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Les cratères lunaires, source d’inspiration de l’art scientifique d’une chercheuse de Concordia

La chercheuse engagée Bettina Forget utilise l’impression 3D pour reproduire la topographie lunaire et promouvoir la représentation des femmes en STIM
13 avril 2021
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Model moon crater imprinted in sand
One Small Step (Maunder Crater), test de prototype, image numérique, 2019. Courtoisie Bettina Forget

Pour un grand nombre de femmes souhaitant faire carrière en science, en technologie, en ingénierie et en mathématiques (STIM), ce milieu est encore masculin. Ici sur Terre, mais aussi sur la Lune.

Bettina Forget est chercheuse engagée et doctorante en éducation artistique à la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia. Elle étudie les façons de combiner les arts et les sciences afin d’encourager les femmes à s’intéresser aux domaines des STIM. L’un de ces domaines est l’astronomie, autre discipline fortement dominée par les hommes et dont les pionniers avaient le privilège de pouvoir donner leur nom à leurs découvertes. Cela explique pourquoi un très petit nombre d’objets célestes portent un nom de femme.

Par exemple, des 1 578 cratères nommés et répertoriés sur la Lune, seuls 32 – tout juste 2 % – portent un nom de femme. Et la moitié de ceux-ci se trouvent sur la face cachée.

La Pre Forget s’est inspirée de cette disparité pour créer deux projets artistiques connexes, Women With Impact et One Small Step, au sujet desquels elle a récemment publié un article dans la revue Leonardo. Commencée en 2016, Women With Impact est une série d’illustrations réalisées à la main et représentant ces 32 cratères lunaires. Jusqu’à récemment, cette œuvre était exposée au Planétarium de Montréal. Bettina Forget a amorcé sa démarche en examinant chacun des cratères à l’aide de son télescope, puis l’a terminée au moyen de photos à haute résolution du paysage lunaire prises par l’engin spatial robotisé Lunar Reconnaissance Orbiter.

« C’est ici que la science et l’esthétique se chevauchent, explique-t-elle. L’engin photographie les cratères lors de plusieurs passages; l’ombre est donc différente chaque fois. J’ai pu ajouter mon interprétation et souligner les caractéristiques de chaque cratère. L’œuvre finie ressemble à un portrait de famille. »

Blonde woman with glasses, pink jacket, white shirt Bettina Forget : « Un cratère est un vide qui représente l’absence des femmes dans les domaines des STIM. »

Remplir les trous

Son second projet, One Small Step, transforme les cratères en objets concrets. La chercheuse a utilisé son imprimante 3D pour créer des répliques miniatures des cratères, chacune assez petite pour tenir sur une semelle de chaussure.

Sa démarche consiste ensuite à demander à des chercheuses de fixer les cratères sous leurs chaussures et de participer à une marche méditative au cours de laquelle elles laisseraient des traces de cratères imprimées dans le sol derrière elles. Chaque participante recevrait des instructions et une liste de questions sur lesquelles méditer et, à l’aide de photos et de vidéos, devrait documenter sa marche et les traces de cratères imprimées dans le sol. La chercheuse est astronome amateur, une artiste travaillant dans le domaine de l’astrobiologie, ancienne membre du conseil d’administration de la Société royale d’astronomie du Canada et directrice du programme d’artistes en résidence du SETI Institute. Elle prévoit entreprendre des démarches auprès de femmes travaillant dans les domaines de l’astrobiologie, des exoplanètes et de la recherche d’intelligences extraterrestres.

« J’aime l’idée de pouvoir tenir un cratère. Un cratère est un vide qui représente l’absence des femmes dans les domaines des STIM. Mais il comporte aussi un petit côté ludique. Le titre, One Small Step, est une allusion à la célèbre phrase de Neil Armstrong », explique-t-elle, ajoutant qu’aucune femme n’a encore mis les pieds sur la Lune.

Équité spatiale

« Quand je parle de mon projet, les gens expriment la plus forte réaction lorsqu’ils apprennent que seulement 2 % des cratères lunaires portent un nom de femme, fait-elle remarquer. On n’y pense pas, mais combien de rues sont nommées en l’honneur de femmes dans nos quartiers? Combien de parcs? Combien de monuments? Environ 2 %, là aussi. »

Selon La Pre Forget, la Lune ne reflète pas seulement la lumière du Soleil.

« Elle reflète également nos aspirations, nos idées et nos comportements. Et pour le moment, tout cela se conjugue au masculin. Les femmes doivent s’imposer. »

Lire l’article cité (en anglais seulement) : « Women With Impact: Taking One Small Step into the Universe ».



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