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Des chercheurs de Concordia confirment la présence du léopard d’Afrique dans le sud-ouest du Cameroun

Passé inaperçu depuis 20 ans, le superprédateur semblait avoir disparu de la zone de conservation Campo-Ma’an
28 juillet 2021
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African leopard
Photo par David Clode via Unsplash

Une équipe de recherche dirigée par Concordia a révélé une preuve directe de la présence du léopard d’Afrique dans la zone de conservation Campo Ma’an du sud du Cameroun pour la première fois depuis plus de 20 ans.

Le léopard adulte a été photographié par des caméras dotées de détecteurs de mouvement que les chercheurs ont placées dans la zone de conservation à l’été 2019, dans le cadre d’une autre étude non reliée. On croyait les léopards disparus de la zone, autrefois considérée comme un repaire pour cette espèce. La dernière observation directe du léopard (Panthera pardus pardus) remonte à l’an 2000.

L’étudiant au doctorat Isaac Blaise Djoko a mené la recherche sous la supervision de Robert Weladji, professeur de biologie à la Faculté des arts et des sciences. Alys Granados, chercheuse postdoctorale à l’Université de la Colombie-Britannique, et Patrick Paré, directeur, Conservation et Recherche au Zoo de Granby, sont les coauteurs. Leur découverte a été publiée dans la revue CATnews.

Man with glasses and blue and red shirt standing outside Robert Weladji: « Il y a de l’activité humaine à l’extérieur du parc et ce léopard rôde près des villages. Le léopard est à risque, mais les humains aussi. »

Encourageant, mais aussi inquiétant

Le but des chercheurs n’était pas de trouver des léopards. La découverte surprise a eu lieu dans le cadre d’un projet de suivi d’éléphants utilisant 19 pièges photographiques dispersés stratégiquement dans la zone de conservation. Un léopard a été repéré au bout de deux mois à peine, mais aucune autre image n’a été captée lors des 10 mois suivants et à ce jour.

Bien que la découverte soit passionnante, M. Weladji mentionne toutefois qu’elle suggère quelque chose de plus problématique à propos des efforts de conservation au Cameroun.

« La caméra qui a capté l’image est en fait à l’extérieur du parc national Campo-Ma’an, » explique-t-il. Selon lui, la présence du léopard au-delà de la zone protégée suggère peut-être que les animaux ne trouvent pas assez de proies à l’intérieur, qu’ils ne sont pas autant en sécurité qu’ils devraient l’être et que leur habitat pourrait s’étendre bien au-delà des frontières du parc national.

« Cela signifie aussi que les léopards sont plus exposés qu’on le pense. Il y a de l’activité humaine à l’extérieur du parc et ce léopard rôde près des villages. Le léopard est à risque, mais les humains aussi. Après tout, c’est un grand prédateur. »

Dans les questionnaires que les chercheurs ont remis aux résidents de 11 villages à proximité, 65 % ont rapporté des problèmes avec les léopards et plus de 38 % les ont tenus responsables des attaques de bétail. En raison de la réduction de l’habitat naturel des proies traditionnelles du léopard, M. Weladji soutient que le superprédateur va naturellement se diriger vers des zones où la nourriture est facilement accessible.

Léopard d'Afrique photographié au Cameroun Détail de la photo du léopard d'Afrique par Robert Weladji

Une des nombreuses espèces à risque

Le léopard d’Afrique est classé « vulnérable » sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Bien que le félin puisse survivre dans une variété d’environnements, sa population générale décroît, principalement en raison de l’empiétement humain et de la perte d’habitat, du manque de proies et du braconnage. La zone du sud-ouest du Cameroun étudiée par M. Weladji et son équipe connaît une transformation considérable; on y prévoit notamment la construction d’un barrage et d’un port. L’industrie agroalimentaire joue également un rôle important, en particulier l’industrie de l’huile de palme qui exige le déboisement de 60 000 hectares de forêt.

La biodiversité de la zone de conservation Campo-Ma’an est riche, mais subit une pression considérable. La région abrite des gorilles des plaines de l’Ouest, des éléphants de forêt, des chimpanzés, des pangolins géants, des mandrills et des buffles de forêt d’Afrique, tous considérés à risque d’empiétement humain et de braconnage.

Sur les 29 000 photos prises par les caméras de l’équipe entre mai 2019 et août 2020, seulement trois montraient un léopard. Les photos d’humains, dont certains braconniers, étaient beaucoup plus fréquentes.

« Notre seul moyen de progresser est d’intensifier le programme de pièges photographiques, affirme M. Weladji. Grâce à une subvention de Concordia pour l’achat d’équipement, 50 caméras de plus vont être installées dans la région à compter de novembre. Nous espérons capter plus d’images de léopards et d’autres espèces menacées. »

Les caméras supplémentaires devraient donner une idée plus précise du nombre de léopards restants dans la zone et inspirer de nouveaux efforts de conservation à l’échelle locale.

Lire l’article cité (en anglais seulement) : « First direct leopard evidence in 20 years in Campo-Ma’an conservation area, Cameroon

Premières preuves en 20 ans de la présence de léopards au Parc national de Campo-Ma’an


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