Mesures locales, constat mondial
« Nous n’avons pas été surpris d’observer que la plupart des stratégies d’adaptation documentées sont menées à l’échelle des individus, des ménages ou des autorités municipales et, par conséquent, sont de caractère éminemment local », fait observer la Pre Lesnikowski. « Ce constat traduit cependant l’émergence d’un déséquilibre, où beaucoup de mesures sont entreprises à l’échelle locale, mais très peu à l’échelle régionale ou nationale. Nous avons par ailleurs été à même de constater la rareté des travaux de recherche menés dans le secteur privé à propos de l’adaptation. »
À l’image des clivages observés entre hémisphère nord et hémisphère sud, entre riches et pauvres, ou encore, entre milieux ruraux et urbains, les auteurs ont noté que les mesures et les techniques d’adaptation varient grandement selon les régions. En Europe et en Amérique du Nord, souligne la Pre Lesnikowski, les efforts déployés dans le domaine sont surtout axés sur l’infrastructure et la technologie, tandis qu’en Afrique et en Asie, l’adaptation revêt un aspect plus comportemental et culturel.
Toujours selon l’étude, bien que de nombreuses sociétés adoptent une certaine forme de comportement adaptatif en réponse aux changements climatiques, l’efficacité de telles actions reste à démontrer.
« Moins de deux pour cent des articles que nous avons analysés contiennent suffisamment de données empiriques pour permettre de déterminer si les stratégies d’adaptation adoptées ont contribué ou non à réduire les principaux risques [que posent les changements climatiques] », poursuit la Pre Lesnikowski. Certes, les articles examinés semblaient indiquer l’existence d’un lien entre adaptation et atténuation, notamment en ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre. Toutefois, les recherches sur la réduction des risques globaux demeurent limitées – à savoir, par exemple, si les pratiques de gestion du risque ou les normes en matière d’infrastructure contribuent à réduire les conséquences néfastes des phénomènes météorologiques extrêmes.
« Il existe une énorme zone grise dans notre compréhension empirique de l’adaptation et de ce à quoi elle est censée servir à différents endroits dans le monde. En effet, ce qui fonctionne dans une situation ne fonctionnera pas nécessairement dans une autre. »
Les auteurs ont par ailleurs observé peu de cas d’adaptation transformationnelle, c’est-à-dire de profonds changements structuraux ayant une incidence marquée sur l’exposition aux risques ou la vulnérabilité sociale. Il s’agit ordinairement d’initiatives majeures, comme le retrait de communautés entières de zones à risque élevé ou un changement radical dans les pratiques agricoles. Le caractère relativement modeste des progrès réalisés à ce jour inquiète la Pre Lesnikowski et ses collègues.
« Continuer à agir ainsi, comme si de rien n’était, nous amène à nous demander si nos approches actuelles en matière d’adaptation seront suffisantes pour composer avec les risques et la vulnérabilité sociale, lesquels croîtront sans cesse à mesure que le réchauffement climatique s’accentuera », conclut-elle.
Lisez l’article cité (en anglais) : A systematic global stocktake of evidence on human adaptation to climate change.