Des œuvres qui existent hors des tendances
L’exposition en soi consiste en un recueil éclectique de rapports, d’écrits et de documents éphémères comme des cartes postales et des affiches ainsi que des revues, des monographies et des livres.
« Tous les documents sont des traces de l’existence d’artistes noirs qui ont travaillé, ou de personnes qui ont écrit à leur sujet, note la professeure. J’ai essayé de brosser le portrait de la situation en remontant le plus loin que me le permettent les archives, afin de saisir qui faisait quoi, qui écrivait quoi, et qui exposait quoi dans diverses régions du pays. »
Les documents révèlent ce que Joana Joachim appelle les « crues et décrues de l’intérêt pour l’art canadien noir du point de vue des établissements », ou encore ces « petites anomalies temporelles » – phrase empruntée à la commissaire et chercheuse canadienne Andrea Fatona pour décrire les moments où la diversité est célébrée et où les œuvres des artistes noirs sont mises en lumière.
« Durant ces périodes, c’est comme s’il y avait eu un essor dans la production culturelle, mais en réalité, ce n’est pas tant qu’il y avait une plus grande quantité d’art ou un plus grand nombre d’artistes plus prolifiques. Il y avait juste davantage de visibilité », souligne Mme Joachim.
La professeure n’a pas oublié les artistes dont les œuvres ont été ignorées. Pour accompagner l’exposition physique, elle a ainsi conçu un volet complémentaire en ligne composé d’annotations ainsi que de liens et de vidéos supplémentaires qui dirigent le public en dehors de la collection d’Artexte. « Ce complément comble le fossé et montre d’autres projets et productions culturelles qui ont existé, mais qui n’ont pas été consignés dans les archives. Je l’ai créé pour que les gens commencent à fouiller et à retrouver ces œuvres, de même qu’à les voir d’un point de vue critique. »