Un élan pour les étoiles montantes
Les travaux de recherche de Mme Gorji ont commencé avec l’élaboration d’une vaste base de données des personnalités et des couples de l’industrie cinématographique qui remonte aux débuts du septième art à la fin du 19e siècle. Pour les besoins de cette étude, l’analyse se limite à quelque 1 200 couples actifs entre 1970 (vers la fin de l’ère du studio system, dominée par les grands studios, et le début d’une décentralisation de l’industrie hollywoodienne au profit de studios indépendants) et 2010. Ces sujets devaient être des membres importants de l’équipe de tournage, devant ou derrière la caméra, et jouir d’une carrière bien établie dans les années précédant leur mariage.
Compte tenu de la hiérarchie propre à l’industrie étudiée, les chercheurs ont désigné un partenaire comme étant commanditaire et l’autre comme bénéficiaire : un membre du couple se sert de son influence pour soutenir la carrière de son partenaire. Au sein d’une industrie fidèle à sa réputation de domination masculine, les partenaires commanditaires étaient surtout des hommes, et les bénéficiaires des femmes.
Pour déterminer les effets du mariage sur la carrière des sujets, les chercheurs ont étudié les données des cinq années antérieures à leur union et des trois années suivantes. Ils ont également analysé leur trajectoire de carrière, ou bien une ascension des rôles d’interprète vers la production ou la réalisation, ou bien une régression de la production ou de la réalisation vers les seuls rôles d’interprète, d’auteur ou autres, ou encore une stabilité dans leurs rôles trois ans après leur mariage.
Des facteurs comme l’âge au moment du mariage, le sexe et l’expérience au sein de l’industrie ont été pris en compte dans l’analyse des données. Le rôle du bénéficiaire avant le mariage, la façon dont le mariage s’était conclu, le cas échéant (séparation, divorce ou décès) et les Oscars remportés avant le mariage ont également été pris en compte.
Plus de contrats grâce aux réseaux fermés
Les chercheurs ont déterminé que la taille du réseau professionnel de son partenaire influait sur le nombre de rôles décrochés par le membre bénéficiaire. Cet avantage était plus marqué lorsqu’il donnait accès à un réseau fermé plutôt que transparent et ouvert.
« Souvent, les producteurs de contenu vont travailler ensemble de manière récurrente, explique M. Carney. C’est un genre d’équipe permanente. Sans l’avoir expressément cherché, nous avons découvert qu’il était plus utile d’avoir accès à des cliques ou à des groupes relativement fermés que d’entrer en relation avec un grand nombre de gens. »
Ils ont aussi noté que les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de devenir réalisateurs et producteurs après leur mariage. Les chercheurs ajoutent que rien n’indique que les femmes sont plus avantagées par leur mariage que les hommes lorsqu’il s’agit de se hisser dans la hiérarchie vers la production ou la réalisation.
« Cet article est important parce qu’il présente l’idée de la famille hybride, explique Mme Gorji. Les couples poursuivent des activités similaires, mais ne possèdent pas d’entreprise. Et ils s’entraident pour décrocher des contrats. Leurs réseaux les aident à obtenir ces contrats, mais pas nécessairement à grimper dans la hiérarchie. »
Lire l’article cité : « Celebrity Couples as Business Families: A Social Network Perspective » (Le couple célèbre, une famille d’affaires : une analyse au prisme du réseau social).