont recommencé à les suivre à la lettre). Et le dernier groupe, le groupe de l’« opposition rapide », est composé des répondants qui ont rapidement arrêté de suivre les mesures sanitaires (8 %).

« Nous pouvons aider les gens à surmonter les obstacles et à devenir plus efficaces »

Selon l’équipe de recherche, certaines croyances étaient communes aux trois groupes qui respectaient moins les consignes : une moins bonne perception de son efficacité, c’est-à-dire que ces personnes croyaient ne pas pouvoir suivre les directives établies; des obstacles plus grands, c’est-à-dire que les exigences imposées représentaient un fardeau trop lourd dans leur quotidien; et une attitude prosociale moins positive, c’est-à-dire qu’ils ne ressentaient pas particulièrement un sentiment du devoir citoyen ou moral les incitant à suivre les directives de distanciation physique et ne croyaient pas que ces comportements aidaient à protéger les autres.

« Loin d’affirmer que les personnes qui ne respectent pas les règles sont négligentes ou anticonformistes, nous remarquons cependant qu’elles semblent rencontrer des obstacles plus importants au respect des normes et n’évaluent pas l’utilité de la distanciation physique de la même façon que les autres », explique Mme MacNeil.

« La bonne nouvelle, c’est que ces croyances peuvent être abordées lors d’interventions de la santé publique, poursuit-elle. Nous pouvons aider les gens à surmonter les obstacles et à devenir plus efficaces dans un contexte de pandémie. Et les messages de santé publique peuvent souligner l’importance prosociale de ces comportements pour favoriser l’observation des règlements. Ces croyances pourraient aussi avoir des répercussions sur les taux de vaccination et le respect d’autres directives de santé publique lors de prochaines vagues ou de pandémies futures, mais d’autres recherches sont nécessaires pour évaluer cette possibilité. »

Lisez l’article cité : « Group-based trajectories and predictors of adherence to physical distancing during the COVID-19 pandemic »

Cette recherche a été financée par une subvention du Réseau québécois de recherche sur le suicide, les troubles de l'humeur et les troubles associés et par une chaire de recherche du Canada accordée à Jean-Philippe Gouin.

 



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