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La pensée catastrophiste peut accroître la douleur, selon des mesures cardiovasculaires réalisées dans une étude de Concordia

Les participants qui affichaient une plus grande appréhension envers le test de l’eau glacée avaient une fréquence cardiaque et une pression artérielle élevées.
25 janvier 2022
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Sitting man participates in ice bath experiment

La capacité à composer avec la douleur varie selon chaque personne. Ce qui est quelque peu douloureux pour certains peut être agonisant pour d’autres, même si la cause du malaise est la même.

Il s’agit du sujet du nouvel article publié par une équipe de recherche de Concordia dans la revue Applied Psychophysiology and Biofeedback. L’article examine le degré de douleur ressenti chez les participants quand ils ont immergé leur main dans une eau glacée, ainsi que la relation entre la douleur éprouvée, la fréquence cardiaque et la pression artérielle.

Les chercheurs ont observé que les participants ayant une pensée catastrophiste – un penchant négatif envers la douleur et une tendance à amplifier la sensation de douleur – ont signalé des degrés de douleur plus élevés que les autres. Ils ont aussi vécu des changements plus prononcés dans les mesures cardiovasculaires que ceux qui n’avaient pas ce type de pensée, même si la température de l’eau était constante pendant toute l’étude.

« Les personnes qui ont une pensée catastrophiste envers la douleur éprouvaient une réponse physiologique à la douleur, même si le stimulus était le même pour tous les participants », expose Geoffrey Dover, professeur agrégé au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée et auteur responsable de la supervision de l’article. 

Geoff Dover, Professor, HKAP Geoffrey Dover : « Nous avons observé que la pensée catastrophiste exerce une incidence sur le degré de douleur éprouvée, non seulement par sa perception, mais aussi de façon physiologique. »

Toutes les douleurs ne s’équivalent pas

Les chercheurs ont effectué des épreuves au froid individuelles avec 24 personnes en bonne santé. La méthode d’essai était uniforme pour tous les participants, y compris en ce qui concerne la température de l’eau glacée utilisée pour l’épreuve à froid. Au cours du test, les participants ont situé leur degré de douleur sur une échelle de 0 à 10 pendant que leurs mesures cardiovasculaires étaient surveillées en continu par une analyse du pouls de leur doigt.

Le jour du test, les participants sont arrivés en avance de 45 minutes dans la salle de consultation, où on leur a installé un capteur au doigt afin de prendre des mesures cardiovasculaires de référence. Ils ont ensuite rempli une échelle de douleur liée à la pensée catastrophiste. Celle-ci comprenait une auto-évaluation de 13 questions catégorisées en trois sous-échelles : la rumination, qui évalue le degré d’inquiétude qu’une douleur potentielle suscite chez un individu; l’amplification, qui décrit l’exagération de la sévérité d’une situation douloureuse; et le sentiment d’impuissance, qui mesure le sentiment d’incapacité à gérer une situation douloureuse. Les réponses ont aidé les chercheurs à déterminer le degré de douleur liée aux pensées catastrophistes de chaque individu. Les chercheurs ont aussi effectué deux essais normalisés afin de mesurer le degré d’inquiétude individuel.

Le bassin d’eau était apporté dans la salle de consultation deux minutes avant le test. (Les données cardiovasculaires recueillies pendant cette période ont été écartées en raison de l’augmentation du degré d’inquiétude et d’appréhension.) Les participants ont plongé leur main dans l’eau pendant trois minutes, puis l’ont enveloppée dans une serviette et sont restés assis calmement pendant 10 minutes. Quand leur main a repris une couleur normale et qu’ils ne ressentaient plus de douleur résiduelle, les participants ont pu partir.

« Nous avons observé que la pensée catastrophiste exerce une incidence sur le degré de douleur éprouvée, non seulement par sa perception, mais aussi physiologiquement, explique M. Dover. C’est une chose quand la personne dit qu’elle ressent beaucoup de douleur, mais quand il y a un changement considérable dans la fréquence cardiaque et la pression artérielle, on conclut qu’elle éprouve réellement une plus grande douleur. »

Selon les chercheurs, cette nouvelle découverte permet de mieux comprendre la psychologie de la réponse à la douleur. Elle pourrait être utile dans certains secteurs, comme la médecine dentaire, pour créer des profils des patients devant subir des interventions complexes, comme le traitement de canal.

Gabriel Kakon (M. Sc. 2019) et Amir-Arshiya Kaffash Mohamadi sont les auteurs principaux de l’étude. Natalie Levtova, Meagane Maurice-Ventouris, Emilie-Anne Benoit, Florian Chouchou et Peter Darlington, professeur agrégé en santé, kinésiologie et physiologie appliquée, sont les coauteurs.

L’étude a été partiellement financée par une subvention à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

Découvrez l’article cité : « Elevated Heart Rate and Pain During a Cold Pressor Test Correlates to Pain Catastrophizing. »



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